Dans cet article, nous allons remonter le temps de vie d’une culture de champignons, de sa mort, enfin disons de sa récolte, jusqu’au moment de sa naissance où l’embryon mycélien est prélever du froid de la mycothèque. On va parler ici de culture controlée. À travers cette chronologie inversée de la culture des champignons, vous pourrez vous rendre compte, concrètement, de combien de temps vous aurez besoin pour faire pousser des champignons. Et enfin, je vous donnerais également des éléments qui vont varier la vitesse de nos cultures fongiques.
Les différents itinéraires techniques
Tout le monde ne cultive pas les champignons de la même manière. Certains myciculteurs font naître une culture avec du mycélium sur grain, d’autres à partir d’un kit de culture, et d’autres encore, depuis leur mycothèque.
Donc pour ne laisser personne de côté, je prendrais en compte tous les grands chemins de traverse qu’il existe pour réaliser une culture de champignons.
Du substrat de fructification au champignon mature
Commençons avec le plus simple. Enfin cela dépend des champignons ! Mais généralement lorsque vous recevez un kit de culture prêt à fructifier ou bien que votre substrat de fructification est entièrement colonisé, vous pouvez le passer en fructification.
Une fois mis dans les conditions environnementales favorables, le mycélium va peu à peu se transformer en primordias, puis en champignon mature.
Le temps de fructification peut être séparé en 2 temps :
- Le temps d’initiation ( ou d’apparition) des primordias
- Et le temps de maturation des champignons.
Le temps d’initiation des primordias
C’est le temps nécessaire pour observer les premiers bébés champignons, une fois le mycélium placé dans un environnement propre à sa fructification.
Une fois mis en conditions environnementales favorables, le champignon a besoin d’un peu de temps d’adaptation, notamment pour que le bloc de mycélium puisse se mettre à bonne température, c’est-à -dire à la température atmosphérique.
Par exemple les blocs qui sortent d’incubation à 21°C ou besoin de 12 à 24h pour descendre à 15°C.
Puis le champignon a encore besoin de temps pour ressentir les effets physiologie de ce changement de température, mais aussi d’humidité, de lumière, etc. Cette phase lui permet de modifier sa fonction végétative pour passer en fonction fructificatrice.
Cette période de latence est extrêmement variable en fonction des espèces ! Voici quelques données pour savoir à quoi vous attendre :
- Des champignons à latence courte, comme les diverses variétés de pleurotes, les hydnes hérissons ou bien les shiitakés ont une période de latence primordiale comprise entre 3 et 7 jours environ.
- Ensuite, avec les champignons à latence moyenne, représentée par les pholiotes, avec le naméko, le pioppino et le champignon châtaigne, vous pouvez vous attendre à une période de 7 à 14 jours avant de voir apparaitre les premiers primordias.
- Et enfin, dans les champignons à latence longue, nous trouvons les polypores, comme le réishi ou la tramète versicolor. Vous devrez attendre de 15 à 30 jours pour voir apparaitre leurs primordias.
Le temps de maturation des champignons
Le temps de maturation, c’est vraiment le laps de temps durant lequel les primordias apparaissent jusqu’au moment où les champignons sont mûrs et prêts à fructifier.
Comme pour le temps nécessaire à l’apparition des primordias, la période de maturation varie en fonction des espèces de champignons et l’on distingue 2 grandes catégories :
- Les champignons à maturation rapide comprennent les pleurotes, les crinières de lion, les pholiotes, les agarics, etc. En faite, tous les champignons qui sont relativement « mous » au toucher. Leur temps de maturation varie entre 4 et 8 jours environ.
- Ensuite, on a les champignons à maturation lente, comme le réishi, la tramète versicolor ou encore le maitaké. Ce sont des champignons appartenant à la famille des polyporaceae. Ils contiennent généralement beaucoup de matière sèche, ils sont donc plus fermes et mettent plus de temps à se former. Compter entre 14 à 70 jours pour une maturation complète.
Les temps d’apparition des primordias et de fructification sont généralement accélérés par un apport d’azote dans les substrats. Un substrat brut fructifiera donc un peu moins vite d’un substrat supplémenté.
Pour conclure cette première partie, le temps de fructification total d’un champignon, de sa mise en chambre de culture, jusqu’à sa récolte est très variable. Pour exemple, un pleurote gris mettra environ 7 à 12 jours pour être récolté. Alors que pour un réishi, on mettra entre 75 à 90 jours.
À présent, remontons un peu votre cycle de culture.
Du mycélium sur grain au substrat de fructification
On va donc ici parler, du laps de temps entre le moment où le mycélium sur grain est introduit dans le substrat qui servira pour la fructification, jusqu’au moment où ce substrat sera vraiment près à aller en chambre de culture pour produire.
En effet, je parle donc ici du temps d’incubation. C’est le temps qu’il faut au mycélium pour coloniser tout le volume du substrat et pour être prêt à passer en phase de fructification.
Attention, ce n’est pas parce que votre mycélium a complètement blanchi le substrat qu’il est temps de passer en fructification. Il faut parfois encore un peu de temps, au chaud dans l’incubation, à certaines espèces, leur permettant de prédigérer la nourriture.
VoilĂ comment on pourrait classer les espèces en termes d’incubation :
- On trouve les espèces à colonisation rapide, comme les espèces de pleurotes, les hydnes et les pholiotes. Ce sont des champignons agressifs et ils sont très rapides pour s’installer dans le substrat, généralement entre 10 à 14 jours.
- On a ensuite les champignons à colonisation moyenne, avec les polypores et la pholiote du peuplier, qui est quand même, de mon expérience, plus lente que le naméko ou le champignon châtaigne. Ce type de champignon met un peu plus de temps à être près à passer en fructification, bien que les polypores soient extrêmement rapides à se propager sur le substrat, il leur faut par la suite plus de temps pour prédigérée la matière. Compter entre 20 et 30 jours pour obtenir un mycélium mature.
- Enfin, nous avons les champignons à colonisation lente, avec le champignon de Paris et le champignon du soleil, en faite de manière générale les champignons de compost. On trouve également le shiitaké dans cette catégorie, c’est un des champignons les plus longs durant la phase de colonisation. Pour cette catégorie, comptez entre 30 à 70 jours pour la colonisation.
Les temps de colonisation sont donc également très variables. De l’ensemencement à la récolte des fruits, pour des pleurotes roses compter entre 9 et 14 jours seulement ! À l’autre extrémité de l’échelle, du lardage du mycélium jusqu’à la récolte, il faut pour le réishi compter une durée totale de 110 jours.
Le temps total d’incubation va également dépendre de la température d’incubation. Pour faire simple, chaque champignon à une fourchette de température, plus le substrat est proche de l’optimal, plus la colonisation sera rapide.
Un point sur la maturation des sclérotes
Avant de passer à la suite, j’aimerais vous faire un point sur les sclérotes. Certains champignons forment ce que l’on appelle des sclérotes. Ce sont des structures souterraines, très souvent à fonction de réserve qui se forme avant l’apparition des primordias.
Je vous en parle maintenant, car dans la temporalité, ce type de formation intervient après la colonisation totale du substrat de fructification, mais en absence de lumière et d’apport d’air et donc avant la fructification.
Par exemple, vous avez Pleurotus tuber-regium qui forme des sclérotes à vertus médicinales ou encore la morille qui s’en sert comme structure de résistance pour passer l’hiver.
L’apparition de ces structures est très longue. Si vous cultivez un champignon qui possède des sclĂ©rotes, vous pouvez compter entre 30 Ă 90 jours de plus avant de les passer en phase de fructification.
De la culture liquide au grain
Ici, on est encore sur une phase de colonisation. C’est le laps de temps qu’il faut au grain pour être totalement colonisé par une culture liquide de mycélium.
Vous pouvez compter entre 10 et 20 jours pour un grain correctement ensemencé. Ici, on ne cherche pas à ce que le mycélium s’installe et digère complètement le grain. Au contraire, on cherche à ce qu’il reste en phase de division active, donc il passe peu de temps sur grain.
Globalement, sur cette phase et les phases suivantes on observe peu de différence de rapidité entre les souches de champignons, même si les caractéristiques propres à la vitesse de colonisation de chaque espèce restent observables. Par exemple, les polypores coloniseront les grains en moins de 10 jours généralement.
Le temps de colonisation va dépendre de la bonne cuisson du grain, mais surtout de la quantité de culture liquide. Si vous mettez 5 mL dans 1L de grain, la colonisation sera très longue, alors que si vous en mettez 30 mL, vous obtiendrez un substrat de grain prêt rapidement.
De la gélose à la culture liquide
À présent, étudions le temps qu’il faut à un morceau de gélose mycélien pour colonisé totalement une culture liquide.
Sur cette autre phase de colonisation, la vitesse de propagation des mycéliums est également peu variable en fonction des espèces. Ici, compter entre 7 et 14 jours pour que vos cultures liquides mères soient prêtent à être utilisé.
Le temps total de colonisation dépendra notamment de l’oxygénation et de la fragmentation de vos cultures liquides. Plus elles sont remuées régulièrement, plus le taux d’oxygène est élevé, plus le mycélium est fragmenté, et donc plus son développement est rapide.
De la mycothèque Ă la gĂ©lose d’agar
Alors pour remettre du contexte, la mycothèque c’est une bibliothèque de toutes vos souches de champignons que vous conservez précieusement chez vous. C’est de là que l’on prélève les espèces de champignons pour les mettre en culture.
La mycothèque étant conservée dans le froid, lorsque vous ensemencez votre gélose et que vous la mettez en incubation, il faut parfois une petite latence de 1 à 3 jours pour que la souche se remette de ces émotions.
Une fois remise sur pied, il lui faudra environ 4 à 7 jours pour coloniser la totalité de la gélose. Comme pour le grain et la culture liquide, le temps de colonisation est assez peu variable, mis à part pour les polypores et la morille qui peuvent avoir parcouru vos géloses en 3 jours seulement !
Le temps total de colonisation de la gélose va donc surtout dépendre de la génétique de la souche à rapidement se remettre au travail après une bonne sieste au frais.
Conclusion
Le temps nécessaire pour une culture de champignons, dépends principalement de l’espèce qui est cultivée. À l’extrémité de la fourchette, nous avons le Pleurotus djamor, avec un temps record de 40 jours de la mycothèque jusqu’à la récolte. À l’autre extrémité, on trouve des polypores très longs à produire, comme encore et toujours, le réishi avec 135 jours de culture du laboratoire jusqu’à la cagette de récolte.
N’oubliez donc pas de bien étudier les temps de culture des différentes phases de vos espèces. Ainsi si vous souhaitez des champignons pour une période précise, vous saurez à quelle période commencer votre production !
Merci d’avoir lu cet article sur combien de temps faut-il pour cultiver les champignons. N’hésitez pas à nous laisser un commentaire si vous avez une remarque ou une question. 🙂