Comment fabriquer une culture liquide de mycélium ? [Tutoriel]

Lorsque l’on veut progresser, la culture liquide est une connaissance indispensable du processus de culture des champignons. Une culture liquide est essentiellement un bouillon nutritif où le mycélium, la partie végétative du champignon, peut se développer et se propager. Cette technique offre plusieurs avantages, notamment la rapidité de croissance et la facilité de distribution du mycélium dans le substrat. Dans ce tutoriel, nous vous guiderons étape par étape pour préparer votre propre culture liquide de mycélium.

Le matériel pour fabriquer une culture liquide de mycélium

  • Un flacon en verre à visser : vous pouvez utiliser le bocal basique avec un trou simplement bouché par de la fibre de polyester. Mais je vous conseille d’utiliser plutôt un flacon avec un pore d’injection en silicone et un filtre si vous voulez par la suite directement prélever votre culture liquide avec une seringue sans avoir à l’ouvrir. (Voir la suite de l’article pour la fabrication.
  • Une source de champignon : alors on peut inoculer une culture liquide avec énormément de sources biologiques différentes. Un morceau de sporophore, une gélose ensemencée, du mycélium sur grain ou une autre culture liquide.
  • Une barre d’agitation magnétique ou une pièce de monnaie : Cela permettra de mélanger plus facilement la culture liquide et de sectionner les brins de mycélium lors de l’incubation et de l’ensemencement de vos substrats.
  • Un autoclave ou une cocotte minute : c’est l’appareil qui nous permettra de stériliser le milieu avant l’inoculation de la culture liquide.
  • Une source de sucre : ce sera le carburant de la culture liquide qui va permettre à votre mycélium de pousser.

Le choix de la source de sucre pour la culture liquide

Pour créer un milieu de culture liquide, les dosages de sucre peuvent varier en fonction de la source de sucre utilisée. Voici quelques directives générales pour le dosage de différents types de sucres :

  1. Extrait de malt : Utilisez environ 20 grammes d’extrait de malt pour chaque litre d’eau. Ce dosage est couramment utilisé pour la plupart des variétés de champignons. Cependant, certains champignons peuvent nécessiter des ajustements de dosage. Je vous le conseille en premier, car il contient plusieurs types de sucre : principalement du maltose, puis du glucose et d’autres sucres complexes comme le maltotriose et les dextrines. Votre mycélium aura ainsi de nombres types de sucres à disposition.
  2. Sirop de glucose : Pour le sirop de glucose, utilisez environ 20 à 40 grammes par litre d’eau. Encore une fois, la quantité exacte peut varier en fonction de la variété spécifique de champignon que vous cultivez. De plus, la source la plus simple à trouver de sirop de glucose est le sirop de fruits qui contiennent souvent un mélange de glucose avec du fructose. Attention, tous les champignons ne peuvent pas consommer du fructose.
  3. Miel : Pour le miel, commencez par environ 10 à 20 grammes par litre d’eau. Le miel est plus riche en sucre que les autres sources mentionnées, il faut donc faire attention à ne pas surcharger le milieu de culture. En termes de type de sucre, il contient du glucose et du fructose
  4. Sucre de canne : Si vous utilisez du sucre de canne, un dosage de 20 grammes par litre d’eau est un bon point de départ. Comme d’habitude, il peut être nécessaire d’ajuster ce dosage en fonction des besoins spécifiques de vos champignons. Et attention, tous les champignons ne savent pas métaboliser le saccharose, qui est donc le type de sucre que l’on y trouve.
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Notez que ces dosages sont des points de départ recommandés. Vous devrez peut-être ajuster les quantités en fonction des besoins spécifiques de la variété de champignons que vous cultivez. Vous pouvez utiliser toutes les sources de sucres précédentes, sans crainte, pour les espèces suivantes :

Préparer les flacons pour la culture liquide

Choisissez donc un flacon ou bocal en verre, avec un couvercle en métal possédant un joint en plastique de qualité, qui permettra de conserver une bonne herméticité lorsque le milieu sera stérilisé et ensemencer, pour éviter d’y faire pénétrer des contaminants.

Vous pouvez également utiliser des couvercles en plastique de type polypropylène. Il ne rouille pas, mais ils sont plus complexes à trouver en Europe, au moment où j’écris cette article en tous cas.

Pour réaliser un flacon de culture liquide digne de ce nom, vous aurez besoin d’avoir une aération avec un filtre autocollant, puis d’un pore en silicone, pour pouvoir prélever par la suite, votre culture liquide avec une seringue.

Fabrication d’un couvercle spécifique pour la culture liquide

Réaliser alors 2 trous au diamètre de votre filtre et de votre pore d’injection. Pour ma part, j’utilise une mèche de 13mm en métal. Une fois les deux trous percés, placez 2 filtres hydrophobes autocollants, sur et sous le trou, puis le pore d’injection, et voilà votre bocal est prêt !

Préparation du milieu de culture liquide

Étape 1 : Doser le sucre et l’eau

Premièrement, avec un verre mesureur, versez 250ml d’eau tiède dans le flacon. La chaleur de l’eau permettra d’y dissoudre plus facilement les sucres. Ensuite, ajouter la qualité et quantité de sucre adéquate. Pour ma part, je rajoute 5g d’extrait de malt léger.

On met en moyenne 4% de sucre pure dans l'eau pour créer la CL.
Introduction d’extrait de malt dans de l’eau

Ajouter ensuite une pièce de monnaie ou bien une barre magnétique si vous possédez un agitateur magnétique. Cela permettra d’homogénéiser la culture liquide de mycélium après ensemencement ou bien avant le prélèvement avec une seringue.

S’il reste des résidus au fond du flacon, ce n’est pas grave, le mycélium pourra tout de même l’utiliser.

Étape 2 : Stériliser le milieu

La stérilisation permet de tuer les micro-organismes présents dans le milieu pour éviter qu’ils gênent la future croissance du mycélium. Ici, une pasteurisation ne sera pas efficace, il faut vraiment créer un vide biologique dans le milieu.

Pour préparer les flacons à la stérilisation, je garde le couvercle légèrement dévissé et je le recouvre d’une feuille d’aluminium. Un fond d’eau dans le stérilisateur et c’est parti pour 20 à 25 min en fonction du volume que vous avez. Si vous utilisez une cocotte minute, vous pouvez laisser les milieux stériliser durant environ 35 à 40 minutes.

Ensemencement de la culture liquide

C’est le moment d’ajouter le mycélium à votre milieu de culture liquide. Comme je vous le disais plus haut, vous pouvez ajouter de nombreuses sources biologiques pour inoculer le milieu.

Attention, certaines sources biologiques sont plus risquées que d’autres en terme de contamination. Notamment les inoculations qui demandent d’ouvrir le couvercle de la culture liquide. Donc je vous propose l’inoculation la plus simple à maitriser, à partir d’une autre culture liquide, en seringue.

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La culture liquide stérilisée est un milieu sensible à la contamination au vu de sa composition facile à assimiler pour de nombreux autres micro-organismes, concurrent du mycélium. Nous devons donc travailler dans un environnement propre, notamment si vous prévoyez d’ouvrir le couvercle est d’ensemencement avec un morceau de tissus, de la gélose ou encore du mycélium sur grain !

Pour réaliser l’opération, je vous conseille donc dans l’idéale d’avoir une hotte à flux laminaire, et au minimum un bec Bunsen ou une lampe à alcool pour travailler dans un environnement propre. Pour ma part, je vais vous montrer la manipulation au bec Bunsen.

Une fois que vous avez sorti votre flacon culture liquide du stérilisateur, serrez le bouchon, puis enlever la feuille d’aluminium. Pour ensemencer la culture liquide vierge, commencer d’abord à désinfecter le pore d’injection de votre flacon. Désinfecter également à l’alcool la seringue de mycélium que vous allez utiliser, ainsi que vos mains. Rangez l’alcool et allumez seulement ensuite votre bec Bunsen.

Préparer maintenant votre seringue de culture liquide. Enlevez le capuchon si elle en possède un, puis flambez l’aiguille jusqu’à ce qu’elle soit rouge. Si vous utilisez une hotte à flux laminaire, vous pouvez utiliser un briquet de type tempête. Laisser ensuite refroidir l’aiguille une dizaine de secondes pour ne pas bruler le mycélium à son contact.

Ensuite enfoncer l’aiguille dans le pore à injection de votre culture liquide vierge et vider le contenu de la seringue à l’intérieur.

L'ensemencement de la CL doit se faire dans un environnement propre.
Ensemencement d’une culture liquide de mycélium à l’aide d’une autre culture liquide de mycélium

Vous pouvez à présent étendre le bec Bunsen ou la hotte, ranger le matériel et passer en incubation la culture liquide.

Incubation

Une fois l’ensemencement réalisé, homogénéisez la culture liquide à l’aide de la pièce de monnaie ou bien de la barre métallique et de l’agitateur magnétique durant 1 petite minute.

Ensuite, placez la culture liquide de mycélium en incubation à environ 24°C, dans le noir. Ce sont les conditions idéales pour la propagation de la culture liquide. Vous pouvez réaliser simplement un incubateur en vous inspirant de cet article.

Tous les 2 à 3 jours, faites en sortent d’homogénéiser la culture liquide durant quelques minutes pour fragmenter le mycélium. En effet, naturellement, le mycélium va avoir tendance à créer une seule masse avec toutes ces hyphes, ce qui ne sera par la suite, pas pratique, pour prélever de la culture liquide de manière homogène.

L'incubation ce fait à environ 24°C
Incubation de la culture liquide de mycélium

Au bout de 7 à 14 jours selon l’espèce la culture liquide devrait être prête à être utilisée, vous pouvez également la stocker quelques semaines, voir mois au frigo.

Utiliser sa culture liquide de mycélium

Pour utiliser votre culture liquide toute fraiche, vérifier tous d’abord qu’elle n’est pas contaminée. Nous allons faire un test visuel de turbidimétrie. Il s’agit simplement d’observer le trouble de la solution pour savoir si elle est contaminée. Observez votre solution au repos, et non pas après l’avoir homogénéisé bien entendu.

Une solution trouble est très probablement contaminée par des bactéries. Le trouble est dû à ces micro-organismes en suspension dans l’eau. Si c’est le cas, n’utilisez pas cette culture liquide au risque de contaminer tous les substrats que vous ensemencerez avec.

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Une solution claire est signe de bonne santé. Seul le mycélium doit se trouver au fond du flacon de culture et laisser un liquide clair au-dessus de lui. Si c’est le cas, bravo, vous avez réussi votre culture liquide.

Pour l’utiliser, c’est très simple. Vous pouvez la prélever à l’aide d’une seringue et ensemencer directement de nouvelles cultures liquides, des substrats de graines ou des substrats de fructification supplémentés.

Merci d’avoir lu cet article ! N’hésitez pas à vous laisser un commentaire si vous avez une question ou une remarque ! 🙂

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7 réponses sur “Comment fabriquer une culture liquide de mycélium ? [Tutoriel]”

  1. Salut , les photos des cultures liquides contaminés et saines sont elles inversées ?

  2. Bonjour,
    Peut on utiliser de la mélasse pour le milieu de culture, s’il vous plait? Merci d’avance

    1. Bonjour,
      Je n’ai jamais eu de suggestion de cette idée. Mais en soit cela peut fonctionner avec les sucres qu’elle contient. Par contre, cela risque de rendre la CL épaisse, et par la suite de créer des difficultés de prélèvement. Si vous tenter l’expérience, peser la quantité de mélasse pour réitérer l’expérience 🙂

  3. Bonjour, Peut on utiliser de la mélasse pour le milieu de culture, s’il vous plait? Merci d’avance.

  4. Gilles BILLARD dit :

    Bonjour tous,
    Je trouve curieuse la contagion a tous les sites de myciculture d’une recommandation qui, selon moi n’a pas vraiment de sens;
    Je veux parler de la stérilisation à la flamme jusqu’à porter au rouge les lames a utiliser.
    L’organisme connu le plus extrémophile sur terre est STRAIN 121 et il ne survit pas au delà de 121°C.
    Donc un simple passage de quelques secondes dans une flamme portera votre lame à plus de 250°C ce qui vous assure une stérilité parfaite sans détremper votre outil ni avoir a le faire refroidir bien longtemps.
    Pensez que pour commencer a voir rougir de l’acier il faut le porter à….
    tadaaaa…
    plus de 600°C
    😉

    1. Bonjour Gilles,

      Merci de votre commentaire pertinent. En effet, le fait de porter l’acier jusqu’à rougissement permet simplement un signal visuel pour les personnes qui débutent dans ce domaine, où les contaminations ne sont pas les amies des débutants 🙂

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