Avez-vous déjà entendu parler du Master’s Mix ? C’est le mélange que tous les myciculteurs passionnés et surtout professionnels utilisent pour réaliser leur substrat de fructification. Longtemps tenu secret, la connaissance de ce mélange s’est diffusée en Amérique pour arriver jusqu’en Europe. Dans cet article, je vous explique ce qu’est le Master’s Mix, quels champignons poussent dessus, les avantages et inconvénients de cette recette, comme le réaliser vous-même, et enfin les problèmes et les solutions de cette méthode.
Qu’est-ce que le Master’s Mix ?
Traditionnellement, le Master’s mix est un mĂ©lange composĂ© de 50% de sciure de feuillus et de 50% de coque de soja broyĂ©.
On doit le Master’s mix Ă T.R. Davis de l’entreprise Earth Angel’s Mushroom. Ă€ la base, ce cultivateur Ă commencer Ă cultiver des champignons sur de la paille est Ă trouver cette recette assez peu productive.
C’est à partir de ce constat qu’il a commencé à réaliser des essais sur divers matériaux, d’abord sur des coques de coton, mais des problèmes de contamination survenez malgré la stérilisation. Mais ses essais ont fini par être un peu plus concluants lorsqu’il a utilisé des coques de soja et de la sciure pour ces cultures.
Le fait que cette ressource soit également facilement disponible chez lui l’a encouragé à poursuivre avec la base de cette recette.
La seconde étape a été de tester les différents ratios entre la sciure et les coques de soja, il a fini par conclure que la meilleure recette comporte 50% de sciure et 50% de coque de soja. C’est avec ces proportions que ces rendements étaient les meilleurs. Au-delà de 50% de supplémentation, les rendements rediminués.
En France, on trouve moins facilement des coques de soja, mais elles peuvent être facilement remplacées par des pellets de tournesols ou bien de son de blé par exemple. Il faudra cependant faire des tests pour voir si le ratio 50/50 est toujours le plus optimal avec ce type de supplémentation.
Quel type de champignons peut-on cultiver sur le Master’s Mix ?
J’aimerais commencer avec les champignons qui ne pourront pas pousser sur ce type de mélange à savoir les champignons décomposeurs secondaire, comme les champignons de Paris.
La plupart des champignons décomposeurs primaires, qui apprécient donc le bois, pousseront facilement sur le Master’s Mix. Le pleurote gris, jaune, rose, bleu, le pleurote du panicaut, les namékos, les pioppinos et les chetnuts.
Pour le shiitakĂ©, un champignon très ferme, le master’s mix contient trop d’azote. Je conseille une utilisation de la supplĂ©mentation entre 15 et 25% environ.
Pour les polypores comme le réishi ou les tramètes, c’est également un peu différent. Ce sont des champignons qui ont un corps fructifère très ligneux, très dur, donc ce mélange n’est pas tout à fait adapté. Je vous conseille de faire des proportions autour de 5 à 15% de supplémentation, plutôt qu’avec 50%.
Les avantages et inconvĂ©nients de l’utilisation d’un Master’s Mix
Le Master’s Mix n’est pas forcément pour tous les cultivateurs. En fonction de votre itinéraire technique et de vos objectifs de culture, vous pourrez choisir s’il est plus avantageux ou désavantageux d’utiliser ce type de substrat :
Avantages
- Meilleur rendement : le taux de nutriments et d’azote dans ce substrat permet une grosse quantité de champignons par kilos de substrat produit.
- Grande diversité de champignon cultivable : vous pouvez cultiver tous les champignons lignivores dessus en adaptant les quantités de supplémentation.
- Les ingrédients sont faciles à stocker : qu’il s’agisse de pellet de bois ou de céréales, ces matières déshydratées sont facilement stockables en espace et dans la durée.
DĂ©savantages
- Besoin d’une stérilisation : Le taux de nutriment donne une certaine sensibilité à ce type de substrat. Ils doivent donc être stérilisés dans un autoclave ou bien un stérilisateur à vapeur.
- Utilisation de sac autoclavable : La stérilisation demande donc d’utiliser un conteneur qui supporte une haute température et pression, les sacs en polypropylène sont donc indispensables.
- Inoculation en laboratoire : une fois stériliser ce substrat est toujours très sensible au potentiel contaminant extérieur. Il doit donc être inoculé devant une hotte à flux laminaire.
Comment fabriquer un Master’s Mix Ă©tape par Ă©tape
Je vais vous proposer ici un processus simple pour la conception de ce type de sac, et je vous donnerai Ă©galement les variations possibles dans le processus de fabrication, notamment pour les professionnels.
Le matĂ©riel pour fabriquer le Master’s Mix
Commençons par les ingrédients pour la recette du Master’s Mix qui sont au nombre de 3 :
- Des pellets de sciure de bois : Vous pouvez utiliser tous les types de pellets de feuillus que vous trouvez. Les pellets de conifère fonctionnent avec certains champignons, mais ce n’est pas idéal pour la plupart. Pour ma part, j’utiliserais des pellets de hêtre.
- Des pellets de cĂ©rĂ©ales : Tous les types de cĂ©rĂ©ales en pellet sont utilisables, je n’ai pas fait des tests avec tous, mais le tournesol fonctionne bien, ainsi que le blĂ©. J’utiliserais ce dernier pour l’expĂ©rience.
- De l’eau : IngrĂ©dient de base qui nous permettra d’hydrater le mĂ©lange.
Ensuite, vous aurez besoin de petit équipement pour réaliser l’ensemble des opérations :
- Un verre mesureur : pour déplacer les matières.
- Une balance : pour peser la quantité des ingrédients.
- Un seau ou un bac : pour le mélange de tous les ingrédients.
- Des sacs autoclavables : pour accueillir le mélange du substrat.
- Un stérilisateur : Pour nettoyer le substrat à la chaleur et sous pression.
Étape 1 : Préparer le master mix
Sur la balance, mesurez les quantités d’ingrédients suivantes, en les introduisant directement dans le sac :
- 500g de pellet de bois
- 500g de pellet de blé
Ensuite, remuer les ingrédients secs en tenant le sac fermé pour les homogénéiser. Enfin, rajoutez :
- 1,5L d’eau
Les pellets vont absorber l’eau peu à peu, et l’humidité va se répartir d’elle-même en quelques minutes. Si vous utilisez de la sciure de bois, je vous suggère de faire le mélange dans un conteneur, puis de verser le tout dans le sac de culture.
Étape 2 : Stériliser le substrat
Une fois l’eau dans le sac bien absorbée par la matière sèche, il est temps de stériliser le substrat.
Placez une grille au fond du stérilisateur, puis mettez environ 3 à 4L d’eau et charger les sacs. Je vous conseille de mettre une assiette sur le dessus du stérilisateur pour éviter que le plastique du sac bloque la sortie de dépressurisation.
C’est parti pour 1h30 à 15psi, si vous utilisez un autocuiseur classique, je vous conseille de stériliser vos substrats durant au moins 2h30 à 3h pour être sûr du résultat à la sortie.
Une fois cette étape terminée, je laisse le substrat refroidir avant de l’ensemencer.
Étape : Inoculation du substrat
Une fois le substrat à température ambiante, je prépare mon petit laboratoire pour accueillir ces substrats stériles. Cela passe par la désinfection de mon lieu de travail et l’allumage de ma hotte à flux laminaire.
Une fois que cela est fait, les Masters’ mix stĂ©rilisĂ©s sont sortis devant la hotte. Ensuite, je les ensemence classiquement avec du grain.
Enfin, je scelle thermiquement les sacs pour les garder hermétiques jusqu’à la fructification.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les étapes de la culture des champignons, je vous invite à lire l’article sur les 7 étapes de la culture des champignons.
Problème courant avec le Master Mix
Voici 2 problèmes que j’ai personnellement rencontrés durant les premiers essais de culture.
La contamination
Si vous avez de la contamination dans vos sacs de culture, il y a trois grandes possibilités.
La première, c’est que vous avez dépassé les 50% de supplémentation, ou bien que la supplémentation à 50% que vous utilisez est trop chargée en azote. J’ai eu ce problème par exemple avec les pellets de betterave. Donc, réduisez votre quantité de supplémentation ou bien changez carrément votre matière.
Deuxièmement, c’est que la stérilisation est insuffisante. Cela arrive souvent avec de petits autocuiseurs, la pression à l’intérieur étant relativement faible, le temps de stérilisation doit être simplement rallongé. Attention, à des supplémentations trop azotées, augmenter la stérilisation n’est pas la bonne méthode, la charge d’azote est très importante, et la stérilisation risque de survenir même en allongeant de 2 fois le temps de stérilisation.
Troisièmement, c’est lors de l’inoculation que survient la contamination. Si vous avez réalisé l’opération sans hotte à flux laminaire, il est plus probable que vous ayez une contamination avec ce type de substrat. Je vous suggère donc d’utiliser une hotte à flux laminaire, ou le cas échéant de diminuer, voire de ne pas supplémenter votre substrat.
Colonisation lente
Une colonisation lente du substrat peut-être principalement dut à 3 paramètres :
Le premier paramètre, c’est une trop grande quantité d’eau dans le substrat. Le symptôme principal de cette erreur est représenté par un mycélium qui n’arrive pas à attendre le fond de votre sac de culture. Cela arrive lorsque l’on utilise de la sciure un peu trop humide. Cette humidité déjà présente dans la sciure ne permettra pas une bonne absorption de la quantité d’eau initiale que vous avez mise. Donc je vous suggère de réduire la quantité d’eau dans le substrat ou bien de sécher la sciure en amont.
La deuxième possibilité, c’est une incubation à une température trop froide. La majorité des souches aiment être incubées à des températures entre 21 et 24°C. Si vous n’avez pas d’incubateur, il se peut que votre température ne soit pas correctement monitorée. Je vous suggère donc, au moins, de prendre la température de votre environnement d’incubation pour connaitre la température de base, et si besoin de la modifier ou de la gérer à l’aide d’un incubateur donc.
La troisième erreur, c’est de mettre la souche de champignon sur un substrat qui ne lui est pas adapté. Pour ma part, j’ai fait l’erreur de faire un test de culture, avec un hydne corail, sur de la sciure de hêtre, alors que c’est un champignon qui préfère la sciure de conifère. Donc, vérifier bien le type de substrat apprécié par votre souche. Il se peut que la génétique de la souche soit également de mauvaise qualité, mais cela est plus rare.
Conclusion
Le Master’s Mix a vraiment été une révolution dans la culture des champignons. Permettant à des myciculteurs du monde entier de passer d’un substrat brut à un substrat à haut rendement. Cela ouvre la porte à de multiples possibilités de supplémentation et d’amélioration de la qualité nutritionnelle des substrats. En contrepartie, les myciculteurs qui souhaitent se servir de cette recette doivent mettre en place des techniques d’inoculation plus perfectionnée pour contrebalancer un potentiel de contamination plus élevé.
Merci d’avoir lu cet article sur le Master’s Mix ! Si vous avez des questions ou bien des remarques, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire. 🙂