Si vous ne le saviez pas encore, le pleurote jaune fait partie des champignons les plus faciles à cultiver. Je conseille Pleurotus citrinopileatus pour les débutants qui souhaiteraient se mettre à la myciculture. Le pleurote jaune est un champignon qui convient mieux pour les périodes de températures plus chaudes. Notamment si votre système de culture est placé dans un endroit qui a peu d’inertie en fraicheur. Dans cet article je vous parle de l’écologie de la pleurote jaune et de ses spécificités de culture par rapport aux autres champignons. Vous trouverez une synthèse des paramètres de culture en fin d’article !
L’écologie du pleurote jaune
Pleurotus citrinopileatus, de son nom scientifique, est comme les autres pleurotes, un champignon saprophyte, décomposeur primaire. Il est facile à reconnaitre de par sa couleur jaune flamboyant. Il possède des sporophores ( fruits), plus petits que les autres types de pleurotes.
Natif des forêts subtropicales et tempérées de la Chine et des pays limitrophes. Il pousse sur des arbres, comme les chênes, les hêtres et les peupliers morts ou agonisants. Mais également sur des souches et autres déchets forestiers.
Pleurotus citrinopileatus est la proie de Callipogon relictus, un coléoptère originaire des mêmes contrées sauvages.
Après s’être nourri du champignon jaune, le coléoptère change de zone, et amène dans son estomac, des spores. Résistant à la digestion de l’insecte gourmand, les spores seront relâchées plus loin, et de nouveaux organismes fongiques seront créés, perpétuant ainsi les gènes du pleurote jaune. Ce phénomène s’appelle l’entomochorie, c’est le transport des graines, des spores d’une espèce, réalisé par un insecte.
Génétiquement, Pleurotus citrinopileatus est très proche de Pleurotus cornucopiae. Selon certains scientifiques, le pleurote jaune n’est en réalité qu’une variation génétique, de part sa couleur jaune, du pleurote cornucopié. On retrouve des similarités physiques, notamment dans la fragilité des sporophores après récolte.
Avec les autres variétés de pleurote, le golden oyster est à la troisième place mondiale de la production mondiale de champignon. Ceci représente environ 25% du marché.
Des recherches récentes montrent que les pleurotes sont des organismes qui peuvent être utiles en mycoremédiation (technique utilisant les champignons pour nettoyer les sols). Notamment en ce qui concerne la dégradation rapide des hydrocarbures.
Pour ceux que ce sujet intéresse, je vous propose de lire cet excellent article sur la bioremédiation ( en anglais,) rassemblant un certain nombre d’études sur le sujet. Pour les connaisseurs, vous reconnaitrez l’auteur 😉
L’aspect nutritif du pleurote jaune : miam miam !
Il existe une 50 d’espèces de pleurote, et le pleurote jaune est, à mon goût l’un des meilleurs pour se délecter les papilles..! Certains lui trouvent une odeur fruitée de melon, quand il est bien cultivé et sa qualité de conservation est aussi bonne que celle des autres espèces de pleurote.
Lorsqu’on le cuit, sa couleur flamboyante disparait à la cuisson. Dans l’assiette, il a l’apparence du pleurote à huitre. Son gout, lui, à des notes de noisette et tire sur le citronné, se rapprochant de la saveur de l’hydne hérisson. Ce dernier atout lui vaut parfois le nom de Lemon Oyster.
Pleurotus citrinopileatus, possède, comme beaucoup de champignons, des propriétés anti-oxydantes reconnues, permettant d’améliorer le système immunitaire intestinale. Certaines molécules qu’il contient, comme la pleurane, aide à la régulation de la glycémie dans le corps. Et c’est sans compter les nombreuses vitamines qu’il contient, parmi lesquelles, la vitamine B1, B2, B6, B7,B9, B12, C et D!
Bon appétit bien-sûr !
La culture de la Pleurotus citrinopileatus
Le Golden oyster est un champignon facile à cultiver pour les débutants comme tous les types de pleurotes. Il convient bien de le cultiver au printemps ou en été, pour des personnes ayant peu d’inertie de fraicheur dans leurs caves ou leur lieu de culture.
En effet contrairement à beaucoup d’autres pleurotes, le pleurote jaune aime davantage la chaleur.
Cultiver le pleurote jaune en extérieur
Pleurotus citrinopileatus est un champignon des zones subtropicales. Cultivez le en extérieur uniquement si votre climat est doux en hiver et qu’il n’y a pas de risque de gel. Ce champignon d’été ne survit pas en-dessous de zéro degré.
Remarque: Si cultiver le pleurote jaune vous tient particulièrement à cœur en extérieur, vous pouvez tenter de placer votre culture dans un endroit suffisamment abrité. Une serre me parait être une bonne idée. Si vous avez un sol vivant, celui-ci ne gèlera pas. La thermogenèse provoquée par les organismes le peuplant, permettrait de garder le mycélium au jardin hors gel durant l’hiver. Attention, ceci n’est qu’une théorie de ma part quant à la survie du golden oyster en extérieur, sous nos latitudes, durant la saison froide.
Si vous décidez de tenter l’expérience, la pleurote jaune se cultive de la même manière que les autres pleurotes en extérieur :
- Sur des souches fraiches
- Des bûches ou des troncs de bois, de préférence feuillus, mais supporte bien le douglas
- Sur de la paille simplement pasteurisée, la colonisation prendra entre 2 et 3 semaines
- Avec des sous-produits agricoles comme la drêche ou la pulpe de raisin
- En implantation directe au sol à base de carton et de copeaux de bois.
- Dans des pots, etc..
Si votre décision est prise, prévoyez un anti-limace , elles ont une certaine appétence pour les bouquets fruités de ce pleurote.
Cultiver Pleurotus citrinopileatus en Intérieur
Le Lemon oyster est facile à cultiver. Vous pouvez le trouver dans des kits de culture classique ou bien le faire pousser par vous même à partir de mycélium. Il s’adaptera facilement dans les endroits que vous lui offrirez à la maison.
Il est plus difficile à faire pousser à une échelle commerciale au vu de sa courte vie en production. De plus, son rendement est moyen, avec une efficacité biologique de 30 à 70%.
Les 4 paramètres de base
En maitrisant les 4 paramètres de base en intérieur, vous aurez plus de succès dans votre entreprise:
- L’humidité
- L’aération ( qui va de pair avec un faible taux de CO2)
- La lumière
- La température
Réflexion éclairée
Pour ce qui est de la lumière, elle est importante pour la culture du pleurote jaune. En effet sa pigmentation flamboyante dépend de la quantité de la lumière que les sporophores reçoivent. Entre 15 et 20 watts par m2 de lumière blanche sont suffisants pour cette culture.
Attention cependant à ne pas surexposer ce fungi à la lumière, les fruits perdront leur couleur jaune au profit du blanc.
Les 7 étapes de la culture du pleurote jaune
Les 7 étapes de la culture de champignons sont également essentielles à connaitre pour cultiver correctement le pleurote jaune en appréhendant son cycle de culture.
- Se procurer du matériel génétique de champignon ( mycélium, spore, sporophore..)
Le mycélium de pleurotus citrinopileatus a une odeur acide, astringente et fruitée. Il se conserve plusieurs semaines entre 3 et 5°C. - Choisir un substrat adapté et le stériliser/pasteuriser
Pour le substrat de ce champignon comestible, vous pouvez utiliser les matériaux traditionnels de la culture de champignons en intérieur : sciure de bois, granule de bois, paille, marc de café, etc.. Le pleurote s’adapte à tout type de conteneurs, des sacs poubelles aux sac de culture, en passant par les bacs en plastiques et les bouteilles. - Ensemencer ou larder le substrat:
Pour ce qui est du lardage, il sera suffisant à hauteur de 2% à 4% pour la pleurote jaune. En effet son mycélium est très agressif et prolifèrera rapidement sur le substrat. - Incuber le substrat à une température favorable à la souche de champignon
Natif des zones substropicales, Pleurotus citrinopileatus aime la chaleur. Pour ce qui est de son incubation, une température entre 24 et 29°C sera nécessaire durant 10 à 15 jours, le temps que le substrat soit entièrement colonisé. - Initier la fructification des primordias
Les primordias se formeront au alentour de 21 à 27°C. Poussez votre hygrométrie au maximum, idéalement entre 95 et 100%. - Faire maturer et récolter les sporophores (fruits)
Ce champignon tropical supportera une température de fructification jusqu’à 30°C, l’idéal reste entre 20 et 25°C. Les fruits du pleurote jaune seront matures entre 3 à 5 jours après l’initiation des primordias. Les fruits sont très délicats, soyez soigneux à la récolte. - Relancer la culture après une phase de repos
La pleurote jaune peut produire jusqu’à 3 récoltes !
Synthèse des paramètres de culture du Pleurote jaune
Paramètres d’incubation du Pleurote jaune
Température d’incubation | 24-29°C |
Humidité relative | 90-100% |
Durée d’incubation | 10 à 14 jours |
Concentration de C02 | 5000 à 20000ppm |
Échange d’air frais | 1 à 2 volume/h |
Besoin en lumière | n/a |
Paramètres d’initiation des primordias du Pleurote jaune
Température d’initiation | 21 à 27°C |
Humidité relative | 98 à 100% |
Durée d’initiation | 3 à 5 jours |
Concentration de C02 | <1000ppm |
Échange d’air frais | 4 à 8 volume/h |
Besoin en lumière | 500 à 1000ppm |
Paramètres de fructification du Pleurote jaune
Température de fructification | 21 à 29°C |
Humidité relative | 90 à 95% |
Durée de fructification | 3 à 5 jours |
Concentration de C02 | <1000ppm |
Échange d’air frais | 4 à 8 volume/h |
Besoin en lumière | 500 à 1000ppm |
Nombre de récolte | 2 récoltes à 10-14 jours intervalle |
Et vous? Avez-vous déjà cultivé le pleurote jaune? N’hésitez pas à nous donner vos astuces en commentaire ! 🙂
Bonjour,
j’ai un souci de culture dans ma piéce de fructification car mes pleurotes jaunes n’arrivent pas à dépasser le stade jeunes pousses. Elles séchent ou meurent.
Pourquoi ?
Bonjour,
Je pense à un problème d’eau. Peut-être extérieur, hygrométrie de la pièce trop basse. Peut-être interne au substrat, manque d’eau dans celui-ci. Si il manque d’eau la pression osmotique du mycélium ne sera pas suffisante pour produire des sporophores de bonne taille. Le poids du substrat devrait être un bon indice !
Ça peut également être dut à un problème de CO2 ou de lumière si vous observez de longues tiges et de petits chapeaux.
Le dernière option qui me vient en tête, c’est que le substrat n’est pas correctement colonisé par que le mycélium et qu’il n’as pas assez de ressource à disposition pour faire maturé correctement les fruits. Le substrat dois être blanc et homogène.
Merci pour votre réponse.
Je suis sur ces 3 problèmes actuellement.
Je me disais que les insectes/moucherons pouvaient piquer le pied de la grappe et la faire pérécliter.
Qu’en pensez-vous ?
Je ne sais exactement où trouver des infos sur la culture de ce pleurote si particulier. Je suis preneur si vous avez des réfèrences même en anglais.
Merci.
Pour les insectes, effectivement ils peuvent attaquer nos champignons. Ils en existent une multitude. Globalement garder l’environnement propres pour les éviter, notamment les pieds de champignons mal coupés qui pourraient pourrir, et attirer, de part leurs odeurs, des insectes prédateurs. L’utilisation de filet fins est aussi une bonne idée pour couvrir la culture contre eux.
Vous pouvez regarder « the golden oyster » sur google pour des références sur le pleurote jaune. Je n’ai pas de livre traitant précisément de la culture du pleurote jaune. Mais si vous aimez lire l’anglais je vous conseil fortement « The essential guide to cultivating mushrooms » de Stephen Russell. Très bien pour apprendre les bases de la culture en générale.
Bonne culture à vous !
Bonjour,
Je profite de cette discussion pour exposer mon problème. En fait, ça fait maintenant 18 jours que j’ai ensemencé mon substrat [80%marc de café+20%sciure de bois pasteurisée) avec du blanc de pleurote jaune (9%). Sur quelques sacs apparaissent des spots blancs mais ne se propagent plus, du moins à l’extérieur, sur d’autres sacs, je vois rien du tout. Mon mycélium n’est pas contaminé et mon substrat non plus. Je suis à une température entre 27 et 29°C. Par contre l’humidité est inférieur à 80% dans la pièce (c’est peut être du à la chaleur?). Merci de bien vouloir me donner votre avis et sinon pensez vous que vaporiser les sacs peut être une solution pour augmenter l’humidité? est ce que je risque une contamination dans ce cas?
Merci beaucoup
Bonjour Hanen,
C’est peut être dut à la chaleur, vous êtes dans la fourchette haute de ce que supporte cette espèce de pleurote.
Ça peut également être l’humidité du substrat qui n’est pas assez forte ou bien trop élevée.
Je ne pense pas que l’humidité de l’air soit à incriminer.
Vaporiser les sacs ne changera pas grand chose, étant donné que durant la colonisation l’humidité du substrat correspond à l’eau retenu par le substrat et celle ci doit être suffisante les sac étant fermés.
Une dernière chose qui me viens à l’esprit, ça pourrait être également un problème d’oxygénation si vos sacs sont fermés de manière hermétique ou si ils contiennent trop d’eau.
Bonne culture.
Bonjour Andreas . En Espagne on je vis il fait très chaud et sec en ce moment. Pour éviter le dessèchement des jeunes pl.jaunes je recouvre la motte de vermiculite stérilisée et bien humide. Ça marche et c’est plus rapide et productif.
Bernard