Comment cultiver les champignons en intérieur ? [Guide complet]

À travers ce guide complet, vous allez apprendre comment passer à l’action pour cultiver les champignons en intérieur. Cet article à vocation à vous aider à prendre des décisions concrètes. En effet, il existe de multiples possibilités pour cultiver les champignons comestibles et médicinaux. Ce guide est la clé de voute pour vous aiguiller, car vous allez vite le comprendre, les choix que vous faites dans votre système de culture intérieur sont interdépendants et s’influencent les un des autres.

En comprenant les interactions entre le choix des champignons, la méthode de culture, le substrat, la méthode de nettoyage du substrat, le conteneur de culture, le lieu de culture et le contrôle des paramètres, vous deviendrez vite capable de rectifier et perfectionner votre itinéraire de culture, quel qu’en soit le modèle.

Le choix des champignons

Pour cultiver parfaitement les champignons en intérieur, il faut commencer par parfaitement choisir l’espèce que vous allez faire pousser. Pour bien choisir les espèces, vous avez 2 paramètres :

L’influence de la saisonnalité

La première influence, c’est la saisonnalité, bien que la culture en intérieur puisse intégrer un contrôle des paramètres culturaux, la température reste un coup pour le cultivateur. Je vous conseille donc de bien choisir votre espèce pour avoir à éviter de chauffer ou de refroidir la chambre de fructification.

En effet, comme pour les plantes, les champignons réagissent à la chaleur. Chaque espèce à une fourchette de température, plus ou moins grande, dans laquelle l’état de fructification s’active.

Au printemps et en automne, vous pouvez cultiver :

En hiver vous pouvez cultiver :

En été, vous pouvez cultiver :

Bien entendu, le choix dépendra également de la température de base de votre local de culture. On y reviendra un peu plus tard.

La difficulté de culture du champignon

Chaque champignon à des exigences différentes en termes de nutrition, d’environnement, et de précision. Cet ensemble de paramètres peut être ramené à une difficulté de culture.

Ces différences existent parce que les différentes espèces de champignons ont des organismes qui fonctionnent différemment. Certains vont par exemple tolérer de bonnes variations dans l’humidité de l’environnement, d’autres, plus sensibles, auront besoin d’une humidité stable.

Ce petit exemple est transposable à toutes les autres constantes de la mise en culture en intérieur, que vous verrons dans cet article.

Vous l’avez compris, plus vous choisirez un champignon complexe à cultiver, plus il faudra consacré du temps et d’énergie pour arriver à un résultat digne de ce nom.

Il y a donc des champignons faciles à cultiver :

Les champignons un peu plus capricieux sur les paramètres de culture :

Et enfin des champignons qui demandent une vraie rigueur dans le processus de culture

Pour avoir davantage de précision sur les paramètres de cultures, rendez-vous sur les fiches de culture des divers champignons, puis en bas, dans la synthèse des paramètres de culture.

La méthode de culture

Alors, on arrive ici, dans LE cœur du sujet. Indubitablement, la méthode de culture est en réalité une succession de choix qui est faite par le cultivateur pour mener à bien une pousse de champignon.

On limitera ici la méthode de culture, à tous les choix qui englobent la préparation d’un substrat de fructification.

L’influence du type de substrat

Le substrat, c’est la nourriture que vous donnez aux champignons. Certains mangent de tous, d’autres sont difficiles. Cela s’explique par le fait que certains auront des enzymes leur permettant de dégrader de la paille, de la sciure, le papier, le tissu et du carton, d’autres auront seulement des enzymes leur permettant de dégrader la sciure d’une espèce bien précise d’arbre.

Pour simplifier l’approche, nous allons mettre les substrats en deux grandes catégories : Les substrats avec un C/N bas et les substrats avec un C/N élevé. Pour rappel, le C/N c’est le rapport entre le carbone et l’azote dans une matière.

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Les substrats à C/N élevés

On les appelle aussi des substrats dits semi-sélectifs, ce sont des substrats à rendement moyen. Ils contiennent beaucoup de carbone, notamment de la lignine, une molécule qui ne peut être consommée quasi exclusivement que par les champignons. Cette sélectivité naturelle permet à ce type de substrat d’être moins sensible aux contaminations.

Comme matière semi-sélective, on trouve :

  • La sciure (entre 100:1 et 500:1)
  • La paille (50:1 à 80:1)
  • Le carton (350:1)
  • Le papier (entre 150:1 et 200:1)
En culture intérieur, les champignons pousse sur des substrats très simples
Une représentation de substrat avec un haut C/N

Par conséquent, c’est un substrat que vous avez seulement besoin de traiter par pasteurisation à la chaux, ou encore par pasteurisation thermique à l’eau chaude.

Les substrats à C/N bas

On les appelle également des substrats supplémentés en myciculture. Ce type de substrat contient généralement beaucoup d’azote et donne des rendements élevés. Les nutriments qu’ils contiennent sont assimilables par de nombreux micro-organismes, qui sont capables de rentrer en concurrence avec les champignons.

Généralement, ces substrats supplémentés contiennent une matière semi-sélective à laquelle on ajoute :

  • Du marc de café (20:1)
  • Des sons de céréales (30:1)
  • Des cosses de soja (30:1)
En culture intérieure les substrats avec un haut C/N doivent être stérilisés
Représentation de substrat avec un haut C/N

À cause du risque qu’il présente, ce type de mélange ne peut pas être pasteurisé. Il est nécessaire de supprimer un maximum de micro-organismes concurrent de nos champignons. On réalise alors une stérilisation à haute température et sous pression. Il est également possible d’avoir un résultat de propreté similaire à l’aide d’une super-pasteurisation à la vapeur.

Le choix de la méthode de nettoyage

Comme nous venons de le voir, le type de substrat influence la méthode de nettoyage, et donc c’est une très bonne base de comprendre que plus le C/N est élevé, plus on va avoir à se diriger vers une stérilisation.

L’influence de la chaux

En ce qui concerne le traitement par pasteurisation à la chaux, il a un effet basifiant sur le substrat. La majorité des micro-organismes n’apprécient pas ces conditions pour pousser. Cependant, il revient peu à peu à son état de neutralité. Il est donc important d’utiliser uniquement des souches agressives de champignons qui prendront rapidement le pas sur le substrat.

Le cas particulier du compost

Le compost que l’on utilise traditionnellement pour la culture des champignons de Paris et pour tous les autres décomposeurs secondaires est un substrat avec un C/N d’environ 30… mais que l’on va pasteuriser !

En effet, la majorité des décomposeurs secondaire au besoin de certains types de bactéries présente dans le substrat, pour fructifier. On va donc réaliser une pasteurisation à la vapeur autour de 60°C pour supprimer seulement les organismes mésophiles pour ne garder que les organismes et autres champignons thermophiles, qui eux sont favorables.

L’influence de la chaleur

Si vous pasteurisez longtemps à la chaleur, ou bien stérilisez un substrat brut, comme de la sciure ou de la paille pure, il est possible que vous observiez des contaminations qui n’ont pas lieu d’être. En effet, lorsque vous chauffez fortement un substrat, l’énergie de la chaleur casse les grosses molécules de lignines pour les transformer en nutriments plus petits, et plus facilement assimilables par d’autres micro-organismes.

La pasteurisation ou la stérilisation permet de supprimer tous les contaminants des substrats pour la culture intérieure des champignons
Une pasteurisation thermique

De plus une grande chaleur créée ce que l’on appelle un vide biologique. La mort des micro-organismes endémique du substrat est une opportunité immense à tous les contaminants qui atterrirait sur le substrat après sa stérilisation.

Conclusion : si vous pasteurisez longtemps à la chaleur ou stérilisez un substrat, peu importe sont C/N, gérer la suite du processus avec beaucoup de soin et une hygiène adaptée.

Paradoxalement, si vous traitez un substrat trop longtemps en stérilisation, il est possible que la chaleur transforme certaines molécules, en des composés non assimilables, voir toxiques pour les champignons. Alors attention !

Le conteneur de culture

Le conteneur de culture, c’est l’endroit où vous allez donc faire votre mélange de mycélium et de substrat. Vous pouvez quasiment tout utiliser, mais attention, il y a quelques règles.

La matière de conteneur

Que ce soit des bouteilles, des seaux, des sacs ou des colonnes, cela fonctionne très bien dans un itinéraire avec pasteurisation thermique ou à la chaux, étant donné que les conteneurs sont remplis après ce processus.

Dans le cas où vous utilisez une matière plus riche, vous savez qu’il est conseillé de réaliser une stérilisation ou une super-pasteurisation à la vapeur. Dans ce type de processus, le substrat et le conteneur sont tous les deux traités à la chaleur. Veillez donc bien à utiliser une matière qui résiste à la température, comme le polypropylène, abréger PP, on le trouve sous forme de sacs plastiques conçus spécifiquement pour la culture des champignons.

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on peut cultiver les champignons en intérieure dans tous types de conteneur
Une culture de champignon en seau

La gravité

Dans la nature, les champignons se développent de diverses manières. De manière verticale comme les pholiotes du peuplier ou les champignons de paris, ou encore de façon horizontale comme beaucoup de types de pleurotes.

Lorsque vous ferez fructifier votre substrat de champignon, réfléchissez bien à cette donnée pour pouvoir trouver un conteneur correct pour la position des champignons.

Par exemple, les sacs en colonnes ne conviennent pas bien aux pholiotes du peuplier qui pousse verticalement et les bacs de culture ne sont pas les plus pertinents pour les pleurotes qui poussent de manière verticale.

Le flush

Les champignons poussent selon deux types de croissance : plutôt en solitaire, ou plutôt en grappe.

Par exemple, le shiitaké est une espèce qui produit de nombreux champignons solitaires, il lui faut donc un conteneur que l’on puisse facilement enlever lors de la phase de fructification.

Alors que le Naméko va plutôt produire une belle flush de plusieurs dizaines de champignons au même endroit, donc une petite ouverture seulement sera favorable à sa croissance.

L’environnement d’ensemencement

Alors l’ensemencement, où encore le lardage, c’est le moment où vous mélangez votre mycélium, sur grain généralement, avec le substrat de fructification. Vous avez deux manière, ou plutôt condition pour réaliser cette opération.

Condition stérile

Pour travailler en condition stérile, on utilise normalement une hotte à flux laminaire. Cet environnement est favorable à des ensemencements pour des substrats bien azotés, dits supplémentés. Ces substrats sont sensibles à la contamination, et les conditions de stérilités sont essentielles pour travailler avec ce genre de matière. La hotte à flux permet de générer un flux d’air propre pour ne pas avoir de contaminants qui viennent se déposer sur vos substrats préalablement stérilisés. Ainsi le mycélium sur grain est généralement placé directement dans le conteneur de fructification pour l’ensemencer.

Vous l’avez compris, le duo substrat supplémenté + hotte à flux laminaire est indispensable.

En condition stérile, on utilise des habits propres, des gants et un masque très souvent. En effet, ces conditions spécifiques permettent également de développer un petit laboratoire de myciculture pour travailler avec des milieux très sensibles comme l’agar, la culture liquide ou encore le mycélium sur grain en grand volume.

Condition non stérile

Les conditions non stériles sont tout à fait praticables pour des myciculteurs qui vont avoir tendance à cultiver sur des substrats bruts, donc non supplémentés. Une pièce propre et une table nettoyer suffisent pour réaliser un ensemencement de qualité.

Pour ensemencer en condition non stérile vous pouvez directement mélanger mycélium et substrat dans vos conteneurs ou bien réaliser le mélange en étalant la matière et en la mélangeant au mycélium sur une table propre.

L'ensemencement permet d'introduire le champignon dans le substrat
Ensemencement d’un substrat en seau

Il faut savoir que même si ces matières sont peu sensibles à la contamination, il peut arriver d’une contamination parvienne à tomber sur le substrat. Donc évidemment, tous les conseilles que je vous ai précédemment mentionnés reste pertinents ici, les habits propres, les gants et le masque.

Les variables de l’incubation

Une fois traités et ensemencés, on place donc nos substrats dans le noir et à la chaleur pour qu’ils colonisent toutes les surfaces durant cette phase d’incubation. J’ai relevé deux paramètres importants qui peuvent contribuer à la réussite de vos cultures.

Temps d’incubation

Chaque espèce à un temps d’incubation qui lui est propre, écrit dans sa génétique. Mais il y a des facteurs que vous maitrisez qui peuvent jouer pour un temps d’incubation plus court.

L'incubateur permet aux mycélium de se développer dans le substrat
Un incubateur à champignons

Tous d’abord, le ratio d’ensemencement. C’est la proportion de mycélium que vous mettez dans votre substrat de fructification. À C/N égal, un substrat avec 10% de mycélium sera plus rapidement colonisé qu’avec 5% de lardage.

Et bien sûr plus le C/N d’un substrat sera bas, plus le temps d’incubation sera court. Notez d’un ensemencement plus important fait donc baissez le C/N d’un substrat.

Mais attention, cela augmente la température du substrat de manière générale.

Thermogénèse

En effet, le substrat chauffe plus ou moins en fonction de sa charge nutritive, mais aussi de son volume. Cet effet de thermogénèse est dû au mycélium qui consomme la nourriture pour grandir et s’étendre. Le mycélium peut être tué si la température monte trop haut.

Si vous avez de gros sacs de culture bien supplémentés, faites particulièrement attention à ce phénomène. Il peut être évité en baissant la température de votre incubateur autour de 21°C, plutôt que de 24°C, et en laissant de l’espace entre les sacs pour faire diminuer l’inertie de chaleur.

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Le choix de la chambre de fructification

Une fois votre incubation terminée, il faut passer les champignons en fructification. Pour cela, il vous faut un lieu adapté, et de nombreux peuvent convenir, comme une tente de culture hydroponique, un conteneur frigorifique, une cave ou encore une boite en plastique si vous n’avez pas de place.

Cependant, je vous invite à réfléchir à deux paramètres importants.

La chambre de frcutification permet de maintenir les paramètre en culture intérieure
Une chambre de fructification dans une petite serre

L’inertie de température

L’inertie en température, c’est la capacité d’un lieu d’une pièce à résister aux variations climatiques extérieures. Les champignons préfèrent pousser dans des lieux relativement stables en températures pour pouvoir s’épanouir.

Si vous avez une cave en pierre, ces variations de température seront très lisses dans le temps étant donné que tout le sol autour de votre cave va varier tout doucement en température.

Au contraire, une petite serre hydroponique en intérieur sera très dépendante de la température de votre maison. Elle sera en effet à la même chaleur que la pièce dans laquelle elle se trouve, celle-ci n’ayant pas d’isolation thermique.

La taille du lieu

Si vous n’avez pas beaucoup d’inertie dans l’endroit où vous cultiver, vous pouvez améliorer ça avec un lieu présentant un grand volume. De grands volumes sont favorables en termes de maintien de la température bien sûr, mais également de l’optimisation de l’humidité.

Plus la pièce est petite, plus l’humidité sera difficile à maintenir. En effet, les champignons ont besoin d’air frais, et dans des volumes de moins de 1m2, il faudra être précis pour gérer l’apport d’air extérieur tous en concernant l’humidité générer avec un brumisateur.

Le choix du contrôle des paramètres de culture

En phase de fructification, il y a 4 grands paramètres à gérer pour les cultures de champignons :

  • La température
  • L’humidité
  • L’air frais
  • La lumière
  • Vous avez de grandes manières de gérer ces paramètres

Manuel

Tout peut être gérer manuellement, la température avec le thermostat de votre maison, l’humidité avec un spray à eau ou un petit brumisateur électrique, l’ai frais avec une ouverture de la chambre 2 à 3 fois par jour et la lumière simplement avec le cycle du soleil.

Évidemment, ce n’est pas optimal, mais si vous débutez cela peut suffire. Attention cependant au risque de variation non prévu. Par exemple, s’il fait un peu plus chaud que prévu, parce que le soleil tape sur une vitre, naturellement l’humidité de l’air va baisser, et bien entendu cela pourrait engendrer une sècheresse sur les fruits de vos champignons.

Le message de cet exemple, c’est qu’en mode manuel, vous n’êtes pas maitre de votre culture, et il suffit d’une variation importante pour faire souffrir vos cultures.

Automatique

La deuxième option qui s’offre à vous, c’est l’automatisation totale ou en partie des paramètres de culture.

Il est fondamentale de bien contrôler les paramêtres de culture en intérieure pour avoir les meilleurs champignons possible.
Un thermostat pour la gestion de la température

La première chose qu’il vous faut automatiser, c’est l’humidité, c’est le paramètre le plus complexe à gérer en manuel et le plus déterminant pour votre culture. Généralement, cela se fait avec un hygrostat. C’est un appareil sur lequel vous pouvez brancher un humidificateur électrique. Une sonde reliée à l’appareil permet de déclencher et d’éteindre l’humidificateur en fonction de la consigne donné, généralement entre 85 et 90%.

La deuxième chose que je vous conseillerais d’automatiser, c’est l’apport d’air frais. Vous pouvez apporter de l’air frais de manière continue, ou bien par rapport à la quantité de CO2 présent dans la pièce de fructification. Avec un C02 mètre le fonctionnement est le même que pour l’humidostat. Je vous conseille de l’activé pour qu’il y soit toujours moins de 1000 ppm de CO2 dans votre pièce, les champignons respireront mieux.

Pour la température, vous pouvez l’automatiser avec un thermostat gérant à la fois un chauffage et une petite climatisation. Je vous conseille ce type d’installation uniquement dans les grandes pièces pour avoir une économie d’énergie, avec l’inertie. Dans tous les cas, il est vraiment important de prendre en compte la température de fructification de vos champignons.

Le dernier paramètre, la lumière, est facile à automatiser, il suffit d’installer l’équivalent de 20W/m2 de lumière blanche avec des néons ou des leds, le tout monitoré par un programmateur de temps, réglé sur 12h de jour et 12h de nuit.

Merci d’avoir lu cet article pour apprendre à cultiver les champignons en intérieur ! Si vous avez des questions ou des remarques, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire :).

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