Le myciculteur pratique la myciculture. C’est le métier dans lequel on cultive les champignons comestibles et médicinaux. Comme pour les métiers de l’agriculture, cette activité peut être déclinée en plusieurs branches ( 3 métiers exactement) et lorsque l’on se lance dans une démarche professionnelle en vue de commercialiser des champignons ou des produits qui sont dérivés de la myciculture, il est important de distinguer les aspects et les délimitations de chaque pan de métier pour savoir où on met les pieds.
Dans cet article, j’ai donc découpé la myciculture en 3 métiers pour vous donner une vue d’ensemble plus simple à appréhender.
- Le myciculteur récolteur
- Le myciculteur producteur
- Le myciculteur sélectionneur
Pour chaque métier, je vous donne, les compétences que vous allez devoir acquérir, ainsi que les avantages et les inconvénients de chaque métier.
Le Myciculteur récolteur
Le myciculteur récolteur, c’est une personne qui produit.. des champignons ! Ce que je veux dire par là c’est que l’expertise ici se limite à faire fructifier les champignons sur les substrats qui sont achetés et donc directement prêts à fructifier. Il suffit ensuite de les récolter et les commercialiser.
Les compétences du myciculteur récolteur :
Dans ce pan du métier, elles sont assez simples. Il faut savoir créer un environnement favorable à la fructification des blocs, c’est à dire une chambre de fructification. Même si les blocs de fructification sont déjà prêts à fructifier, il va falloir gérer convenablement les paramètres qui régissent l’atmosphère pour obtenir une bonne récolte.
L’avantage du métier de myciculteur récolteur:
- C’est relativement facile pour commencer dans la myciculture, on se concentre sur une seule étape, à savoir la fructification des champignons.
- Ensuite, le processus logistique globale est très simple également, il suffit de faire pousser des champignons et de les commercialiser.
- Il n’y a pas non plus besoin de fabriquer les substrats et d’invertir dans du matériel pour leur fabrication.
- Le seul vrai besoin est uniquement une pièce pour la fructification (hors le stockage frigo, si vous ne travaillez pas en flux tendu, c’est dire que vous ne vendez pas tous vos champignons immédiatement)
Inconvénients du métier de myciculteur récolteur:
- Cela va être difficile de rentabiliser une installation digne de ce nom avec de trop petits volumes. Sachant que le prix du substrat à la tonne est entre 300 et 500€, il est plus logique, à mon avis de s’orienter vers du demi-gros ( c’est à dire de vendre par tranche de 20kg d’un coup) plutôt que sur de la vente directe, qui reste bien évidemment possible, selon la situation et votre propre calcul bien entendu.
- Autre inconvénient, vous n’avez pas de contrôle de la qualité du substrat, bien que celui-ci soit relativement correct parmi les distributeurs français, voir Européen.
- Il ne sera possible de faire pousser que quelques variétés. En France, il est proposé des substrats de pleurote à huitre, de pleurote eryngii, de nameko et de shiitaké. Ici globalement des champignons qui aiment la fraicheur, donc pas possible de produire l’été (à par si vous avez une cave très fraiche ou que vous souhaitez installer éventuellement une climatisation, mais cela reste une aberration, pour moi, c’est la même chose que de produire des tomates en hiver.)
- Et enfin, vous l’aurez compris, une dépendance au producteur de substrat. Sans substrat, pas de production ici.
Niveau de difficulté 1,5/5 au métier de myciculteur récolteur.
Le Myciculteur producteur
Le myciculteur producteur va fabriquer lui même les substrats de fructification, à partir de mycélium sur grain ou encore de culture liquide, pour les plus expérimentés.
Il peut aussi produire les substrats de colonisation à partir de mycélium qu’il aura répliqué lui même, sur grain, par clonage. Je ne vais pas m’étaler ici sur la production de mycélium, mais vous pouvez aller voir la vidéo sur l’autonomie en mycélium disponible sur ma chaine Youtube, pour en savoir plus.
Retenez ici que le producteur de substrat, produit donc lui même son substrat de fructification. D’ailleurs certains myciculteurs se spécialisent uniquement dans la production de substrat, en France, c’est le cas de deux sociétés qui sont Eurosubstrat et le Lentin de la buche.
Les Compétences du myciculteur producteur :
On a les mêmes compétences que le myciculteur récolteur, à savoir faire fructifier les champignons et les commercialiser.
On va devoir ici en plus apprendre la fabrication du substrat de fructification, cela comprend la maitrise de la pasteurisation et de l’inoculation. Il faut donc apprendre à travailler proprement, dans de bonnes conditions pour éviter les contaminations. Dans le cas où l’on produit pour soit, les contaminations ne sont pas un ( si grand mal). Mais perdre 10 ou 15% de sa production à cause d’une mauvaise hygiène et beaucoup moins concevable quand il s’agit de son gagne pain. Enfin, le myciculteur producteur doit apprendre aussi à bien incuber les substrats et savoir lorsqu’ils sont prêts à passer en phase de fructification.
Les Avantages du métier myciculteur producteur :
- Le premier avantage, c’est la capacité à produire davantage d’espèce de champignons, étant donné qu’il y a vraiment de nombreuses espèces disponibles en mycélium sur grain. Et éventuellement en culture liquide.
- La production toute l’année devient possible : des cultures saisonnières pourront être mises en place facilement, je pense notamment à la pleurote rose, la pleurote jaune et le pleurote pulmonaire et un petit variant de la pleurote à huitre, le variant florida, qui pousse bien durant l’été.
- Le deuxième avantage, c’est que les marges peuvent être améliorées avec des espèces plus atypiques, je pense aux champignons médicinaux, par exemple, ou bien des champignons exotiques pour les restaurateurs.
- Ensuite, la vente au détail est facilitée, on peut faire par exemple des paniers de champignons diversifiés, et donc avoir une meilleur rentabilité par rapport à du demi gros, qui reste dans tous les cas possible.
- Puis, le myciculteur producteur sait faire des substrats de fructification et donc peut Ă©ventuellement se diversifier en proposant des kits de culture prĂŞt Ă pousser, pour les particuliers.Â
- Et enfin une légère augmentation de votre autonomie de production (en cas de pépin, vous pourrez toujours apprendre à cloner le mycélium que vous possédez)
Inconvénients d’être myciculteur producteur :
- Pour commencer, il faut établir un processus de fabrication du substrat de fructification efficient : c’est à dire que si vous voulez gagner du temps et de l’énergie, il faudra installer correctement votre atelier de production de bloc, par exemple en le mettant proche de la pièce qui va servir pour l’incubation. Il faudra de manière générale penser en profondeur l’agencement des tâches.
- Pour l’espace utile de travail, cela va donc demander plus de pièces spĂ©cifiques dĂ©diĂ©es Ă la culture : une pièce fructification, une pièce de colonisation et Ă©ventuellement un lieu pour la pasteurisation et inoculation le substrat. Â
- Il faudra aussi une capacité de stockage des matières premières, comme la paille, ou le pellet de bois par exemple, qui va servir à fabriquer le substrat de fructification.
- Et un dernier inconvénient, qui peut être de taille, en fonction de votre zone géographique, ça va être donc de trouver votre matière première, et d’en avoir un approvisionnement régulier pour pérenniser votre production de substrat de fructification.
Difficulté : 3,5/5 au métier de myciculteur producteur
Le Myciculteur sélectionneur
Le myciculteur sélectionneur fait tout ce que fait le myciculteur récolteur et le myciculteur producteur. La différence c’est qu’il produit lui même des souches de champignons, il ouvre alors une vraie possibilité d’autonomie biologique. Les souches ne sont plus achetées, elles sont sélectionnées par le myciculteur en fonction de leurs caractéristiques, choisies à l’avance, comme la couleur, la forme ou la productivité.
Ici, le cycle complet de culture est maitrisé, de la récupération des spores à la fructification, éventuellement jusqu’à la vente. C’est le cas de mon ami Quentin de la mycosphère en Belgique.
Certains myciculteurs choisissent de ne s’occuper que de la sélection de souche, c’est le cas de la société mycelia en Belgique par exemple.
Les Compétences du myciculteur sélectionneur :
- Alors comme je vous le disais, il faut savoir faire la mise en fructification que réalise déjà le myciculteur récolteur et connaître la création du substrat de fructification faite par le myciculteur producteur.
- Il faut également des compétences en sélection, pour choisir les meilleurs champignons qui feront office de base génétique, morphologique, et également de rentabilité.
- Et enfin des connaissances approfondies en ce qui concerne les techniques de laboratoire.
Les avantages du myciculteur sélectionneur :
- La première chose c’est que le myciculteur qui sélectionne, n’a plus besoin d’acheter de mycélium sur grain. En fonction de votre système, cela peut être une belle économie.
- Ensuite, il pourra naturellement adapter au fil du temps des variétés à ses propres substrats, notamment en termes de productivité et donc améliorer sa production de champignon par kg de substrat fabriqué.
- Avec ces connaissances, le myciculteur sélectionneur a la possibilité de récupérer et de tester des souches sauvages qui ont un potentiel pour lui.
- Et enfin, la possibilité de commercialiser des champignons, du mycélium, et ces propres souches.
Les inconvénients du myciculteur sélectionneur
- Les premières difficultĂ©s sont d’avoir une viabilitĂ© Ă©conomique. Ce mĂ©tier requiert pas mal d’investissements si l’on veut faire les choses sĂ©rieusement.
- Ensuite, à l’heure ou j’écris cet article ( 2022), la plupart du matériel que vous trouvez sur le marché, comme les hôtes à flux laminaires ou les super-pasteurisateurs sont en soit très chers, parce que spécialement conçus pour les grosses entreprises ou alors non disponibles sur le marché. Heureusement il est possible de le fabriquer soi-même si vous êtes un bricoleur ou une bricoleuse dans l’âme.
- L’hygiène devient ici un besoin, une nécessité, il faut travailler dans un environnement stérile. Les milieux utilisés sont généralement très riches et facile à contaminer.
- Pour ce qui est des matières premières, et bien il vous faudra également trouver un approvisionnement pérennisé de matière première pour le substrat de fructification, de colonisation, et les substrats de sélection.
- De plus, il vous faudra apprendre de nombreuses choses, et vous formez, notamment avec un minimum de base en biologie fongique et en techniques microbiologiques.
- Enfin, le processus logistique globale devient plus complexe, à ce stade, entre toutes les phases de culture et les possibilités qui s’offrent au myciculteur sélectionneur. Il faut donc être rigoureux et organisé, sinon, ce n’est pas la peine d’y penser.
Alors je donne un niveau de difficulté de 5/5 pour le métier de myciculteur sélectionneur, comme vous l’avez compris ce n’est pas un métier simple, il y a de nombreuses étapes à franchir.
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Un bel article, bien Ă©crit et pensĂ©, qui vient apporter l’Ă©clairage nĂ©cessaire Ă la comprĂ©hension des diffĂ©rents mĂ©tiers que l’on peut exercer dans le cadre de la culture des champignons.
Merci beaucoup pour votre lecture et votre retour 🙂
J avais un petit projet dans une cave en Terre battue qui m était prêtée mais à vous lire , je m aperçois que ce serait très compliqué car vous parlez de plusieurs pièces et beaucoup hygiène sur le lieu:(.
Merci pour tous ces précieux renseignements.
Bonjour RĂ©gine,
Vous pouvez commencer simplement en achetant des substrats tous fait Ă Eurosubstrat ou le Lentin de la buche, vous n’avez besoin que d’une pièce de fructification.
Bien Ă vous.