La méthode 3 en 1 du MONOTUB pour cultiver les champignons [Tutoriel]

La méthode Monotub est une technique simple à mettre en place pour cultiver les champignons et commencer à gérer un environnement de culture partiellement contrôlé. Cette méthode convient parfaitement aux débutants qui n’y connaissent rien et peut leur permettre de cultiver une grande diversité de champignons. C’est une méthode 3 en 1, car elle permet de réaliser le substrat, l’incubation et la fructification au même endroit. Ce tutoriel vous permettra de réaliser rapidement la méthode Monotub, et surtout la modifier à votre guise pour l’adapter complètement à l’utilisation que vous souhaitez.

Qu’est-ce d’un monotub ?

Le monotub est une chambre de fructification pour champignon qui permet d’intégré le substrat directement en l’environnement de fructification. C’est-à-dire que vous n’avez pas d’un côté le substrat et de l’autre l’environnement d’incubation, puis de fructification. Dans le cas de la technique du monotub, on utilisera également cette petite chambre de fructification pour réaliser la fabrication et l’incubation du substrat.

Le tutoriel sera divisé en 2 parties, la fabrication du monotub, puis la fabrication du substrat qu’il contient.

La fabrication du monotub

Ma méthode pour construire un monotub peut être adaptée de nombreuses manières. Je fais faire en sorte de vous expliquer également les différentes variations de construction que vous pouvez réaliser.

Le matériel pour le monotub

Nous aurons besoin :

  • D’une boite en plastique transparente : cela nous servira de base pour la construction du monotub. Vous pouvez également utiliser de petites serres à semi qui comportent une partie transparente sur le dessus et une partie noire sur le dessous. Plus votre boite sera grande, plus il sera facile d’y conserver les paramètres de culture par la suite.
  • Un sac Poubelle noir : il nous servira de cache pour le bas de la boite, dans le cas où vous en utilisez une complètement transparente. Vous pouvez également utiliser de la peinture noire.
  • Une perceuse avec une scie-cloche de 4 cm : cela nous permettra de réaliser des ouvertures rondes dans notre boite en plastique.
  • De la fibre de polyester : c’est une matière plastique fibreuse qui nous servira à créer un filtre aux niveaux des entrées de notre monotube. Vous pouvez en trouver sur internet ou bien dans les vieux oreillers synthétiques. Il est aussi possible d’utiliser du ruban adhésif à microspores types m3.

Étape 1 : opacifier le bas de la boite

Si vous utiliser une serre à semi passez directement à l’étape 2.

Nous devons protéger le bas de la boite transparente, car à la suite de vos opérations, le mycélium qui va se développer dans la partie inférieure ne doit pas être exposé à la lumière. En effet, si la lumière est présente sur le côté de la boite, vous pourriez avoir des champignons qui s’y développent et qui pourront difficilement être cueillis.

Les myciculteurs qui ont lu cet article ont aussi lu  Pourquoi je cultive les champignons en intérieur? [10 raisons]
Le mycélium des champignons ne doit pas être en contacte avec la lumière pour ne pas produire des fruits au niveaux des parois en plastiques
Opacification du bas du monotub

Donc, protéger entre 1/4 et 1/3 du bas de la boite. Cela doit représenter au maximum 20cm de hauteur. Pour ma part, j’utilise 2 couches de sac plastique noir que je place à l’intérieur du monotub. Vous pouvez très bien utiliser de la peinture. Si vous faites cela, passer 2 couches en extérieur pour que cela soit bien étanche.

Étape 2 : percer les trous

Ensuite, nous allons percer des trous pour créer un passage d’air dans le monotub. Lors de la phase de fructification, les champignons ont besoin d’oxygène pour se former correctement.

Il vous faut réaliser 1 ou 2 lignes de trous pour créer un petit mouvement d’air. La première ligne doit être positionnée proche de la partie opaque et la deuxième ligne doit être juste dessous du couvercle du monotub. Vous pouvez faire uniquement une ligne centrale.

Le nombre de trous dépend de la taille du monotub et de la taille de la cloche que vous avez. Faites en sorte qu’il y est moins 1 colonne de trous sur la longueur et 1 colonne de trous sur la largeur.

Les futurs champignons dans le monotub on besoin de respirer
Réalisation de trou d’aération pour le monotub

Si vous n’avez pas de perceuse et de cloche, vous pouvez utiliser un cutter et une source de chaleur pour chauffer la lame et réaliser des ouvertures carrées dans votre boite en plastique.

En ce qui concerne la filtration des ouvertures, elle sera mise en place après la réalisation du substrat pour éviter de les salir.

Réaliser le substrat de fructification

Comme pour le monotub, le substrat peut être réalisé de diverses manières. Je vais vous proposer une méthode simple, si vous avez des connaissances en termes de substrat, n’hésitez pas à créer des variations.

Le matériel pour la réalisation du substrat pour le monotub

Nous aurons besoin de :

  • Du mycélium de champignons : ce sont en quelque sorte les graines qui vont nous permettre d’ensemencer le substrat de fructification. Vous avez le choix entre 2 types de champignons à cultiver : les décomposeurs primaires, comme les pleurotes, les pioppinos, les namékos ou encore la crinière de lion et les décomposeurs secondaires, comme le champignon de Paris, le champignon du soleil ou encore les coprins.

    Si vous souhaitez fabriquer votre mycélium sur grain, je vous renvoie directement sur le tutoriel « Comment fabriquer du mycélium sur grain ? »

    Sinon si vous souhaitez acheter du mycélium de qualité, cliquez ICI.
  • Du substrat pour faire pousser vos champignons : Le substrat doit être adapté à votre type de champignon. Si vous avez choisi un décomposeur primaire, utilisez 50% de fibre de coco, de pellet ou de sciure de bois dur et 50% de perlite. Si vous avez choisi un décomposeur secondaire utilisé toujours 50% de fibre de coco, de pellet ou de sciure de bois dur et 50% de fumier ou compost mûr.
  • De l’alcool à 70% : pour nettoyer le monotub avant d’y introduire le substrat
  • Des gants en nitrile : ils nous permettront de mélanger le substrat et le mycélium

Étape 3 : Préparation du substrat

Vous pouvez réaliser le mélange, le nettoyage et l’hydratation du substrat directement dans le monotub ou bien le faire avant, puis l’introduire dans le monotub.

Les myciculteurs qui ont lu cet article ont aussi lu  Pourquoi avoir un petit laboratoire pour cultiver ses champignons ? [5,5 raisons]

Mais avant toute chose nettoyer toutes les parties internes du monotub à l’alcool à 70% pour que celui-ci soit le plus propre possible pour accueillir le substrat traité.

Plusieurs substrat peuvent être utilisé pour le monotub, des plus simples au plus complexe
Un mélange de fibre de coco et de perlite

Dans le cas d’une recette 50% fibre de coco + 50% perlite, ajouter 200g de libre de coco et 200g de perlite et commencer par réaliser le mélange dans le monotub, ou dans un bac ou bien dans un sac en toile si vous réalisez la stérilisation à part. Pour 400g de mélange, ajoutez environ 2 litres d’eau soit 5 volumes d’eau pour 1 volume de substrat.

Si vous avez réalisé le mélange dans le monotub, ou dans un bac vous pouvez utiliser de l’eau brulante chauffer à la bouilloire pour réaliser une pseudopasteurisation + l’hydratation en même temps.

Si le mélange est réalisé à part, vous pouvez le pasteuriser à la chaux, thermiquement ou même le stériliser si vous souhaitez une recette de substrat supplémenté.

Pour le mélange 50% compost + 50% fibre de coco, c’est une recette plus riche en nutriment et donc plus susceptible d’être contaminée. Donc, il faudra réaliser une stérilisation du substrat ou au moins une pasteurisation à la vapeur durant 2 h.

Puis introduisez le substrat dans le monotub après son traitement. Il vous faut entre 10 et 20 cm d’épaisseur de substrat pour avoir une production digne de ce nom.

Étape 4 : Ensemencement du monotub

Une fois que le substrat traité est dans le monotub et qu’il a refroidi, il est temps de l’ensemencer.

L’ensemencement doit-être réalisé le plus rapidement possible après le placement du substrat dans le monotub, et après que le substrat est refroidi. Un substrat trop chaud pourrait endommager le mycélium.

Pour 2,4 kg de substrat humide, placer environ 250 à 500g de mycélium. Soit environ 10 à 20%. Plus il y a de mycélium, plus la colonisation sera rapide.

La meilleure manière de larder de monotub est avec du mycélium sur grain
Ensemencement du monotub avec du mycélium sur grain

Mettez vos gants, nettoyez-les à l’alcool et versez le mycélium de champignon dans le substrat. À l’aide de vos mains, remuez bien le mycélium et le substrat de la manière la plus homogène possible.

Une fois que c’est fait, tassez très légèrement pour obtenir une surface lisse, placer les filtres en polyester dans les trous prévus à cet effet et fermer le couvercle.

Paramétrer le monotub pour l’incubation

Maintenant que tout est en place, nous allons voir comment mener à bien l’incubation du mycélium. C’est la phase durant laquelle il va se développer à travers tout le substrat.

Pour commencer, il vous faut connaitre la température d’incubation de l’espèce de champignons que vous faites pousser. Vous pouvez la trouver spécifiquement sur mon blog, dans la partie => champignons à cultiver => cliquez sur le champignon qui vous intéresse => puis tous en bas, vous trouverez les paramètres de culture.

Globalement, le mycélium a besoin d’une température comprise en 21 et 24°C qui va lui permettre de se développer rapidement sur le substrat.

L’incubation doit-être réaliser dans le noir, vous pouvez utiliser un placard, le dessus d’un chauffe-eau, ou bien un incubateur spécifiquement conçu pour cela.

Une autre méthode simple, c’est de poser un tapis chauffant sous votre monotub et de réaliser une prise de température à l’intérieur pour observer la température de l’environnement.

Les myciculteurs qui ont lu cet article ont aussi lu  Mycologie spatiale : cultiver des champignons dans l'espace
La vitesse de l'incubation du monotub dépendra de la quantité de mycélium initialement présente
Incubation du monotub à J+5

L’incubation va prendre entre 10 et 20 jours en fonction de l’espèce de champignons. Elle est terminée lorsque toute la surface est couverte de mycélium blanc.

Gobetage ou pas ?

Le gobetage est une couche que l’on vient appliquer sur le dessus du substrat une fois que la colonisation est complète, il permet de maintenir l’humidité et de favoriser le développement des jeunes champignons.

Normalement, toutes les espèces n’ont pas besoin de gobetage pour fructifier. Si vous utilisez des espèces de champignons de couche, cela est par contre très fortement recommander.

Si vous utilisez des espèces de champignons décomposeurs primaires, vous n’êtes pas obligé de réaliser un gobetage. Mais dans le cas d’un monotub, je vous conseille d’en réaliser un. C’est très simple à faire.

Utilisez 50% de perlite et 50% de fibre de coco, comme pour le substrat, humidifiez le mélange juste avant sa saturation et appliquez-le directement sans passer par la case traitement du substrat. Une couche de 1,5 à 3 cm est optimale pour la suite.

Dans cette technique le gobetage n'est pas forcément nécessaire
Réalisation d’une couche du gobetage

Remettez ensuite 2 ou 3 jours le monotub en phase de colonisation. Attention, la couche de gobetage ne doit pas être complètement colonisée. Comptez une diffusion du mycélium à 50% maximum sur celle-ci.

Paramétrer le monotub pour la fructification

2 ou 3 jours après le gobetage, il est temps de passer en phase de fructification. Nous allons modifier les conditions environnementales pour permettre au mycélium de se transformer en champignons.

Placez le monotub dans un environnement lumineux et à bonne température pour la fructification. Je vous renvoie un tableau des paramètres de vos espèces sur mon blog.

Synthétiquement, la température est abaissée ou montée, par rapport à la température de colonisation, en fonction des espèces.

Vous pouvez enlever 1 ou 2 filtres du monotub pour augmenter la circulation d’air. Vous pouvez également le vaporiser 2 à 3 fois par jour pour éviter que le substrat ne s’assèche.

Les primordias, qui sont les bébés champignons, apparaitront environ 4 à 10 jours après cette transition environnementale. Ils sont très sensibles à l’hygrométrie, donc pensez à humidifier les parois de votre monotube durant cette période.

La maturation des champignons devrait prendre entre 3 à 6 jours après l’apparition des primordias, et il sera alors l’heure de récolter.

La technique du monotub est une méthode simple permettant de faire pousser facilement de nombreux champignons

La récolte des champignons

Les champignons sont prêts à être récoltés lorsque leur chapeau s’est bien développé, mais reste encore arrondi sur le dessus.

Plus vous les récolter jeunes, plus ils pourront être conservés longtemps avant d’être cuisinés. Le monotub peut vous donner entre 2 et 3 récoltes de champignons.

Merci d’avoir lu cet article sur la fabrication du monotub, n’hésitez pas à nous laisser un message si vous avez des remarques ou des questions ! 🙂

Si vous avez aprécié mon article vous êtes libre de le partager!

Laisser un commentaire