Les champignons parasites : un monde fascinant et méconnu

Les champignons parasites sont souvent considérés comme destructeurs, mais ils jouent également un rôle important dans les écosystèmes sains et diversifiés. Ils peuvent envahir les arbres faibles ou anciens, les insectes, mais également toute sorte d’organismes. Dans cet article, vous apprendrez ce qu’est un champignon parasite et les mécanismes du parasitisme. Enfin, nous verrons leur écologie et les champignons parasites cultivables.

Qu’est-ce que les champignons parasites ?

Les champignons parasites sont des organismes fongiques qui tirent leurs ressources essentielles directement d’autres organismes vivants, appelés hôtes. En tant que parasites, ces champignons ont développé des stratégies d’adaptation pour pénétrer et exploiter l’hôte sans être détectés, du moins au début de l’infection.

Ces champignons parasitaires se nourrissent d’une grande variété d’hôtes, tels que les plantes, les animaux, les insectes et même d’autres champignons. Leur mode d’action consiste à coloniser l’hôte en établissant un réseau de filaments appelés hyphes, qui pénètrent les tissus vivants et extraient les nutriments nécessaires à leur croissance et leur reproduction.

En fonction de leur spécificité et de leur virulence, les champignons parasites peuvent provoquer divers degrés de détérioration chez l’hôte, allant d’une simple gêne à une maladie grave, voire mortelle.

Les mécanismes de parasitisme chez les champignons

Les parasites ont de nombreux mécanismes pour s’installer dans leur hôte, voici les principales manières dont ils fonctionnent.

Invasion et colonisation de l’hôte

L’un des premiers mécanismes de parasitisme chez les champignons est l’invasion et la colonisation de l’hôte. Les spores des champignons parasites se dispersent dans l’environnement et, lorsqu’elles entrent en contact avec un hôte potentiel, elles germent et forment des filaments appelés hyphes. Ces hyphes pénètrent dans les tissus de l’hôte, se ramifient et forment un réseau mycélien, qui permet au champignon de commencer à s’établir dans l’hôte. Les champignons parasites envahissent l’hôte en exploitant des blessures naturelles ou en produisant des enzymes capables de dégrader les parois cellulaires.

Exemple : L'Armillaria mellea, également connu sous le nom de l’armillaire couleur de miel, est un champignon parasite des arbres. Ce champignon se propage à travers le sol et pénètre dans les racines des arbres en formant des rhizomorphes. Une fois à l'intérieur, il se ramifie et forme un réseau mycélien, causant la pourriture des racines et, éventuellement, la mort de l'arbre.

Production de substances toxiques

Un autre mécanisme de parasitisme chez les champignons est la production de substances toxiques, appelées mycotoxines. Ces composés chimiques sont très utiles au parasite, par exemple en produisant des molécules qui inhibent la réponse immunitaire de l’hôte ou en modifiant la signalisation hormonale de l’hôte pour favoriser la croissance du champignon. Les mycotoxines ont des effets néfastes sur l’hôte, allant de la simple inhibition de la croissance à des dommages graves sur les organes ou le système nerveux.

Exemple : Le Claviceps purpurea, ou l’ergot du seigle, est un champignon parasite qui produit des substances toxiques appelées alcaloïdes de l’ergot. Ces mycotoxines infectent les céréales, en particulier le seigle, et provoquent des malformations sur les grains, favorables au champignon.

Exploitation des ressources de l’hôte

Enfin, les champignons parasites exploitent les ressources de l’hôte pour assurer leur propre croissance et reproduction. Une fois établis dans l’hôte, les champignons parasites puisent les nutriments dont ils ont besoin pour se développer, souvent au détriment de la santé et de la croissance de l’hôte.

Exemple : L’Ophiocordyceps unilateralis est un champignon parasite des fourmis. Une fois qu’une fourmi est infectée, le champignon prend le contrôle de son comportement et la force à se déplacer vers un endroit idéal pour la reproduction du champignon. Le champignon consomme ensuite les tissus internes de la fourmi pour obtenir les nutriments nécessaires à sa croissance et à sa reproduction, causant finalement la mort de la fourmi.

Les champignons parasites et leur rôle écologique

Régulation des populations d’organismes hôtes

Les champignons parasites jouent un rôle important dans la régulation des populations d’organismes hôtes. En infectant et en affaiblissant leurs hôtes, ils peuvent contribuer à maintenir une sélection naturelle saine en éliminant les organismes les plus faibles chez l’espèce hôte. Les organismes les plus forts survivent, transmettent leurs gènes et continuent à résister aux parasites.

Participation au recyclage des nutriments et à la décomposition des matières organiques

Les champignons parasites, dits saprophytes lignivores, contribuent également au recyclage des nutriments et à la décomposition des matières organiques dans les écosystèmes. En décomposant les tissus des organismes hôtes infectés, notamment des arbres, ils libèrent des nutriments essentiels dans l’environnement, facilitant ainsi la croissance et le développement d’autres organismes. Ce processus de décomposition est crucial pour maintenir la fertilité des sols et soutenir la productivité des écosystèmes.

La culture des champignons parasites

Introduction sur la culture des champignons

La culture des champignons est une pratique agricole qui vise à produire des champignons comestibles, médicinaux ou d’autres types de champignons pour diverses utilisations. Cette pratique est réalisée dans des environnements contrôlés, tels que des serres ou des chambres de culture, où les conditions de température, d’humidité et de lumière sont optimisées pour favoriser la croissance et le développement des champignons. La culture des champignons parasites, en particulier, présente des défis et des opportunités uniques en fonction de leur mode de vie et de leurs interactions avec d’autres organismes.

Pour en savoir plus, je vous invite à lire le guide de culture pour faire pousser des champignons.

Les types de champignons parasites qui peuvent être cultivés et leurs intérêts

La crinière de lion (Hericium erinaceus)

À l’état sauvage, vous trouverez les crinières de lion poussant sur des arbres morts et des bûches, ainsi que sur des blessures en hauteur sur des arbres vivants. En raison de cela, ils sont classés comme saprophytes et parasites.

Ces champignons uniques sont non seulement inhabituels en raison de leurs formes, mais sont également l’un des rares champignons médicinaux puissants qui peuvent être consommés en grandes quantités sans danger.

Ils ont une saveur douce et légèrement sucrée que beaucoup décrivent comme similaire à celle du crabe ou du homard, et une texture semblable à celle de la viande qui en fait un délicieux substitut de viande dans les plats végétaliens et végétariens.

Les champignons crinière de lion ont plusieurs bienfaits pour la santé, et des études ont montré qu’ils peuvent améliorer les capacités cognitives, stimuler le système immunitaire et aider à réduire l’inflammation.

Ils sont également l’une des espèces de champignons les plus faciles à cultiver à la maison, et vous pouvez les faire pousser dans des sacs de sciure de bois dur ou à l’extérieur sur des bûches fraîchement coupées.

Le pleurote de l’orme (Hypsizygus ulmarius)

À l’état sauvage, vous trouverez généralement des pleurotes de l’orme poussant seules ou en petits groupes en hauteur dans des cicatrices de branches et des blessures sur des ormes et des frênes à feuilles d’aulne vivants.

Les scientifiques classent les pleurotes de l’orme comme parasites et saprophytes, car ils ne savent pas s’ils se nourrissent de tissus vivants ou morts sur les arbres hôtes.

Bien que ce ne soient pas de vrais pleurotes, les pleurotes de l’orme sont également des champignons comestibles et médicinaux prisés que vous pouvez cultiver chez vous sur des blocs de paille ou de sciure.

Ils ont une texture ferme et charnue, un arôme délicat et une saveur douce et légèrement noisette.

Ils sont également riches en nutriments et en composés actifs aux propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires et antitumorales.

Cordyceps militaris

Le Cordyceps militaris est un champignon parasite qui infecte principalement les larves d’insectes, en particulier les chenilles et les pupes.

Le Cordyceps militaris est réputé pour ses propriétés médicinales, notamment pour stimuler le système immunitaire, améliorer les performances sportives et lutter contre la fatigue.

Ce champignon se présente sous la forme d’un petit corps fructifère orange vif qui émerge de la carcasse de l’insecte hôte. Il a une saveur douce et légèrement terreuse. Le Cordyceps militaris est souvent consommé sous forme de suppléments ou de poudre ajoutée aux boissons et aux aliments.

Pour la culture du Cordyceps militaris, des substrats à base de riz, de céréales ou de soja sont généralement utilisés, et les conditions de température et d’humidité doivent être soigneusement contrôlées.

Reishi (Ganoderma lucidum)

Le réishi, également connu sous le nom de champignon de l’immortalité, est un champignon médicinal utilisé depuis des millénaires dans la médecine traditionnelle chinoise.

Il pousse principalement sur les troncs d’arbres morts ou mourants, et bien qu’il ne soit pas un parasite au sens strict, il peut affaiblir les arbres vivants sur lesquels il se développe.

Le réishi est un champignon à croissance lente qui forme un corps fructifère en forme de console ou de rein avec une surface brillante et vernissée. Ce champignon est réputé pour ses propriétés immunomodulatrices, anti-inflammatoires et antioxydantes.

En raison de sa texture coriace et amère, le réishi n’est généralement pas consommé frais, mais il est utilisé sous forme de poudre, d’extraits ou de thé.

La culture du réishi peut être réalisée sur des bûches de bois, ou des blocs de sciure de bois.

Conclusion

Les champignons parasites représentent un domaine d’étude captivant et complexe, démontrant l’incroyable diversité et adaptabilité du règne fongique. Bien que certains d’entre eux puissent causer des problèmes significatifs pour leurs hôtes, d’autres offrent des avantages médicinaux et nutritionnels précieux pour les humains. La culture de ces champignons permet d’exploiter leur potentiel tout en respectant l’équilibre des écosystèmes. Et enfin, leur étude peut permettre de préserver les écosystèmes qui peuvent être impactés et déséquilibrés par ce type de champignons.

Merci d’avoir lu cet article ! Si vous avez des questions ou des remarques, n’hésitez pas à nous écrire un commentaire :).