5 conseils pour augmenter la vitesse d’incubation du mycélium

Lors de mes premières culture de mycélium, j’étais plus ou moins précis dans mon processus d’ensemencement et d’incubation. La quantité de mycélium n’était pas toujours la même, la composition du substrat non plus. Le temps de pasteurisation ou de stérilisation variait et la température d’incubation était approximative. Alors à l’effigie de mon imprécision, la culture en croissance se développait plus ou moins vite. Avec le temps et l’expérience, j’ai compris ce qui influence la vitesse de colonisation du mycélium. Il est très utile de l’améliorer, pour obtenir plus rapidement les fruits ou pour gérer des rotations. Dans cet article je vous donne 5 conseils pour un mycélium qui incube à la vitesse de la lumière !

1)Augmenter la vitesse d’incubation de votre mycélium: Pasteuriser, Stériliser le substrat plus longtemps

Le temps de pasteurisation et de stérilisation influence la vitesse de colonisation du mycélium lors de la phase d’incubation. ( Également le rendement lors de la phase de fructification.)

Premièrement, plus un substrat est exposé longtemps à un traitement de chaleur, plus sa matière première ( cellulose, hemi-cellulose et lignine) sera dégradée en profondeur sous l’action de cette chaleur. Le mycélium aura donc moins à fournir d’enzyme et d’énergie pour dégrader ces matériaux.

Deuxièmement, le temps de pasteurisation et de stérilisation influence la quantité de micro-organismes potentiellement concurrents. Moins il y aura de concurrence au sein du substrat plus le mycélium pourra allouer d’énergie à son expansion, plutôt qu’à son système de défense immunitaire.

Pour en savoir plus, je vous propose l’étude de Onesi, 2012.

2) Diminuer le rapport C/N du substrat en le supplémentant.

La supplémentation est l’action d’apporter, en complément de la matière primaire carbonée du substrat, un substrat riche en azote, comme de la farine ou des drêches.

Le rapport C/N du substrat est la balance entre la quantité de carbone C et la quantité d’azote N.

Les champignons assimilent plus vite les composants azotés dans leurs métabolismes. Il leur faut cependant plus de temps pour digérer le carbone.

Le ratio idéal est autour de 35:1. Au delà, la vitesse de colonisation continuerait d’accélérer. Mais les rendements seraient plus faibles, le champignon ayant moins « d’énergie carbonée » pour fructifier. Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’étude de Hao, 2015.

Concrètement, vous pouvez ajouter de la farine, des graines de céréales pour augmenter la vitesse d’incubation de votre mycélium dans son substrat. Pour en savoir plus sur les différents substrats de supplémentation disponible je vous invite à visiter ce lien.

Les graines de tournesols sont riche en azote, elles permettent d'augmenter la vitesse de colonisation du mycélium
Des graines de tournesols peuvent être utilisées pour supplémenter vos substrats de fructifications.

3) Connaitre la bonne température d’incubation de votre souche

La température est l’un des paramètres de base, donc des plus influants sur la vitesse d’incubation du mycélium.

Les myciculteurs qui ont lu cet article ont aussi lu  Le Nameko [Pholiota nameko] et 3 conseils pour le cultiver

Chaque champignon a une température qui lui est propre, selon son stade de développement, notamment pour la période de croissance du mycélium. Pour en savoir plus, vous devriez lire l’article sur les 7 étapes de la culture de champignon.

Si vous voulez incuber vos champignons à la bonne température, je vous conseille de vous renseigner sur la fourchette de température idéale pour leur incubation. Vous pouvez également construire facilement un incubateur à champignon s’il fait trop froid dans la pièce où vous entreposez vos cultures de mycélium en croissance.

Une température adaptée permet au mycélium de champignon de se devellopper rapidement.
Thermo-hygromètre dans mon incubateur à champignon permettant de vérifier le bon environnement de développement du mycélium.

4) Ensemencer le substrat avec plus de mycélium

On appelle également l’action d’ensemencer le substrat avec du mycélium, le lardage.

Plus on met de mycélium dans le substrat de fructification plus la vitesse de colonisation augmente, et ceci pour deux raisons.

La première, quand il y a beaucoup de fragment de mycélium dans le substrat, celui ci explore et recouvre le volume de fructification plus rapidement.

La deuxième raison, c’est que le mycélium est généralement cultivé sur grains. Plus on met de grains, plus on met d’azote dans le substrat, et donc plus on diminue le rapport C/N dont je vous parlais plus haut. Faites donc toujours au mieux pour ne pas dépasser un ratio de 35:1.

Cependant, une grande quantité de mycélium dans un substrat en incubation provoque généralement une plus grande activité biologique de sa part, du fait de la quantité d’azote disponible et de la grande quantité de fragments mycéliens. Cela a pour résultat le dégagement de chaleur. Cette chaleur peut accélérer l’activité biologique, qui augmentera elle même la température dans une boucle de rétroaction. Celui ci ne supportant pas une température supérieure à 29-30°C, attention à ce que cette thermogenèse ne finisse pas par brûler le mycélium.

5) Augmenter la vitesse d’incubation de votre mycélium: Avoir un ensemencement plus homogène

Lorsque vous ensemencez vos sacs de culture ou tout autre contenant, l’homogénéité du mélange substrat + mycélium va influencer la vitesse de colonisation du volume.

Vous l’avez compris, plus il y a d’homogénéité dans la répartition des fragments de mycélium, plus le champignon pourra rassembler ces « morceaux d’organisme » rapidement et donc, coloniser le substrat plus rapidement.

On peut augmenter la vitesse de colonisation de son mycélium en prenant en compte quelques paramètres
Mycélium de shiitaké ayant incuber différemment.

En récap’

Retenez que pour augmenter la vitesse de colonisation de votre substrat par le mycélium vous pouvez:

  • Pasteuriser ou Stériliser le substrat plus longtemps
  • Augmenter le rapport C/N en supplémentant votre substrat
  • Connaitre la bonne température d’incubation de votre souche
  • Ensemencer le substrat avec plus de mycélium
  • Avoir un ensemencement plus homogène

A présent, vous avez 5 manœuvres possibles pour améliorer la vitesse de croissance de votre mycélium!

Et vous? Quelles sont vos techniques pour améliorer la vitesse de croissance de votre mycélium? 🙂

Si vous avez aprécié mon article vous êtes libre de le partager!

8 réponses sur “5 conseils pour augmenter la vitesse d’incubation du mycélium”

  1. Bonjour, je débute dans l’art du bonsaï et votre article m’a beaucoup intéressé: faire pousser son mycélium est une bonne. Est-ce que l’on pourrait appliquer cette méthode de culture pour favoriser la mycorhisation dans le substrat des bonsaï? Merci

  2. faire-decouvrir-l-ecologie-aux-enfants dit :

    Je découvre avec plaisir ton blog, qui est très bien pensé et très didactique ! J’ai toujours cru que je n’arriverais pas à faire pousser des champignons, n’ayant pas la main verte, mais là j’ai vraiment envie de me lancer car je sens que je serai bien guidée ! Merci !

  3. Bonjour,
    non la mycorhization est un processus de symbiose, ce n’est pas du tout le même type de champignon qui rentre en jeu.

    1. Bonjour,
      Effectivement, l’article propose des conseils pour l’incubation de champignons décomposeurs primaires, se nourrissant principalement de lignine, de cellulose et hémicellulose.

  4. Bonjour,
    Merci pour toutes ces informations.
    Vous indiquez que de rajouter de l’azote augmente le rapport C/N, je pense que c’est l’inverse vu que l’azote est au dénominateur.

Laisser un commentaire