Le Trichoderma, dit la moisissure verte est un champignon qui fait parti de la famille des Hypocreaceae. Il est présent naturellement dans le sol et est aussi le contaminant le plus courant en culture de champignons ! Dans cette article vous allez découvrir :
- Que ce que le trichoderma ?
- Comment agit le trichoderma sur ces victimes ?
- Quels sont les paramètres favorables au développement du Trichoderma ?
- Comment lutter contre le trichoderma ?
Que-ce que le trichoderma ?
Le genre Trichoderma a été découvert par Persoon en 1794. C’est donc un champignon qui est présent dans le monde entier, de l’Amérique à l’Asie en passant par l’Europe et l’Afrique. A l’heure actuel on à identifier 89 espèces de Trichoderma. Il s’est rapidement imposé comme un bio-pesticide aujourd’hui.
Il ne produit pas de fruit comme les champignons de culture. Il est la cause de la maladie de la moisissure verte en myciculture.
Lors de son développement, ce champignon produit un mycélium blanc, classique, de l’on confond très facilement avec le mycélium des champignons cultivables. Ce n’est d’une fois que le champignons sporulent qu’il prend cette apparence verte si reconnaissable.
Comment agit le trichoderma sur ces victimes ?
Compétition pour l’espace
Sa croissance est extrêmement rapide, de 24 à plus de 30mm/jour en condition idéales, c’est un concurrent redoutable pour nos champignons de culture.
En comparaison, un espèce de Pleurotus se développe en conditions idéales entre 7 et 8 mm par jour, ce qui est loin de rivaliser avec le trichoderma.
Production d’antibiotique
Lorsqu’il se développe, le trichoderma relâche des antibiotiques qui inhibent la pousse d’autres microorganismes. C’est à dire que lorsqu’un substrat est contaminé par du Trichoderma, il n’y a généralement pas de retour en arrière possible pour la flore microbienne sur place. Sa croissance est totalement inhibée par le développement de la moisissure verte.
Dans l’agriculture industriel, il est d’ailleurs utilisé pour lutter contre les autres champignons pathogènes des plantes et pour améliorer l’absorption des nutriments des plantes. Il devient un bio-pesticide populaire dans les années 70. 90% des applications contre les micro-organismes proviennent de différentes souches de Trichoderma. Aujourd’hui, plus de 60% des bio-pesticides les plus efficaces proviennent de la moisissure verte.
Production d’enzyme
Comme beaucoup d’autre champignons, le trichoderma produit des enzymes. La cellulase peut s’attaquer et découper le cellulose. D’ailleurs certaines industries réalisent des sélections génétiques de trichoderma pour de grandes productions de cellulase.
La moisissure verte produit également une enzyme appelé la chitinase. Celle-ci lui permet de s’attaquer directement à la structure des champignons. En effet, la parois cellulaire des champignons que nous cultivons est constituée de chitine. Cela fait du Trichoderma, un champignon mycophage, il tue donc ses compétiteurs.
Les paramètres favorables au développement du trichoderma
Le trichoderma préfère des pH de substrats entre 2 et 7, avec un optimal de croissance à 4.
Il peut se développer dans une large fourchette de température allant de 15°C à 30°C, et sa croissance est optimal autour de 25°C, température proche de la majorité des substrats mis en condition d’incubation.. Pas de croissance observer sous 5°C et au dessus de 40°C.
La disponibilité d’eau dans le substrat influe également sur sa croissance. Son optimum est identique aux champignons de culture.
Pour ce qui est du C/N( rapport carbone – azote) du substrat, le trichoderma a la meilleur croissance pour autour de 45. Il préfère donc des sources de carbone facilement assimilable.
Donc les facteurs qui affectent la croissance du trichoderma sont :
- La valeur du pH du substrat
- La température
- L’activité ou disponibilité de l’eau
- La disponibilité en nutriment
Voyons maintenant comment mettre en place des stratégies de luttes contre le trichoderma.
Lutter contre le trichoderma
Le substrat est habituellement une des plus importante source de contamination, spécialement lorsque celui-ci contient des carbohydrates (sucres) facilement assimilables par les micro-organismes, notamment Trichoderma spp. comme l’a montré dans son livre Fletcher. (Fletcher et al. 1986).
Plusieurs espèces de Trichoderma peuvent contaminer le substrat, cela peut être du à l’utilisation de différent substrat, de leurs origines et de la manière dont-ils sont produits.
La contamination est le résultat de l’inoculum potentiel (présence d’une quantité de spores de Trichoderma) et de sa capacité à se développer rapidement sur le substrat.
Le ph du substrat
Le trichoderma se développe donc dans un substrat relativement acide.
La pasteurisation chimique fonctionne bien comme traitement. Avec un bain de chaux éteinte ( hydroxyde de calcium) le pH monte durant quelques jours entre 9 et 10 ce qui laisse le temps, à des espèces à colonisation rapide, comme les pleurotes de prendre une longueur d’avance.
Cela peut être une solution pour les substrats qui serait naturellement charger en spore de la moisissure verte, dut au lieu ou aux conditions de production.
Attention cependant à utiliser cette solution avec des champignons qui se développe bien sur des milieux basiques, sinon ce traitement leurs fera le même effet qu’au Trichoderma !
La température du substrat
Pour ce qui concerne la température, si vous pratiquez des colonisations à des températures classiques entre 21 et 25°C, vous n’avez que peu de chance de faire face au trichoderma si l’on compare sa croissance à celle des champignons de culture..
Cependant une solution existe pour les champignons qui se développent à basse température. Par exemple, Pleurotus ostretus ou encore Flammulina velutipes peuvent continuer à coloniser le substrat à des températures entre 8 et 12°C. Avec ce paramètre, les champignons vont se développer plus rapidement que Trichoderma et remporter la bataille pour la terre du substrat. C’est ce que l’on appelle une colonisation à froid.
L’activité de l’eau
L’activité de l’eau, ce n’est pas la quantité d’eau dans le substrat, mais la quantité d’eau disponible. Un surplus d’eau dans le substrat peut favorisé le développement du trichoderma.
Si la contamination de vos sacs se fait par le bas, la où l’eau stagne, c’est probablement que l’excès de liquide profite à la prolifération de la moisissure verte. Les substrats traités thermiquement et mal égouttés peuvent aussi contenir des nutriments facilement assimilable par le trichoderma. Bien égoutter ces substrats avant l’ensemencement permet de réduire cette forme de contamination.
Influence de la méthode de nettoyage des substrats sur la disponibilité en nutriment pour le Trichoderma
De nombreux traitement de désinfection sont communément appliqués au substrat de culture ligno-cellulosique pour prévenir cette contamination. Mais beaucoup de myciculteurs restent inquiets de voir apparaitre cette contamination verte après le traitement du substrat. Voyons comment la contamination peut apparaitre.
Les traitements sur le substrat sont généralement utilisées pour affecter l’inoculum de base, dans le but de détruire les spores de Trichoderma spp. présentent dans le substrat. Mais elles ne sont pas efficaces si un nouvelle inoculum est introduit après traitement thermique.( mauvaise manipulation, environnement sale ou contamination du mycélium qui a servit à l’ensemencement.)
Augmenter le C/N du substrat
Une première chose à faire serait d’utiliser des substrats avec un fort C/N. Comme la sciure de chêne avec un C/N de 250, il y a peu de cellulose et d’hemi-cellulose naturellement présente, dont peut se nourrir facilement le trichoderma pour son développement.
Attention si la charge de l’inoculum est importante. Les champignons de culture découpent cependant la lignine présente des les substrats et relâche donc au bout d’un moment de l’hemi-cellulose et du cellulose facilement assimilable par la moisissure verte, ce qui peut quand même amener tout de même à une contamination.
Mais de manière générale, plus le C/N est grand, moins le trichoderma aura de chance de se développer.
Stérilisation
Lorsque l’on fabrique des substrats de colonisation à base de graine, le développement d’un inoculum après stérilisation est fréquent, étant donné que lors de cette manipulation un vide biologique se créé.
La réduction de la flore microbienne naturelle du substrat stérilisé augmente les chances de contamination en cas de présence de Trichoderma, et réduit dans ce cas, la possibilité de croissance mycélienne du champignon cultivé.
Des bactéries peuvent inhibées la croissance de trichoderma en produisant des composés organiques volatiles ou bien en produisant des antibiotiques. Notamment les espèces appartenants au genre Pseudomas, qui ont été identifiés comme étant des antagonistes de Trichoderma spp. (Voir l’étude de Ellis et all de 2000 pour en savoir plus).
Une autre étude ( Velàzquez, Cedeño et all, 2004) a montré que la présence de Trichoderma longibrachiatum dans un substrat, qui entre en compétition avec Pleurotus ostreatus, réduit sa vitesse de croissance et permet le développement d’autres microorganismes.
La présence de la flore microbienne total augmente donc la production de phenoloxidases ( molécule produite par le système immunitaire) par P. ostreatus dans le substrat malgré une colonisation moins abondantes dans le substrat.
Dans le cas d’un substrat ou d’un milieu où est présent naturellement du Trichoderma, une super pasteurisation est préférable. Il s’agit d’une pasteurisation à la vapeur autour de 90°C durant 12 à 24h, sans ajout de pression. Elle peut être appliquée sur des substrats supplémentés pour supprimer d’avantage de spore de trichoderma tout en limitant la suppression des organismes thermophiles, qui peuvent continuer à créer un équilibre biologique dans le substrat.
Pasteurisation
La pasteurisation ne produit généralement pas de pousse de Trichoderma. En effet avec un température comprise entre 70 et 80°C, les matières du substrat ne sont pas fragmentées par la chaleur et elles ne relâchent donc pas de nutriment facilement assimilables dans le milieu, propice au développement du trichoderma.
Si le substrat est suspecté de contenir de forte charge de spores de Trichoderma, alors il faut mieux le pasteuriser, paradoxalement, moins longtemps et à température moins forte. 60°C durant 30min permettra de limiter la présence d’organisme mésophiles sans pour autant relâcher des nutriments du substrat avec sa destruction par la chaleur.
Comme nous l’avons vu plus haut, la pasteurisation à la chaux peut être une bonne méthode pour les substrat simple.
Attention, tous substrat naturellement contaminé par du trichoderma diminuent les chances de culture de vos champignons malgré tous les conseils que j’ai pu vous donnez !
Si vous avez des questions ou des remarques en rapport avec le Trichoderma, n’hésitez pas à nous les laisser en commentaire ! 🙂
Bonjour ,super article ,Vraiment merci pour tes explications car la dernière fois que j’ai fait une culture de pleurotes , je crois que j’ai perdu 2/3 a cause de Trichoderma . Cela m’aidera probablement pour géré mon substrat .
Merci de ton commentaire Roro 🙂
Salut, merci pour ton article et ton travail, tu es le seul francophone à ma connaissance à donner de vrais informations en mycologie appliquée, c’est précieux pour tout ceux qui n’ont pas accès à la langue de Shakespeare.
Oui, petite question :
Erreur de débutant dans ma jolie tente de 2x2x2m j’ai posé des étagères avec des placards en bois aggloméré, puis après 2 mois, TOUTS mes placards ont sporulé durant la même nuit, certainement du Trichoderma, on aurait dit qu’il avait lu « l’art de la guerre » 😉
La question est : La tente est-elle récupérable, où la teneur en spores dans les coutures, etc., la rend inutilisable long terme comme salle de fructification? Si l’on peut la récupérer, quelle est la meilleure méthode ? Eau de javel, vinaigre, bicarbonate de soude ? Merci infiniment ! Floyd
Salut, Merci beaucoup pour ce commentaire! je pense que c’est récupérable ! Deux bons lavages au javel diluer à 10%, espacés de 24h 🙂
Pour ce qui est des étagères, je te conseil des étagères « creuses » type grillage pour que l’humidité et l’air puissent mieux être homogénéisés à l’intérieur de ta chambre de culture.
Très instructif. Merci.
Merci pour le commentaire ! 🙂
Merci Andréas, c’était super intéressant <3 Captivant !
Bonjour Marion,
Merci beaucoup de ton message ! <3 🙂
Andréas
Merci beaucoup pour l’article, j’ai utilisé certaines de ses informations dans ma mémoire de fin d’études
Bonjour,
Merci beaucoup cela me touche 🙂
Bonjour merci pour les infos ma question : est ce que possible de faire une culture de trichoderma et l’introduire dans le compost pour l’enrichir et pour lutter contre quelques parasites du sol ?
Bonjour, je n’ai pas de protocole à vous proposer, mais cela doit pouvoir être réaliser en effet.