L’inoculation des milieux de culture pour champignons

Lorsque l’on poursuit son apprentissage dans le domaine de la culture fongique, on arrive forcément à un moment où l’on a besoin d’apprendre l’inoculation des milieux de culture pour champignon. Dans cet article, je vous explique tous ce que vous devez savoir sur le sujet : qu’est ce que c’est ? Sous quelle forme ? Qu’est-ce qu’il y a à prendre en compte ? Comment procéder ?

Qu’est ce que l’ensemencement, l’inoculation ou encore le lardage ?

L’acte d‘inoculer, d’ensemencer ou encore de larder, c’est le moment ou vous introduisez, ce que l’on appelle un inoculum, ou un inoculant, qui est généralement des spores, du mycélium ou un morceau de champignon, dans un milieu nutritif pour que la souche fongique s’y développe.

On peut trouver de nombres type d’inoculants :

• Le mycélium sur grain
• La culture liquide
• Le mycélium sur agar
• Le mycélium sur carton
• Le mycélium sur sciure
• Les carpophores frais
• Les chevilles de bois

Pour savoir quel substrats vous pouvez ensemencer avec quel inoculant, je vous conseil l’article suivant au préalable : « Quoi ensemencer avec quoi ?« 

Vue d’ensemble du processus d’inoculation

L’inoculation intervient à divers moments du cycle de culture des champignons.

Voici une esquisse des différentes phases d’inoculation, détaillées ultérieurement dans cet article :

1. Phase de sélection: Les myciculteurs partent de tissu fongique ou de spores pour cultiver du mycélium sur un support riche en nutriments, aboutissant à la création d’une culture en boîte de Pétri ou une culture liquide.
   
2. Phase de mycélium sur grain: Utilisant le mycélium obtenu, les myciculteurs inoculent des grains stériles pour multiplier le mycélium.
   
3. Phase de multiplication: Les grains inoculés permettent soit de produire davantage de mycélium sur grains, soit d’inoculer de la sciure pour préparer la semence destinée à l’extérieur.
   
4. Phase de substrat de fructification: La dernière étape c’est l’utilisation du mycélium sur grain ou sur sciure pour inoculer des substrats volumineux tels que la paille, de la sciure enrichie, des bûches, ou des plates bandes en extérieur, en vue de produire des champignons.

Élément à prendre en compte pour le processus d’inoculation

Pour réussir au mieux votre inoculation, il y a quelques paramètres à prendre en compte et à étudier si vous souhaitez mettre toutes les chances de votre côté pour la bonne réussite de votre futur milieu fongique ensemencé.

Le lieu d’inoculation

Le choix du lieu d’inoculation dépend du substrat utilisé, lui-même sélectionné en fonction du type de champignon à cultiver.

Les substrats pauvres en nutriments tels que le carton, la paille, la bagasse de canne à sucre, la fibre de coco et la sciure non enrichie ne requièrent pas un environnement stérile pour l’inoculation.

Ces substrats peuvent être inoculés dans un espace propre sans courant d’air, après s’être assuré de la propreté des mains, des surfaces de travail et des outils.

Pour la culture en extérieur sur des substrats riches en carbone, mais pauvres en nutriments, comme les bûches ou les lits de culture avec des copeaux de bois ou de la paille, il n’y a pas besoin de prendre des mesures particulières.

Néanmoins, pour la production de semence en grains, de culture liquide, d’agar ou de substrats supplémentés, l’inoculation doit se faire dans un milieu stérile.

Pour de petits volumes à traiter, une still air box ou un bec Bunsen peuvent suffire, mais pour des volumes plus importants, l’idéal est de travailler devant une hotte à flux laminaire.

Le Taux d’ensemencement, d’inoculation ou de lardage

Le taux d’ensemencement, d’inoculation ou encore de lardage désigne la même chose : la quantité de semence de champignon ou de culture liquide à ajouter au substrat, souvent exprimé en pourcentage du poids humide du substrat.

Le taux idéal d’inoculation équilibre la vitesse de colonisation avec le coût de production de la semence par kg de champignon produit.

Un taux d’ensemencement élevé accélère la colonisation, mais n’augmente pas nécessairement le rendement, mis à part pour l’utilisation du mycélium sur grain.

L’objectif est d’utiliser la quantité minimale de semence sans pour autant allonger significativement le temps de colonisation ou accroître le risque de contamination.

Les taux de semence varient selon les substrats, pour de la paille ou de la sciure brute compter entre 5 et 20 % d’inoculation. Pour un substrat supplémenté, vous n’avez besoin que de 1 à 5 % de semence. Pour la culture liquide, entre 10 et 30 mL par litre de grain humide suffisent.

Le type de champignon influence également le taux d’inoculation ; certaines espèces plus capricieuses et à colonisation lente peuvent nécessiter une quantité de semence plus élevée. Je pense par exemple aux shiitakés, aux énokis ou aux shimejis.

Pour les débutants, n’hésitez pas à démarrer avec un taux d’inoculation plus élevé, cela augmente les chances de succès lors de la première culture.

Comment procéder à l’Inoculation ?

La procédure d’inoculation est propre à chaque substrat, chacun étant différent par nature et chacun utilisant un inoculant différent. Je vous propose donc des synthèses de cette méthode et de leur processus.

Méthodes d’inoculation des boites de pétri

Pour réaliser l’ensemencement des géloses d’agar ou utiliser un clonage de carpophore ou bien un autre morceau de gélose.

Ces milieux étant très sensibles à la contamination, on réalise cette opération devant une hotte à flux laminaire. Les conditions de propreté doivent être impeccables.

Le champignon ou la gélose ensemencée est nettoyé à l’alcool avant d’être ouvert et prélevé.

La boite de pétri vierge est ensuite ouverte devant la hotte à flux laminaire et l’on y place un morceau d’inoculant en son centre. Vous pouvez y placer plusieurs morceaux pour augmenter vos chances de réussite.

La boite est immédiatement refermée après ensemencement et entourée d’un morceau de Parafilm, qui est un filtre protecteur. Puis elle est envoyée en incubation.

Pour en savoir plus je vous conseil cet article sur la confection d’un gélose d’agar pour la culture des champignons : « Fabriquer son milieu gélosé à base d’agar« 

Méthodes d’inoculation de la culture liquide

Pour la culture liquide, elle peut être ensemencée avec une autre culture liquide ou bien un morceau de gélose pour commencer une culture liquide mère.

Dans le cadre d’un ensemencement de culture liquide vers culture liquide, vous pouvez utiliser seulement un bec Bunsen comme environnement hygiénique.

Cependant pour le transfert de gélose dans une culture liquide, vous vous devez d’avoir une hotte à flux laminaire pour ne pas risquer la contamination.

Une fois le conteneur de l’inoculant nettoyer à l’alcool prélever de la culture liquide ou un morceau de gélose. La culture liquide sera directement injectée via un pore d’injection et pour le morceau d’agar ensemencé, il faudra donc ouvrir le couvercle et le refermer rapidement.

Une fois l’opération réaliser, vous pouvez envoyer le tout en incubation.

Pour en savoir plus sur la confection de culture liquide, vous pouvez lire cet article : « Comment fabriquer une culture liquide?« 

Méthodes d’inoculation des grains

Pour procéder, les myciculteurs emploient soit de la culture liquide soit des géloses d’agar ensemencé.

Cette opération requiert une hotte à flux laminaire ou bien un bec Bunsen à minima au vu des substrats nutritifs utilisés.

Nettoyer votre culture liquide ou votre boite de pétri à l’alcool avant de l’ouvrir, puis introduisez la semence de champignons en injectant la culture liquide ou en y plaçant délicatement des morceaux de gélose d’agar ensemencée.

Après avoir ajouté la culture dans le bocal ou sac de grains, agitez pour bien répartir la culture au sein des grains, puis envoyer le tout en incubation.

Pour en savoir plus pour réaliser votre mycélium sur grain à partir de mycélium sur grain, vous pouvez consulter cet article : « Comment fabriquer du mycélium sur grain ? »

Méthodes d’inoculation pour les substrats de fructification

Pour la culture intérieure de champignons, l’utilisation de mycélium sur grains est souvent privilégiée pour inoculer des substrats de fructification, car celui-ci apporte un supplément nutritif azoté.

En alternative, on peut utiliser du mycélium sur sciure, qui est moins nutritif, mais également moins sensible à la contamination.

Comme dit précédemment, l’inoculation d’un substrat supplémenté nécessite un environnement stérile pour maximiser vos chances de réussite.

Une fois ensemencer, les sacs de culture sont refermés et homogénéisés à la main.

Pour des substrats à base de sciure ou de paille, préférez ensemencer le substrat en couche : une couche de mycélium, puis une couche de substrat.

Pour mélanger de gros volume de substrat brut, vous pouvez mélanger au préalable la semence au substrat dans une cuve ou un seau avant de le transférer dans des sacs en colonne ou seaux.

Cette étape assure une distribution homogène de la semence à travers le substrat.

Méthodes d’inoculation des Bûches

L’inoculation des bûches en extérieur se fait généralement avec de la semence en cheville ou du mycélium sur sciure.

Il existe principalement deux techniques d’inoculation pour les bûches : la méthode traditionnelle et la méthode du totem.

La méthode traditionnelle requiert de percer des trous dans les bûches, d’y insérer les chevilles de bois ou en sciure, puis de sceller le tout avec de la cire.

Les chevilles sont particulièrement adaptées aux débutants ou à ceux qui n’ont que quelques bûches à inoculer et ne souhaitent pas investir dans du matériel supplémentaire.

Toutefois, pour des projets d’envergure, il est judicieux d’investir dans un outil d’inoculation, car le mycélium sur sciure n’est pas simple à inoculer dans les bûches percées.

La méthode du totem, elle, consiste simplement à empiler trois tronçons de bûches d’environ 20 à 30 cm de diamètre verticalement, en intercalant du mycélium sur sciure entre chaque morceau.

Inoculer des Lits de Culture pour Champignons

Pour la culture de champignons en extérieur dans des lits, l’utilisation de mycélium sur sciure est souvent recommandée, car les oiseaux et autres rongeurs sont friands de la semence de grains.

Le couchage est la technique de distribution la plus utilisée pour les cultures en lit. Une couche de substrat, puis une couche de mycélium, ainsi de suite.

La concurrence des micro-organismes étant relativement élevé en extérieur, n’hésitez pas à ensemencé copieusement vos lits de substrat.

Une fois ensemencé, la nature fera le reste !

Vous avez une vidéo sur un lit de culture ICI si le sujet vous intéresse davantage : « VIDEO : Analyse d’une culture de pleurote en extérieur »

Conclusion

Il existe plus d’une manière d’inoculer des substrats et de cultiver des champignons, et il peut être tentant pour les débutants de vouloir tout apprendre en même temps.

Mais cela n’est pas quelque chose que je vous recommande. Ne pas tout faire soi-même au départ et commencer petit à petit sont deux leçons que j’ai apprises à la dure.

Si vous êtes débutant, je vous recommande de commencer par vous entrainer à l’inoculation d’un substrat brute en intérieur ou bien en extérieur. Ensuite seulement avec des substrats supplémentés.

L’étape suivante sera d’inoculer vous-même du grain avec d’autres grains ou de la culture liquide, puis enfin de réaliser l’ensemencement de milieu culture liquide et d’agar.

Merci d’avoir lu cet article sur l’inoculation des milieux de culture fongiques. Si vous avez des questions ou des remarques, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire 🙂