Le pleurote du panicaut, dit Pleurotus eryngii de son nom scientifique, est unique par son apparence et sa flexibilité culinaire. Il est à peine plus dur que les autres pleurotes à faire pousser, et drôle à observer se développer. C’est pour ça que dans cet article, je vous explique comment cultiver le pleurote du panicaut. Je vous parle de son écologie, de sa culture dans le monde et bien évidemment de ses spécificités de culture! Et enfin une synthèse des paramètres de culture. Bonne lecture les myciculteurs!
L’écologie du pleurote du Panicaut
Le pleurote du panicaut a une forme de chapeau en entonnoir, concave, avec un pied large, la morphologie inverse des autres types de pleurote!
C’est un champignon qui se trouve à l’état sauvage. Il pousse durant la période de printemps et de l’automne sous nos latitudes occidentales.
Pleurotus eryngii, de son nom scientifique est un décomposeur primaire. Il se nourrit de matière organique carbonée, comme le bois mort de feuillus.
On le trouve naturellement dans les prairies pauvres en matière organique. Son nom « panicaut » provient du fait qu’il pousse, de manière parasitaire, sur les racines du Panicaut champêtre. Il s’agit d’une plante de la « famille » des chardons.
En effet, les pleurotes ne sont pas seulement des champignons saprophytes : qui se nourrissent de matière organique morte. Si leurs environnements ne leurs offrent pas de source de nourriture suffisamment abondante, ou si une plante à proximité est faible, ils peuvent devenir parasites de manière opportune.
La culture du pleurote du panicaut dans le monde
C’est un champignon originaire d’occident, mais il est cultivé dans beaucoup de pays d’Asie, notamment au Bangladesh. Il est cultivé sur la sciure que produit l’industrie du bois. On le produit aussi en Afrique, en Égypte par exemple. En Italie il est également très prisé. On le nomme « Cardoncello », en référence au chardon à coté duquel il pousse fréquemment à l’état sauvage.
Pleurotus eryngii occupe, avec les autres pleurotes, la troisième place mondiale des champignons les plus cultivés.
Sa chaire est fine,très ferme et il se conserve bien. À la cuisson, son parfum est plus prononcé que les autres pleurotes, ce qui en fait un mets de choix dans les pays où l’accès à la viande est moins développé.
En Amérique, ce pleurote a assis sa réputation avec le nom de « King Oyster » qui signifie, le pleurote royal.
Comment cultiver le pleurote du Panicaut?
On peut cultiver des pleurotes du panicaut chez soi, au même type que les autres pleurotes.
Vous pouvez les trouver sous forme de kit de culture, mais ici je parlerai de la méthode sans kit de culture.
Les étapes de culture sont basiques, comme pour les autres champignons. Vous trouverez dans cet article les détails des étapes. Je vous propose çi-dessous une synthèse des étapes:
- 1)Obtenir du mycélium de pleurote sur grains.
Remarque: Ici je n’aborderai pas les techniques de clonages, de multiplication à base de spores ou de culture liquide, qui demande déjà une certaine expertise dans la culture des champignons.
=> Ici une interview de Quentin, myciculteur à la Mycophère, champignionière bio ! <=
- 2) Stériliser ou pasteuriser votre substrat.
- 3) Inoculer votre substrat avec le mycélium sur grain
- 4) Incuber le substrat à une température de 24°C durant 5 jours environ.
- 5) Initier la formation des pimordias à une température inférieure à 15°C avec une hygrométrie à 100%.
- 6) Faire fructifier le substrat entre 15 et 20°C avec une humidité avoisinant les 85 à 90%.
- 7) Relancer une initiation des primordias après la première récolte. Vous pouvez obtenir 2 à 3 récoltes avec Pleurotus eryngii.
Si vous connaissez les étapes de base, je vous invite à poursuivre l’article, je vais vous parler des spécificités de cette culture.
Spécificité n°1 de la culture des pleurotes de panicaut: Le substrat.
Le King oyster comme le nomme les Américains, est un champignon un peu plus difficile au niveau de la nourriture.
Pour son substrat, il n’apprécie pas la paille de céréale, préférez lui les cosses de soja. La sciure, ou les granulés de bois feront aussi l’affaire, avec un taux de carbone plus élevé pour faire pousser ce champignon. La performance du substrat dépend également de la souche de pleurote utilisée, plus ou moins adaptée à la nourriture que l’on lui donne.
Pour en savoir plus sur l’influence du substrat et des souches du pleurote de panicaut, je vous invite à lire l’étude de Mahbuba Moonmoon, 2010 : « Cultivation of different strains of king oyster mushroom (Pleurotus eryngii) on saw dust and rice straw in Bangladesh«
Si vous souhaitez supplémenter son substrat, je vous conseille de ne pas utiliser plus de 30% de supplémentation azotée. Vous ne tirerez pas significativement plus de rendement, et vous favoriserez davantage les contaminations bactériennes.
Comme supplémentation pour la culture, je vous conseille des graines de tournesols, particulièrement riches en huile, elles sont un substrat apprécié du pleurote de panicaut.
Pour en savoir plus sur l’influence de la supplémentation chez Pleurotus eryngii, je vous propose de vous référer à l’étude de Fathy Hassan, 2010 : « Cultivation on the king oyster mushroom (Pleurotus eryngii) in Egypt »
Au moment de l’ensemencement j’ai obtenu de bon résultats avec un pH de substrat entre 7,5 et 8,5. N’utilisez donc pas de sciure de conifère qui possède un ph naturellement acide.
La culture du pleurote du panicaut est également possible sur rondin ou bûche de bois. Préférez des arbres feuillus.
Spécificité n°2: Des paramètres de culture plus adaptés.
Comme tous les champignons, Pleurotus eryngii a des préférences au niveau de son environnement de culture.
Il aime l’humidité autour de 85 à 90% en fructification. Si vous augmentez davantage l’hygrométrie, vous pourriez avoir au niveau des fruits des déformations au niveau du chapeau, ce qui n’est pas idéal si vous souhaitez le produire à échelle commerciale.
Le CO2 n’est pas l’ami des champignons. ils ont besoin d’oxygène pour respirer. Mais en réduisant légèrement la ventilation de votre pièce, cave de culture, vous allez augmenter légèrement le taux de carbone de l’air. Cela aura pour effet de faire grossir le pied des pleurotes du panicaut, ce qui peut être agréable et de bon augure pour vous même, ou pour vos éventuels clients.
Spécificité n°3: Une initiation fructifère plus précise
La culture des pleurotes est très facile. Mais pour cultiver le pleurote du panicaut, il faut davantage de précision si vous voulez voir un jour les fruits apparaitre.
L’initiation fructifère, c’est donc la formation des bébés champignons. les pleurotes ne demandent pas d’induction spéciale. Une simple exposition à l’oxygène, un peu de lumière et une forte hygrométrie.
Le pleurote du panicaut a besoin davantage. Premièrement il est très sensible au taux l’humidité lors de la formation des primordias.
Les sporophores, qui sont les fruits des champignons poussent lorsque l’organisme est stressé. Pour stresser convenablement le pleurote du panicaut, vous pouvez laisser le substrat à une température de 10°C durant 48h. Par la suite, grattez légèrement le dessus du substrat pour induire une perturbation physique et favoriser l’apparition des bébés champignons.
Ensuite, pour aider le King oyster, vous pouvez utilisez de la terre de gobetage. C’est une matière inerte, non organique qui est déposée directement sur la surface à l’air. Cela permet aux primordias d’évoluer dans un environnement suffisamment humide lors de leurs formation. Surtout que le pleurote du panicaut est plus lent à pousser que ses congénères.
Vous pouvez utilisez de la perlite, de la vermiculite, de la fibre de coco également pour terre de gobetage!
Récap’
Vous connaissez à présent les spécificités pour cultiver le pleurote du panicaut.
- Pour le substrat utilisez plutôt de la sciure de feuillus, plutôt que de la paille.
- Ne pas trop humidifier l’environnement lors de la fructification pour éviter les déformations, gérez la ventilation pour obtenir des pieds d’une belle épaisseur.
- Favorisez le développement des primordias avec une baisse de la température et un stress physique. Utilisez de la terre de gobetage pour maximiser l’humidité de la surface du substrat.
Synthèse des paramètres de culture du Pleurote du panicaut
Paramètres d’incubation du Pleurote du panicaut
| Température d’incubation | 24°C |
| Humidité relative | 90 à 95% |
| Durée d’incubation | 12 à 16 jours |
| Concentration de C02 | 5000 à 20000ppm |
| Échange d’air frais | 1 volume/h |
| Besoin en lumière | n/a |
Paramètres d’initiation des primordias du Pleurote du panicaut
| Température d’initiation | 10 à 15°C |
| Humidité relative | 95 à 100% |
| Durée d’initiation | 4 à 5 jours |
| Concentration de C02 | 500 à 1000ppm |
| Échange d’air frais | 4 à 8 volume/h |
| Besoin en lumière | 500 à 1000lux |
Paramètres de fructification du Pleurote du panicaut
| Température de fructification | 15 à 21°C |
| Humidité relative | 85 à 90% |
| Durée de fructification | 4 à 8 jours |
| Concentration de C02 | <2000ppm |
| Échange d’air frais | 4 à 5 volume/h |
| Besoin en lumière | 500 à 1000lux |
| Nombre de récolte | 2 récoltes à 2 semaine d’intervalle |
Et vous alors? Avez-vous déjà essayé la culture du pleurote du panicaut? N’est t’il pas délicieux? Dites le nous en commentaire! 🙂
Merci pour vos conseils, j’aimerais une réponse à mon problème. Dans le cas des pleurotes j’ai parfois un nombre de carpofores très important par rapport à la taille du substrat et alors ils ne se développent pas. Faut-il sacrifier une partie d’entre eux pour obtenir des pleurotes de bonnes taille ?
Bonjour,
Oui le sacrifice de primordias ( bb champignons ) est possible. Sinon une autre solution consiste à gérer la taille et le nombre de trous pour obtenir plus de moins de carpophore. Un haut niveau de C02 peut également influencer la formation de nombreux primordias, peut être privilégier une bonne aération dans ce cas la.