Les champignons jouent un rĂŽle essentiel dans les Ă©cosystĂšmes en tant que dĂ©composeurs et recycleurs de la matiĂšre, mais ils interagissent Ă©galement avec d’autres organismes vivants. Dans cet article, nous explorerons les diffĂ©rentes interactions entre les champignons et les divers ĂȘtres vivants de leur environnement, de la symbiose Ă la prĂ©dation, en mettant l’accent sur la dĂ©finition et des exemples pour chaque thĂšme.
Nous verrons les interactions suivantes :
- La symbiose
- Le mutualisme
- Le commensalisme
- L’amensalisme
- Le parasitisme
- La prédation
Pour vous expliquer les diffĂ©rentes interactions dans cet article, j’ai fait en sorte de vraiment catĂ©goriser et mettre dans des cases, les interactions, pour que vous puissiez plus facilement en comprendre l’essence.
La symbiose, interaction [+ ++]
La symbiose dĂ©crit une relation Ă©troite, durable et bĂ©nĂ©fique entre deux organismes d’espĂšces diffĂ©rentes. Dans ce type de relation, les organismes impliquĂ©s, appelĂ©s symbiontes, dĂ©veloppent gĂ©nĂ©ralement des adaptations spĂ©cifiques qui leur permettent de coexister de maniĂšre harmonieuse. Cette vie en commun est obligatoire pour au moins un des organismes impliquĂ©s.
Voyons maintenant quelques exemples de relations symbiotiques :
- Termites et champignons : En Afrique, certains termites du genre Macrotermes ont une relation symbiotique avec des champignons du genre Termitomyces, quâils abritent dans leurs termitiĂšres. Les termites rĂ©coltent des dĂ©bris vĂ©gĂ©taux, les stockent dans leur terrier et les mĂ©tabolisent en nutriments pour les champignons. Les champignons produisent ensuite des corps fructifĂšres, qui sont consommĂ©s par les termites comme une source importante de nourriture. Cette relation est obligatoire seulement pour le champignon.
Un autre exemple intĂ©ressant de symbiose : termites et champignons. En Amazonie, des termites arboricoles du genre Nasutitermes, mangent les dĂ©chets organiques de bois, et dans leur estomac se trouve des champignons du genre Pseudotrichonympha, dit endosymbiontes, qui vivent donc dans leur « estomac ». Et ils vont dĂ©composer la cellulose et la lignine du bois et relĂącher des nutriments que les termites vont pouvoir absorber. Dans ce cas-lĂ , la relation est obligatoire pour les deux partenaires. - Champignons et algues/cyanobactĂ©ries : Les lichens sont une symbiose entre un champignon et une algue ou un champignon et une cyanobactĂ©rie. Par exemple, le lichen d’arbousier est composĂ© du champignon Arthonia radiata et de l’algue Trebouxia erici. Le champignon fournit un support et une protection pour l’algue tandis que celle-ci produit des nutriments par photosynthĂšse pour le champignon. Cette relation symbiotique est obligatoire pour les deux parties car elles ne peuvent pas survivre sans l’autre.
- Arbres et champignons : Les mycorhizes sont une autre forme de symbiose entre les racines des plantes et les champignons. En exemple, les arbres de la famille des Pinaceae ont des racines qui sont incapables de prĂ©lever suffisamment de nutriments dans le sol. Ils ont donc Ă©tabli une association avec les champignons mycorhiziens du genre Rhizopogon, oĂč les champignons fournissent des nutriments essentiels, comme le phosphore et l’azote Ă l’arbre, en Ă©change de sucres produits par la photosynthĂšse de cet arbre. L’association est obligatoire pour l’arbre seulement, les champignons du genre Rhizopogon peuvent ĂȘtre trouvĂ©s Ă l’Ă©tat libre.
- Limaces et champignons : Dans les truffiĂšres, des limaces du genre Deroceras ont Ă©tĂ© Ă©liminĂ©es, car les producteurs les voyaient rĂ©guliĂšrement se nourrir de leur truffe. La premiĂšre annĂ©e a Ă©tĂ© extrĂȘmement productive, mais la deuxiĂšme nâa donnĂ© aucune truffe. Les chercheurs se sont rendus compte que les limaces mangeaient effectivement les truffes, mais en les ingĂ©rant, les spores nâĂ©taient pas digĂ©rĂ©es, mais dissĂ©minĂ©es dans le sol dans des excrĂ©tions fertiles.
Jâaime beaucoup ce dernier exemple, car on peut se demander si finalement, ces limaces ne sont pas un organe reproducteur Ă part entiĂšre des truffesâŠâ?
Le mutualisme, interaction [+ +]
Le mutualisme est une interaction dans laquelle deux espĂšces diffĂ©rentes bĂ©nĂ©ficient l’une de l’autre de maniĂšre rĂ©ciproque. Dans une relation de mutualisme, les deux espĂšces coopĂšrent pour obtenir des avantages tels que la nourriture, la protection, ou la reproduction. Il permet aux espĂšces une meilleure adaptation et survie dans leur environnement commun. Les interactions mutualistes sont facultatives, car le degrĂ© de dĂ©pendance entre les deux espĂšces est plus faible que dans une symbiose.
- Ăponge et champignons : Dans les mangroves, certaines espĂšces d’Ă©ponges marines ont une relation mutualiste avec des champignons. Un exemple rĂ©cent est l’association entre l’Ă©ponge Theonella swinhoei et le champignon Aspergillus sydowii. Le champignon produit des substances chimiques qui aident Ă protĂ©ger l’Ă©ponge contre les prĂ©dateurs, tandis que l’Ă©ponge fournit un environnement favorable pour la croissance des champignons. Cette association n’est pas obligatoire, Ă la base, Aspergillus sydowii est simplement un champignon saprophyte.
- Abeilles et champignons : Certaines espĂšces d’abeilles ont une relation mutualiste avec des champignons. Notamment avec les champignons de type polypore, comme le rĂ©ishi et l’amadou. Les abeilles attirĂ©es par le mycĂ©lium de ces champignons, s’en nourrissent leur permettant de diminuer les niveaux infectieux de leurs ruches de maniĂšre significative. En Ă©change, les abeilles transportent des spores de ces champignons lignivores. Si un arbre adaptĂ© est blessĂ©, notamment par les griffes de certains mammifĂšres, les abeilles peuvent aller prĂ©lever de la sĂšve juste sous l’Ă©corce et dĂ©poser quelques spores de champignons.
- Arbres et champignons : Les champignons endophytes forment des associations mutualistes avec les plantes en fournissant une protection contre les herbivores, les maladies et le stress environnemental en Ă©change d’un habitat et de nutriments fournis par la plante hĂŽte. Par exemple, une Ă©tude a montrĂ© que plusieurs espĂšces de champignons endophytes prĂ©sents dans les feuilles d’un arbre tropical, le margousier produisent des composĂ©s toxiques pour les chenilles de papillons, qui sont des herbivores courants de l’arbre. Ces composĂ©s sont absorbĂ©s par la plante et se transforment en insecticides naturels, offrant ainsi une dĂ©fense efficace contre ces herbivores.
Le commensalisme [+ 0]
Le commensalisme est une interaction dans laquelle une espĂšce, le commensal, bĂ©nĂ©ficie de l’autre sans lui causer de dommage ou de bĂ©nĂ©fice significatif en retour. Dans ce type de relation, une espĂšce profite de l’habitat, de la nourriture, du transport ou de la protection fournie par une autre espĂšce, sans l’affecter positivement ou nĂ©gativement.
- BactĂ©ries et champignons : Par exemple, les champignons saprophytes du genre Pleurotus peuvent dĂ©composer la matiĂšre organique dans le sol, crĂ©ant ainsi un environnement favorable Ă la croissance des bactĂ©ries dĂ©nitrifiantes. Les bactĂ©ries dĂ©nitrifiantes par exemple du genre Pseudomonas peuvent alors utiliser l’azote organique fourni par les champignons pour leur cycle respiratoire. Cette interaction est neutre pour les champignons et favorable pour les bactĂ©ries.
- Humains et champignons : La levure Candida albican est naturellement prĂ©sente dans lâorganisme de 70 % des personnes en bonne santĂ©. La levure profite du gite et du couvert dans nos muqueuses ou notre estomac, sans causer dâeffet nĂ©gatif ou positif. En tout cas, quand lâĂ©quilibre est respectĂ©. Cette interaction est neutre pour lâhumain et positive pour le champignon.
- Arbres et champignons : Lorsqu’une branche meurt directement sur un arbre de type feuillu, un champignon saprophyte, Xylaria hypoxylon, peut intervenir et va venir consommer directement le bois mort de l’arbre. Ătant donnĂ© que Xylaria hypoxylon se nourrit de bois mort et ne s’attaque pas aux tissus vivants des arbres, il est considĂ©rĂ© comme un commensal. Il profite de la prĂ©sence de l’arbre hĂŽte mort pour se nourrir et se dĂ©velopper, sans affecter nĂ©gativement l’arbre vivant Ă proximitĂ©. Dans cette relation, le champignon bĂ©nĂ©ficie de l’arbre mort, tandis que l’arbre vivant n’est ni avantagĂ© ni dĂ©savantagĂ©.
Cependant, il est important de noter que parfois le commensalisme peut parfois conduire Ă une forme de mutualisme comme on l’a vu, ou de parasitisme, comme on le verra, en fonction des changements environnementaux ou de la relation Ă long terme entre les espĂšces impliquĂ©es.
Lâamensalisme [0 -]
L’amensalisme est une forme d’interaction biologique entre deux espĂšces, dans laquelle une espĂšce est nĂ©gativement affectĂ©e par l’autre sans ĂȘtre elle-mĂȘme affectĂ©e positivement ou nĂ©gativement. Dans ce type de relation, une espĂšce Ă©met une substance toxique ou inhibitrice qui empĂȘche la croissance ou la survie d’une autre espĂšce, sans ĂȘtre elle-mĂȘme affectĂ©e par cette substance.
- Champignons et bactéries dans le sol : Les espÚces de Penicillium, présentes dans le sol, produisent des substances antimicrobiennes, comme la pénicilline, qui inhibent la croissance de certaines bactéries du sol, telles que les Staphylococcus et les Streptococcus. Cette interaction est neutre pour les champignons, car la production de pénicilline ne leur procure pas de bénéfice direct, mais elle est défavorable pour les bactéries qui sont inhibées.
- Champignons et microalgues : Les champignons du genre Pythium peuvent produire des substances toxiques qui inhibent la croissance d’algues microscopiques, comme les diatomĂ©es (Bacillariophyta), dans les zones humides oĂč les deux organismes cohabitent. Les Pythium se dĂ©veloppent sur la matiĂšre organique prĂ©sente dans le sol et utilisent les nutriments disponibles, sans ĂȘtre affectĂ©s par les algues. Cette interaction est dĂ©favorable pour les diatomĂ©es, tandis que les champignons ne sont pas affectĂ©s.
- Champignons et mousses : Dans les forĂȘts humides et les zones ombragĂ©es oĂč les mousses et les bryophytes prospĂšrent, les champignons de la famille Mucoraceae peuvent entrer en compĂ©tition avec ces organismes pour l’espace et les ressources. Les Mucoraceae, comme Mucor hiemalis, produisent des substances toxiques qui inhibent la croissance des mousses, telles que celles du genre Bryum, et d’autres bryophytes, crĂ©ant une interaction d’amensalisme. Les champignons Mucoraceae se dĂ©veloppent sur la matiĂšre organique prĂ©sente dans le sol, dĂ©composant les feuilles et les branches mortes, et utilisent les nutriments disponibles sans ĂȘtre affectĂ©s par les mousses. Cette interaction est dĂ©favorable pour les mousses, tandis que les champignons ne sont pas affectĂ©s.
Dans chaque exemple, le champignon est capable d’affecter nĂ©gativement une autre espĂšce sans en tirer de bĂ©nĂ©fice direct. L’amensalisme peut jouer un rĂŽle important dans la rĂ©gulation des communautĂ©s fongiques et la compĂ©tition pour les ressources dans les Ă©cosystĂšmes.
Le parasitisme [+ -]
Le parasitisme est une interaction biologique entre deux espĂšces, dans laquelle une espĂšce, appelĂ©e parasite, tire profit dâune autre espĂšce, appelĂ©e hĂŽte, au dĂ©triment de cette derniĂšre. Le parasite qui peut causer des dommages physiques, physiologiques ou comportementaux Ă lâhĂŽte. Les parasites utilisent souvent leur hĂŽte comme source de nourriture ou de refuge, Les interactions parasitaires peuvent ĂȘtre obligatoires ou facultatives, selon le degrĂ© de dĂ©pendance entre les deux espĂšces.
- Plantes et champignons : Le champignon du genre Puccinia est un parasite qui infecte les feuilles de plantes, comme le blĂ©, en utilisant leur tissu pour se nourrir et se reproduire. Cette interaction provoque des dommages aux cultures, avec des effets nĂ©fastes pour les plantes hĂŽtes, tandis que le champignon bĂ©nĂ©ficie de la disponibilitĂ© des nutriments et de l’Ă©nergie fournie par la plante.
- Champignons et amphibiens : Certaines espĂšces de champignons du genre Chytridiomycota peuvent infecter la peau des amphibiens. L’infection peut provoquer la chytridiomycose, une maladie qui affecte la peau et la capacitĂ© des amphibiens Ă respirer et Ă rĂ©guler leur Ă©quilibre hydrique. Bien que cette infection puisse ĂȘtre fatale pour certains amphibiens, d’autres peuvent survivre et continuer Ă vivre avec le champignon. Dans cette relation de parasitisme, le champignon tire profit de l’amphibien hĂŽte pour se nourrir et se dĂ©velopper, tandis que l’amphibien est affectĂ© nĂ©gativement, mais n’est pas nĂ©cessairement tuĂ©.
- Champignons et poissons : Les champignons du genre Saprolegnia peuvent infecter les poissons, provoquant des infections fongiques externes appelées saprolegniose. Les infections à Saprolegnia se manifestent généralement par des plaques cotonneuses sur la peau, les nageoires ou les branchies des poissons. Bien que ces infections puissent causer des problÚmes de santé chez les poissons et réduire leur croissance et leur reproduction, elles ne sont pas toujours fatales. Dans cette relation de parasitisme, le champignon Saprolegnia tire profit du poisson-hÎte pour se nourrir et se développer, tandis que le poisson est affecté négativement.
Dans chaque exemple, le champignon tire profit de l’hĂŽte, souvent au dĂ©triment de celui-ci, en utilisant son corps ou ses ressources comme source de nourriture pour sa propre croissance et reproduction.
La prĂ©dation [+ –]
La prédation est une interaction biologique entre deux espÚces, dans laquelle une espÚce, appelée prédateur, chasse, tue et consomme une autre espÚce, appelée proie, pour se nourrir.
Les prĂ©dateurs ont souvent des adaptations physiques, comportementales ou physiologiques qui leur permettent de capturer et de tuer leurs proies. Les proies, pour leur part, ont souvent des adaptations qui leur permettent d’Ă©viter ou de rĂ©sister Ă la prĂ©dation. La prĂ©dation est considĂ©rĂ©e comme une forme de compĂ©tition pour les ressources, dans laquelle les prĂ©dateurs tirent profit de la consommation de proies pour leur propre survie et reproduction.
Champignons et nĂ©matodes : Les champignons du genre Arthrobotrys sont des prĂ©dateurs d’organismes du sol, tels que les nĂ©matodes. Ils utilisent leurs filaments mycĂ©liens pour piĂ©ger et digĂ©rer les nĂ©matodes. Dans cette interaction, les champignons Arthrobotrys bĂ©nĂ©ficient de l’apport en nutriments provenant des nĂ©matodes, tandis que les nĂ©matodes sont tuĂ©s.
Champignons et insectes : Les champignons de la famille Cordyceps infectent et tuent les insectes et les arthropodes, tels que les fourmis, les sauterelles ou les araignĂ©es. Le champignon se nourrit de l’hĂŽte en utilisant son corps comme source de nutriments pour sa croissance et sa reproduction. Dans cette interaction, les champignons Cordyceps bĂ©nĂ©ficient de l’insecte hĂŽte, tandis que l’insecte finit par ĂȘtre tuĂ©.
Champignons et champignons : Les champignons du genre Trichoderma sont des microphages, notamment des champignons de culture. Ils colonisent les substrats de culture et se nourrissent des hyphes de champignons, réduisant peu à peu leur densité dans le substrat. Dans cette interaction, les champignons Trichoderma bénéficient de la consommation des hyphes des champignons de culture, tandis que les champignons de culture meurent.
Dans chaque exemple, le champignon agit en tant que prĂ©dateur, chassant, tuant et consommant d’autres organismes pour se nourrir. Les interactions de prĂ©dation peuvent avoir des impacts significatifs sur les communautĂ©s fongiques et les Ă©cosystĂšmes, influençant la dynamique des populations et les relations de compĂ©tition pour les ressources.
Conclusion
Les interactions entre les champignons et d’autres organismes sont complexes et variĂ©es. N’oubliez pas qu’elles ne rentrent pas si facilement dans des cases et que les relations peuvent glisser d’une dynamique Ă une autre en fonction des Ă©quilibres en jeu.
Mais en comprenant ces relations, nous pouvons mieux apprĂ©hender le rĂŽle crucial des champignons dans les Ă©cosystĂšmes et la façon dont ils contribuent Ă l’Ă©quilibre et Ă la biodiversitĂ© de notre environnement. La culture des champignons peut Ă©galement bĂ©nĂ©ficier de cette comprĂ©hension, car elle nous permet d’optimiser les conditions de croissance et d’amĂ©liorer la qualitĂ© de la culture.
Si vous aussi vous souhaitez crĂ©er une relation symbiotique avec les champignons, sachez que vous pouvez les cultiverâ! đ
Merci d’avoir lu cet article. Si vous avez des remarques ou des questions sur les interactions entre champignons et organismes, n’hĂ©sitez pas Ă nous laisser un commentaire :).
TrÚs beau document, professionnel, un bel aperçu de la diversité des champignons, merci.
Laurent
Merci beaucoup pour votre retour đ