Le mycélium est la partie souterraine du champignon. Il est constitué de fils, appelés hyphes, à partir desquels les champignons que nous cueillons poussent! Les mycéliums sont répandus dans les champs, dans les forêts et plus généralement dans les zones où l’on trouve de la matière organique sur le sol. Certains s’étendent sur quelques centimètres, et d’autres sur plus de 1000 m2.. Le mycélium est longtemps resté cantonné dans la forêt. Mais aujourd’hui il colonise nos habits, nos bâtiments et plus largement, nos vies !
Dans cet article je vous parle de :
- Qu’est ce que le mycélium? Sa nature
- Les utilisations du mycélium dans les sociétés humaines
- Le mycélium et les écosystèmes
Qu’est-ce que le mycélium ?
Courte histoire
Le mot mycélium signifie littéralement » plus d’un ». C’est en fait une forme pluriel du mot mycélia. Le mot a des origines néo-latines et grecques, et a été inventé pour la première fois dans un texte du début des années 1800, et fait référence à la partie filiforme d’un champignon. Le mycélium, et plus généralement les champignons ont une existence bien antérieure à Homo sapiens sapiens ( L’humain).
Les scientifiques ont découvert de nombreux spécimens vieux de 90 millions d’années. Mais, de nos jours, des carpophores fossilisés ont été datés de 420 millions d’années, ce qui voudrait dire que les bactéries descendent de structures mycéliennes, et non l’inverse..
Les bases
Dans la nature, les mycéliums « fleurissent » à partir de certaines périodes de l’année lorsque les conditions sont idéales pour donner des champignons. Pour expliquer plus précisément ce qu’est le mycélium, nous allons devoir être un peu plus technique.
Les champignons ne se reproduisent pas par des graines et ne collectent pas d’énergie du soleil par photosynthèse comme le font les plantes. Ils se reproduisent au moyen de spores. Une fois le fruit mature, les spores sont relâchées dans la nature. Ensuite, elles germent pour produire une masse de structures unicellulaires entrelacées appelées hyphes. Généralement, les masses d’hyphes sont nommées mycélium.
Info: Le plus gros organisme terrestre est d’ailleurs un mycélium de champignon. Dans les montagnes bleues de l’Oregon se trouve une variété d’armillaria, un champignon qui parasite les pins dans cette région et qui s’étend sur plus de 900 hectares..! L’équivalent de plus de 1500 stades de foot.
La présence mycélienne est déterminée par certains facteurs environnementaux, notamment de la nourriture, comme des débris forestiers, du bois, la paille ou encore les céréales.. ! Mais également par la présence d’humidité, d’atmosphère, de chaleur et de lumière appropriée ( Généralement dans les premiers 20cm du sol).
La matière au contact du mycélium est décomposée par les hyphes qui libèrent des substances chimiques, appelées enzymes. Les enzymes agissent comme des ciseaux qui découpent la nourriture en petites molécules directement assimilables par le mycélium. Cette fonction du mycélium fait des champignons, des organismes essentiels pour l’équilibre des écosystèmes, notamment en recyclant la matière organique et en la redistribuant sous une forme assimilable par les autres organismes animaux et végétaux qui prospèrent à ses cotés.
Chaque réseau mycélien va donner un fruit différent en fonction de sa souche, au même titre que les pieds de tomates donnent des fruits différents, de par leurs couleurs et leurs formes.
Dans la nature, les chances que les spores de champignons germent et produisent ensuite un mycélium, puis un champignon sont assez minces. Tout doit-être parfait pour produire un champignon. Ils ne poussent pas partout au hasard. C’est pourquoi les champignons sont très prisés et chassés dans la nature.
Cependant, il est possible de produire des champignons chez soi à l’aide de technique de myciculture.
Les utilisations du mycélium
Le potentiel mycélien commence tout juste à être exploité dans une grande variété d’applications, au delà de son environnement naturel. Les chercheurs, les ingénieurs et les entrepreneurs ont commencé à tester de nouvelles manières d’utiliser ce matériau polyvalent et à s’inspirer de ses qualités uniques pour construire et fabriquer de meilleurs médicaments, matériaux, biocarburants ainsi que de nombreux produits que nous utilisons dans votre vie quotidienne.
Le mycélium est une ressource écologique durable et renouvelable. En raison de ses propriétés inhérentes, il peut être recyclé et réutilisé maintes fois! Avec de nombreuses industries à la recherche de solution plus durables, le mycélium offre un monde de possibilités infinies !
Fabrication de matériaux
Le mycélium peut être utilisé pour rendre les matériaux de construction résistants au feu, plus solides et plus légers.
L’industrie du 20eme siècle a permis la création de structures polymérisées brutes, qui sont des produits bien inférieurs aux originaux produits dans par la nature, cuir contre cuir, panneaux agglomérés contre bois etc..
Sans la capacité de micro-assemblage de la nature, les meilleures propriétés des matériaux naturels sont perdues. Le réseau mycélien absorbe de petites molécules de nourriture et grâce à ses enzymes, les transforment en morceaux digestibles. Au fur et à mesure qu’il croît, il assemble un réseau dense de longues fibres microscopiques qui se développent à travers le substrat comme un système d’autoroute.
Une fois le substrat colonisé, plutôt que de fructifier sous forme de carpophore, les humains interviennent ! Le mycélium est amené à construire des structures prévisibles en contrôlant les paramètres de culture, pour influencer la croissance des tissus.
Diriger la croissance des fibres de champignons peut sembler peu important, mais cette évolution de la bio fabrication est en train de transformer la manière dont nous fabriquons, consommons et vivons. Les possibilités sont quasiment infinies.. Emballage, vêtement, nourriture, construction, du cuir au steak de viande en passant par les échafaudages.
Le mycélium utilisé en tant que technologie aide à remplacer les plastiques qui s’accumulent rapidement dans l’environnement. Une société Belge, PuriFungi a également créé des cendriers en mycélium qui décomposent les mégots de cigarette !
Cuir de mycélium
Dans l’industrie de la mode, il est utilisé pour imiter l’apparence et la texture du cuir. La fabrication du cuir de mycélium est une alternative au cuir animal et synthétique. Les chercheurs recréent l’environnement naturel du mycélium en intérieur, de manière contrôlée.
Le processus de culture se réalise sur des tapis de sciure dans lesquels se développent le mycélium, la température et l’humidité, qui sont des paramètres importants à la réalisation d’un cuir de qualité.
Une fois le mycélium récolté, les sous-produits peuvent être compostés. Il peut ensuite être tanné de la même manière que le cuir animal ou synthétique. Il peut également être teinté ou gaufré pour obtenir diverses textures. Ces processus finaux donnent un tissu semblable au cuir!
Le mycélium en culture des champignons comestibles et médicinaux
En myciculture, l’art de la culture des champignons, on appelle le mycélium, le blanc de champignon. On le cultive de manière contrôlée pour ensuite produire des champignons comestibles ou médicinaux.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la culture des champignons, je vous conseille d’aller voir cette page pour débuter en culture des champignons !
Le mycélium fournit également un moyen alternatif de créer des textures ressemblant à de la viande avec une empreinte environnementale plus faible que le bétail traditionnel. Ils réduisent les gaz à effet de serre, l’utilisation de culture vivrières pour l’alimentation animale et la conversion de l’utilisation des terres. Tous ces avantages s’accompagnent d’un faible coût environnemental : le processus de croissance du mycélium consomme peu d’énergie et génère des déchets limités et principalement compostables!
La mycoremédiation
Contrairement aux humains et aux autres mammifères, qui ingèrent leur source de nourriture avant de la digérer, le mycélium fonctionne dans l’autre sens. Parce que les hyphes qui le composent, digèrent une source de nourriture avant d’ingérer les nutriments, ils peuvent être utilisés pour éliminer des contaminants qui pourraient autrement ne pas être biodégradables.
Les excrétions des hyphes sont comme nos acides gastriques, ils décomposent la source de nourriture. Ces excrétions peuvent briser de longues chaînes d’hydrocarbures, y compris des éléments toxiques à base de pétrole tels que les plastiques et le carburant non raffiné. En agriculture, il peut également permettre de détoxifier les zones ou ruisselle du lisier.
Ce processus est appelé mycoremédiation.
Le mycélium et les écosystèmes
Que ce que les champignons ont de si spécial et comment contribuent-ils à l’écosystème?
Les champignons jouent un rôle important dans le cycle énergétique au sein et entre les écosystèmes. Ils se trouvent dans les environnement terrestres, marins et d’eau douce, en faisant partie d’une communauté diversifiée de décomposeurs. Les champignons transforment la matière organique en des formes utilisables par d’autres décomposeurs et en nourriture ( minéralisation) pour les plantes.
Décomposition
Les champignons vivent partout ou l’humidité est présente. Il existe des organismes unicellulaires comme les levures, invisibles à l’œil nu, et d’autres pluricellulaires, comme les champignons, constitués donc, de brins que l’on appelle « hyphes« . Les champignons sont si répandus, qu’il constituent prés de 30% du poids du sol.
Ils jouent donc un rôle très important dans le processus de décomposition des matières organiques tenaces, telles que la lignine, la cellulose ou encore l’hémicellulose, que les vertébrés ont du mal à digérer.
Les champignons utilisent leurs enzymes digestives, qui sont utilisées pour métaboliser des composés organiques complexes en nutriment solubles, tels que les sucres simples, les nitrates et les phosphates. Contrairement aux animaux, qui digèrent la nourriture à l’intérieur de leur corps, les champignons digèrent les aliments à l’extérieur de leur « corps » puis absorbent les nutriments dans leurs cellules !
Cycle des éléments
Les plantes ont besoin de nutriments pour leurs croissances. Mais, les nutriments sont rarement disponibles librement dans le sol ou l’eau. Ils sont emprisonnés dans des composés dit, insolubles. Les plantes comptent alors sur des décomposeurs pour leur fournir des nutriments solubles qu’elles peuvent assimiler par les racines.
L’azote, par exemple, est l’un des éléments nutritifs les plus importants pour les plantes. Il est enfermé dans des protéines que les plantes ne peuvent pas absorber. ( Une très faible quantité de plantes en sont cependant capables). Les champignons métabolisent les protéines et libèrent des formes inorganiques d’azote, comme le nitrate, qui peuvent être facilement absorbées par les racines des plantes.
Dans les environnements d’eau douce, les champignons jouent un rôle déterminant dans les transfert d’énergie, de la forêt riveraine vers les écosystèmes aquatiques, en décomposant le bois et les feuillent mortes qui tombent dans l’eau.
Dans les écosystèmes terrestres, les champignons transfèrent l’énergie du sol, vers la canopée.
La symbiose
Certaines espèces de champignons forment des relations symbiotiques avec les plantes. On les appelle les champignons mycorhiziens. En effet, la structure que forment la racine, avec le mycélium est appelée une mycorhize.
Cette relation est mutuellement bénéfique. Les champignons facilitent le transfert des nutriments du sol aux racines des plantes et reçoivent en retour du carbone (sucre) de la plante, issue de la photosynthèse.
Le carbone est stocké par les champignons dans le sol et n’est donc pas libéré sous forme de dioxyde de carbone. On pensait autrefois que les plantes étaient la seule source de carbone pour les champignons mycorhiziens. Cependant, un article scientifique de J. M. Talbot, en 2008 , montrent que ces champignons jouent un rôle plus important qu’on ne le pensait dans la dégradation du carbone organique.
Les lichens sont un autre type de champignons qui forment une relation symbiotique, mais ils le font avec des cyanobactéries, qui à leurs tours produisent de l’énergie et du carbone pour les lichens via la photosynthèse.
Source alimentaire
De nombreux animaux dépendent partiellement ou totalement des champignons comme source de nourriture. Les mammifères herbivores ont tendance à être des mangeurs de champignons opportunistes, mangeant ceux qu’ils rencontrent en forêt ou dans les champs.
Cependant, pour certains animaux, les champignons constituent une grande partie de leur alimentation. Par exemple, le caribou, qui dépend fortement des lichens des arbres pour se nourrir pendant l’hiver lorsque les aliments feuillus ne sont plus disponibles.
Le rat-kangourou à long nez, un mammifère australien, à quant à lui, un régime majoritairement mycophage. Son régime alimentaire se compose presque entièrement de fructifications fongiques.
La limace-banane est aussi couramment observée en train de se nourrir de champignons et de mycélium, qu’elle semble favoriser par rapport à d’autres aliments.
Pour les abeilles, le mycélium est également une source de sucre qui peut aider lorsque le nectar se fait rare.
Vous savez à présent l’essentiel sur le mycélium ! Si vous avez un commentaire à nous partager, n’hésitez pas à nous le laisser ! 🙂
Bonjour et gratitudes pour cet article très intéressant. En permaculture on respecte le sol en le travaillant le moins possible afin de ne pas trop perturber les réseaux de mycorhizes. Je suppose que le mycélium se répare facilement vu lq quantité d’hyphes qui le compose…
Bien à vous, pascal
Bonjour Pascal et merci de votre commentaire. Oui en effet le mycélium sait se réparer. Mais dans les champs, la plupart des mycéliens mycorhiziens ont également depuis de plantes hottes pour survivre, d’ou l’intérêt de ne pas travailler le sol également 🙂
Merci pour la transmission du savoir
Merci à vous de me lire 🙂