[Podcast] Les Mycophiles #1 : Quentin Gobert – La Mycosphère

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Bienvenue dans le podcast les Mycophiles, le podcast où les professionnels et les experts des champignons nous parlent de leur métier, de leur passion.

Aujourd’hui, une interview de Quentin Gobert, myciculteur et fondateur de La Mycosphère, une champignonnière bio en Belgique.

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Quentin de la Mycophère devant ces containers frigorifiques.

Transcription du texte pour ceux qui préfère Lire !

Andréas

Alors est-ce que tu peux te présenter, genre présenter qu’est-ce que t’as fait comme formation et aussi présenter ton entreprise La Mycosphère?

Quentin

Donc moi c’est Quentin et donc j’ai fondé « La Mycosphère » il y a environ 5 ans maintenant et la mycosphère c’est une champignonnière, donc une production de champignons, hmm, en bio, en agriculture biologique. Et donc je produis des champignons frais pour les marchés, les magasins et les restaurants avant le COVID (plus maintenant), voilà.

Andréas

Ok et juste les restaurants ça présentait quels parts de ce que tu vendais à peu près ?

Quentin

Avant le COVID, et à un moment, ça représentait entre 30 et 40% de mon chiffre d’affaires.

Andréas

Ah oui quand même…

Quentin

Ouais c’est ça, c’était un peu dur au tout début, enfin, du premier confinement mais .. et puis voilà, j’ai trouvé d’autres clients parce que pas mal de gens se sont retournés plus vers les producteurs locaux, et donc au final je m’en suis pas sorti par rapport à d’autres.

Andréas 

OK, d’accord… et du coup t’a fait une formation en rapport avec les champignons, tu t’es lancé en autodidacte?

Quentin

En fait à la base moi j’ai une formation en sociologie et anthropologie. J’ai fait un bachelier là-dedans. Et puis je n’ai pas fait de master parce que j’aspirais à quelque chose de plus concret, à travailler avec mes mains. Et donc j’ai continué avec une formation dans le maraîchage de 1 an et puis j’ai travaillé comme maraîcher pendant 1 an dans une association qui réinsérait des personnes par le maraîchage et donc c’est marrant , ça se rapproche un peu de toi, de ton expérience comme on parlait juste avant. On cultivait un peu de champignons en achetant des ballots de paille déjà tous faits, on faisait quelques expériences là-bas, à l’association et moi j’avais quand même cette curiosité de comprendre comment ça se faisait parce qu’on achetait des ballots qui étaient déjà tous faits mais je me disais qu’il y a sûrement moyen de les faire soi-même, de les reproduire . Et c’était pas de tout connu par les maraîchers, quand j’en parlais avec d’autres maraîchers ils me disaient « ah non ce n’est pas possible » et tout. Donc moi j’aime bien tout ce qui est défi donc, avec un ami  en fait on a commencé à s’intéresser à ça, on a acheté du mycélium mais; bon du coup, c’était il y a 6-7 ans maintenant. C’était pas du tout aussi développé que maintenant donc il y avait que .. enfin, c’était dur d’acheter du mycélium en petite quantité donc on a acheté par caisses de 20 litres

Andréas

Ah oui…

Quentin 

Oui c’est ça (sourire) Et donc, eh, et après nous ça nous coûtait super cher parce qu’on n’avait pas besoin de tout ça. Très vite on a partagé ça avec des amis en faisant des soirées barbecue-champignons , on pasteurise la paille et on inocule la paille avec le mycélium et tout ça.

Andréas

OK .

Quentin

Et puis avec lui, on a créé une association parce qu’on avait des demandes pour aller dans des écoles et faire des ateliers dans les écoles avec les enfants. D’abord, c’était les écoles primaires, donc les jeunes et puis on a eu les écoles secondaires puis des ateliers avec des adultes en fait. Donc a fait ça pendant quasi deux-ans à deux. Donc à la base c’était un projet vraiment pédagogique, il n’y a pas l’idée d’en produire de manière professionnelle mais c’était plus de partager notre passion et découvrir par la même occasion en fait parce qu’on expérimentait plein de trucs et on avait… on était tout le temps en contact avec des gens qui expérimentaient donc c’était une période assez stimulante quoi.

Andréas

Oui j’imagine.

Quentin 

Et puis au bout d’un certain temps en fait moi le côté maraîchage me manquait un peu avec le côté production, j’aimais bien l’aspect, produire, faire les choses de mes mains et avoir un produit et le vendre. Et… je trouve qu’il y a un côté… ouais, enfin, moi c’est quelque chose qui me convient bien, la production et donc en même temps à ce moment-là je n’avais pas de travail j’avais ma première fille qui était née donc j’étais resté quasi un an à la maison sans travail donc je commençais à avoir besoin d’argent et… surtout me dire que je trouve un travail mais j’ai plus envie de travailler pour… pour un patron ou quoi j’avais envie de lancer mon propre projet parce que je travaillais dans pas mal de trucs avant en faisant des jobs étudiant et tout depuis un certain temps. Donc l’idée de lancer mon propre projet c’était quelque chose qui, qui évoluait depuis quelques années quoi.

Andréas

D’accord oui je comprends que c’était stimulait, ouais, OK. D’accord. Et du coup maintenant sur la ferme vous continuez les activités pédagogiques ou ça se…

Quentin 

Maintenant ça s’est arrêté complètement en fait parce que… Ben à un moment on a séparé le projet hmm, parce que ben en fait on était deux mais on ne s’impliquait pas forcément de la même manière dans le projet l’un et l’autre parce qu’on n’avait pas les mêmes besoins et les mêmes ambitions en fait. Et donc, hmm, ben ce n’était pas toujours évident de lancer un projet avec une autre personne autant en fait moi je n’aurais pas osé lancer projet-là tout seul à la base autant hm il y a un moment c’était plus compliqué de gérer les choses à deux parce que comment on se paie, qui fait quoi, quelle est la place de chacun et donc il y a un moment où c’était plus sain de séparer mes activités. Donc il y a avait l’aspect pédagogique qui revenait à smartmush, c’était le projet smartmush en fait.

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Andréas

D’accord.

Quentin

Et puis il y avait la production qui au départ était smartmush et puis finalement qui s’est, qui a changé de nom avec « La Mycosphère » donc voilà ça s’est fait comme ça.

Andréas

OK, d’accord…

Quentin 

Ça a assez évolué pas mal au tout début c’était juste un petit local que je louais de 20m², le premier carré que j’ai fait, c’était 20m vraiment pas grand-chose juste pour démarrer, tester un peu parce que je manquais de place chez moi et j’avais besoin d’avoir ça dans un autre endroit quoi

Andréas 

D’accord.

Quentin 

Et puis j’ai déménagé dans un autre local qui faisait, je pense 70m² et puis un troisième local qui faisait 100 m².

Andréas

Ah oui.

Quentin          

Et puis j’ai déménagé dans des contenaires que j’ai acheté. Donc c’était des contenaires-frigo en fait, d’occasion quoi, on appelle ça « dernier voyage », c’est des contenaires qui, dans l’entretien, coûtent trop cher à la fin par rapport au fait de simplement de racheter un nouveau contenaire pour les transporteurs. Du coup ils revendent des contenaires pas cher. Hmm, et donc voilà j’ai acheté 4 contenaires comme ça puis je les ai installés dans une ferme et puis j’ai encore déménagé dans une autre ferme et puis là maintenant je suis bien et je ne vais plus déménager.

Andréas 

D’accord, d’accord…et du coup plus de pédagogie mais est-ce que…

Quentin 

Non, en fait je ne fais plus. Il y en a encore un petit mais c’est de manière très anecdotique.

Andréas

OK.

Quentin 

Au tout départ, le projet de l’association qu’on avait fait, on faisait quasi deux activités par semaine, à un certain moment. Là maintenant, je fais on va dire, entre 5 et 10 activités par an, c’est plus par plaisir et, enfin il y a une partie atelier avec principalement des adultes que je continue encore. Bon maintenant avec le COVID il y en a beaucoup moins évidemment et puis une partie plus consultance, donc là c’est plus à niveau professionnel quoi. Donc ça j’ai eu plusieurs projets en Afrique, au Congo, au Maroc en Algérie où j’ai déjà pu participer à des lancements de projets de culture de champignons là-bas. C’est quelque chose qui me motive à fond aussi.

Andréas

D’accord, donc quand-même, un partage de connaissances, quoi.

Quentin

Ouais, à fond.

Andréas 

OK. Et du coup vous faîtes, enfin, du coup t’es seul dans la ferme maintenant ?

Quentin 

Alors je suis seul. Ben là maintenant j’ai deux gars qui travaillent avec moi. Chacun 1 jour par semaine 8 heures chacun. Hmm, sinon à part ça je suis à peu près seul. Ben j’ai régulièrement des stagiaires qui viennent aussi mais donc ce qui fait qu’au final je travaille seul réellement, deux jours par semaine et deux à trois jours par semaine j’ai soit mes gars qui viennent travailler ou alors un stagiaire, par exemple.

Andréas 

OK, donc t’as quand même un peu d’aide, OK. D’accord

Quentin 

Ouais. Parce que c’est venu petit à petit en fait, c’est venu depuis pas très longtemps, ça fait moins d’un an que j’ai commencé à engager parce qu’à un moment je me disais en fait j’en peux plus ben déjà au niveau physique, ça a l’air de rien mais c’est quand-même un maraîchage c’est quand-même des journées intenses. Et puis petit à petit ben le projet a grandi. Mais bon c’est pas infini là je pense que j’ai atteint une certaine taille qui est assez bonne mais pour un certain équilibre, en fait j’avais besoin de produire un petit peu plus et donc, d’engager aussi. Et, engager aussi permet-moi de me libérer à terme, du temps pour pouvoir développer un peu d’autres projets que vraiment la production en soi.

Andréas 

D’accord, notamment la vente de mycélium que t’a commencé sur le site de « La Mycosphère » ?

Quentin 

Ouais c’est ça, c’est un projet que j’ai lancé il y a pas très longtemps, ben en janvier en fait de cette année. Alors en fait oui pour revenir un peu sur l’historique comment je cultivais un peu à la mycosphère. J’ai eu dès le départ ce projet de produire moi l’ensemble, de faire l’ensemble du cycle quoi, de produire mes semences donc le mycélium, produire mes substrats et fructifier et vendre mes champignons. Maintenant au départ, c’était pas forcément évident parce qu’en fait l’air de rien c’est trois métiers différents, on va dire : le travail de production des semences en laboratoire, la production des substrats et la fructification. Ben en général en fait c’est vraiment séparé la production de champignons ça se fait comme ça. Il y a des laboratoires qui produisent des semences, il y a des industries qui produisent les substrats et puis les petites champignonnières ou plus grandes champignonnières qui achètent les substrats et qui les font fructifier. Et donc dans un premier temps moi j’ai acheté les substrats déjà tous faits parce que j’avais pas encore la capacité de produire des substrats en suffisance et puis parce que j’avais pas la garantie en fait que ça fonctionne. J’avais quand-même beaucoup de pertes au tout début. Et donc, voilà j’avais besoin , quand tu vas voir des restaurants ou des magasins, ben eux ils ont besoin de savoir que chaque semaine tu vas emmener autant de cueillettes de champignons et donc, si t’as une contamination, et qui fait que pendant trois semaines t’as plus de champignons ben ça va pas, ils iront voir quelqu’un d’autre. Donc pendant deux-trois ans j’ai fonctionné comme ça en achetant des substrats déjà tous faits et en continuant les expériences à côté, au laboratoire et en me formant là-dedans par les lectures et puis par le terrain quoi.

Andréas 

D’accord.

Quentin

Et donc l’autonomie au niveau des semences en fait ça fait environ un an maintenant que je n’ai plus aucune semence à l’extérieur et je suis autonome avec toutes mes variétés. Et donc voilà pour moi c’est une vrai réalisation parce que c’était l’objectif maintenant en me lançant l)-dedans et maintenant j’y suis et… et puis ben , j’ai, j’avais des demandes en fait qui venaient pour m’acheter du mycélium dont je vendais un peu comme ça sans mettre sur le site et faire de la publicité. Et puis je me suis à un moment au moment de refaire mon site ben pourquoi pas le proposer sur mon site et tourner, développer plus cet aspect-là : vente de semence ; puisque je pense qu’il y a pas mal de demande et donc je trouvais que c’était intéressant de proposer ça quoi.

Andréas

D’accord, OK. Super. Et du coup, en ce qui concerne par exemple les souches : est-ce que tu les conserves ? Est-ce que tu les reclones à chaque fois ? Ça dépend des champignons ?

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Quentin

Oui je les conserve généralement sous plusieurs formes : sous forme de boites de Pétri, ça c’est un peu la base et puis en culture liquide et éventuellement en sciures de bois aussi.

Andréas

D’accord.

Quentin

Le fait de multiplier ça permet d’éviter que s’il y a un, comment dire, enfin, il y a une de tes boîtes de Pétri qui est contaminée ou toutes tes boîtes de Pétri sont contaminées, t’auras quand-même tes cultures liquides ou l’émulsion sur sciures, quoi.

Andréas

D’accord.

Quentin 

Et puis en fait j’essaie de les cloner au minimum, toutes mes souches, au moins une fois par an. Donc de faire le cycle complet de la fructification et ça de manière à éviter la dégénérescence quoi. Et puis il y a certaines variétés sur lesquelles je travaille plus au quotidien et donc je fais de la sélection très régulièrement quoi.

Andréas

D’accord. En fonction de ton propre substrat, tes propres conditions de culture.

Quentin 

Ouais, c’est ça, c’est ça.

Andréas 

D’accord. Ok, d’accord.

Quentin

Ça c’est l’avantage, je trouve, d’avoir une production de mycélium liée à une production de champignon en fait. C’est que, de mes souches, celles-là (mot inaudible) elles sont entretenues de manière quotidienne et je vois clairement depuis le début, depuis un an que je travaille, j’ai peut-être sélectionné quatre-cinq fois, il y a eu une amélioration, un changement les variétés ça c’est quelque chose qui est passionnant quoi.

Andréas 

D’accord. Joli ouvrage, je veux bien te croire, oui. OK, et du coup est-ce que tu peux nous parler de la manière dont t’approvisionnes ton substrat et une fois que les cycles de fructification sont passés, qu’est-ce que t’en fais ? Est-ce que tu le jettes ? Est-ce que tu fais refructifier les champignons dessus ?

Quentin

Oui, hmm, donc au niveau de mes substrats là maintenant je ne travaille plus qu’avec des substrats à base de sciures de bois. Au tout début j’ai commencé avec de la paille puis avec du marc de café aussi ; et j’ai travaillé avec d’autres ingrédients comme le pain sec et les biscuits que je récupérais à chaque fois que je livrais le magasin, je récupérais leurs vieux pains secs, je les broyais, je les mélangeais avec mes substrats et tout ça. En fait dans une optique économie circulaire quoi et bon j’ai mis un peu de côté en ce moment parce que ça me prenais quand-même beaucoup de temps l’air de rien parce que ces substrats qui sont gratuits : le marc de café, les drêches de brasserie et autre. Mais ça prend du temps aussi d’aller les chercher, de les stocker. Il y a des risques de contaminations qui est quand-même assez élevé parce que le marc de café ça moisit très vite. Donc au niveau logistique, à un niveau professionnel, c’était assez difficile à gérer quand-même. Et donc voilà je suis retourné à un substrat plus classique en ce moment, à base de sciure de bois, de son de blé et je travaille également avec la luzerne. Ça c’est pour les matières premières. Donc tout est sourcé en Belgique en fait. Et pour la question de ce que je fais de mes substrats, après je les fais fructifier, je fais plusieurs récoltes sur chaque sac. Après ça dépend des variétés, il y a des variétés où je fais essentiellement une récolte. Par exemple les shiitake c’est principalement un one flush donc ça donne tout d’un coup et après pour les pleureuses c’est plutôt sur trois récoltes. Et après ça en fait je suis dans une ferme, la ferme du peuplier qui eux sont preneurs pour avoir toutes ces substrats-là. Ils les récupèrent, et pourront encore récupérer dix fois plus pour leurs terres quoi. Ils souhaitent en paillage donc on va dire en munch des sols ou en compost en fait pour apporter une matière plus carbonée par rapport à tous les déchets verts qu’ils ont de leurs productions à eux.

Andréas 

D’accord. C’est directement en cycle sur-place, en fait.

Quentin 

Ouais c’est ça.

Andréas 

OK. Ouais du coup tu ne te sers pas forcément de leurs déchets de culture pour la culture des champignons. Comme tu disais, ça peut prendre du temps et ce n’est pas forcément productif…

Quentin

Ben en fait, le compostage là maintenant ils l’ont lancé à une échelle plus, enfin plus pro qu’avant donc c’est-à-dire qu’ils ont un compost de bonne qualité parce qu’ils ont un mélangeur tout ça et donc je serai assez intéressé de tester des champignons de compost, ben… style agaric, pied bleu ou même les strophaires quoi, par exemple.

Andréas 

OK.

Quentin 

Hmm, et que je n’ai jamais vraiment beaucoup testé, alors j’ai un peu expérimenté de manière complètement amateur chez moi, hmm, mais ce serait intéressant parce que, du coup mes substrats sont compostés après leur matières premières, enfin leur matière, leurs déchets à eux et puis ça pourrait encore servir de matière première pour un autre champignon ce sera, ce serait un cycle assez intéressant quoi. Maintenant il faut (mot inaudible) à ce que les champignons de couche, ben ils couchent normalement sur du fumier composté. Ici ce n’est pas du fumier c’est vraiment tous leurs déchets, les feuilles vertes des poireaux, des légumes qui ont moisi parce qu’ils n’ont pas su les vendre donc c’est des trucs comme ça. Donc il y a énormément de contaminants là-dedans aussi. Je veux dire pour moi c’est un risque d’utiliser par exemples des (mot inaudible) pourris parce qu’il y a plein de bactéries apparemment, des moisissures dedans et tout donc c’est… par contre après un bon compostage et une montée en température, ça peut être intéressant, il y a des tests à faire en tous cas.

Andréas 

OK, d’accord oui. OK, est-ce que toi t’as une souche de champignons préférée parmi toutes celles que tu cultives ou bien une que tu ne cultives pas encore, peut-être ?

Quentin 

Non en fait je n’ai pas vraiment de souche de champignons préférée parce que ça varie un peu tout le temps. Je dirais que les pleureuses sont les champignons les plus satisfaisants à cultiver. C’est un peu le champignon de base, du débutant, c’est le plus facile on va dire. Mais c’est assez chaud parce qu’il a un cycle très rapide et donc, sur sciure de bois, je compte environ un mois je récolte les premiers champignons. Après ça pourrait être plus rapide et par lits sur paille ça pourrait être accéléré. Mais ça fait que on a des résultats assez rapidement si on fait des tests par exemple avec des substrats ou des compositions de substrats différentes, mais c’est beaucoup plus rapide que le Shiitake par exemple qui prend quasi trois-mois à donner des résultats quoi. Et puis le pleurote il est assez, il est super sensible à son environnement donc il va réagir fort à la ventilation, au taux de CO2, à l’humidité, à la lumière et donc ça c’est, c’est un œil qu’on développe aussi enfin moi j’ai développé un peu ça et donc je vois très rapidement les différences qu’à la base je ne voyais pas en fait entre des pleurotes différents, ben je disais juste que c’étaient des pleurotes. En fait, avec des micro-variations de couleur, donc on peut comprendre des choses sur leur … des choses qui ne vont pas éventuellement dans les salles de cultures et donc, c’est assez chouette, je trouve, il répond assez fort quoi, donc c’est une chouette variété. Hmm, sinon une autre variété dont je suis assez fier pour les résultats c’est les Shiitake. J’ai pas mal galéré au début et puis là maintenant j’ai de très bons résultats donc c’est assez satisfaisant parce que c’est un champignon plus technique quand-même que le pleurote et puis qui est super bon niveau culinaire, niveau médicinal quoi.  Et là il y une variété sur laquelle j’ai envie de travailler plus l’année prochaine c’est les shimeji : donc je travaillais en particulier sur les shimeji blancs c’est donc : Hypsizygus Tessellatus je crois. Et donc voilà j’avais déjà testé il y a plusieurs années en ayant des mauvais résultats puis là dernièrement j’ai fait un petit test qui m’a donné de bons résultats et donc j’ai envie de travailler un peu là-dessus avec là…en sélectionnant le meilleur fruit et en améliorant ces souches-là. Donc, donc voilà. (sourire)

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Andréas

OK, un travail de sélection aussi sur ceux-là.

Quentin 

Ouais.

Andréas 

OK, super. Et du coup, pour conclure est-ce que t’aurais un dernier conseil parmi tout ce que tu viens de donner pour quelqu’un qui voudrait se lancer dans la culture de champignon.

Quentin 

Je dirais de commencer par les pleurotes parce que pour moi c’est un peu le champignon le plus facile. Il y a pas mal de gens qui veulent commencer avec le champignon de Paris parce qu’en fait c’est le champignon qu’on connaît le plus, et pourtant ce n’est pas le plus facile à faire pousser, à moins d’acheter des kits qui sont déjà tous faits. Mais si on veut produire ses propres substrats, en fait c’est plus facile de partir avec des champignons lignivores comme les : les pleurotes gris, les pleurotes jaunes et les roses. Donc ils peuvent digérer le bois, la paille, donc on a des résultats assez rapides et puis le pleurote c’est un champignon qui pardonne des erreurs quoi parce qu’il est tellement agressif qu’il ne laisse pas beaucoup de place aux contaminants et il produit bien. C’est assez satisfaisant dans un premier temps de cultiver les pleurotes. Et puis en plus de ça, les pleurotes en fait ils s’adaptent à une variété de substrats qui est assez énorme donc il peut décomposer du marc de café, enfin il peut décomposer plein de choses différentes, du carton… et ce qui n’est pas forcément le cas avec tous les champignons comme le shiitake qui est beaucoup plus exigeant quoi, que le pleurote. Donc commencer par le pleurote , et puis…et puis moi en fait j’ai lu pas mal de théories au départ avant de me lancer en lisant justement les livres de Paul Stamets et autres, et je crois à un moment ça m’a presque bloqué parce que je me disais en fait c’est hyper compliqué, j’ai besoin absolument d’une hotte à flux laminaire pour faite ça et puis en fait, en faisant mes expériences au départ je cultivais dans ma cuisine quoi et dans ma cave et puis à un moment je me suis dit tiens je vais cultiver sur des peaux de banane simplement en mettant du mycélium dans un pot et je mettais des peaux de banane dans le pot. Le mycélium a digéré les peaux de banane et il y a des clos qui ont poussé là-dessus quoi. Et donc je me suis dit en fait , il faut faire l’expérience quoi parce que ça tu ne vas pas le lire dans un livre et donc voilà… il y a un moment aussi où la théorie, ben c’est bien mais ça a aussi ses limites quoi et puis ouais  rien ne vaut l’expérience, le feeling , ouais la sensibilité que tu vas créer.

Andréas

D’accord. Top.

Quentin

La main fongique, quoi.

Andréas

La main fongique, OK. D’accord, super. Ben juste une dernière question pour rebondir : et du coup toi tu travailles maintenant sur une hotte à flux laminaire, je ne sais pas si c’est indispensable pour la production quoi.

Quentin 

Ouais ben à une échelle professionnelle déjà juste pour ensemencer les substrats c’est essentiel parce que je ne peux pas me permettre d’avoir un risque de contamination simplement parce que l’air n’est pas propre quoi, parce que ce n’est pas essentiel pour un particulier. il peut se permettre d’avoir des pertes de 10 ou 20% de ses substrats . Au niveau professionnel tu ne peux pas te le permettre quoi donc c’est un investissement qui vaut totalement le coup. Et puis maintenant que je produis réellement du mycélium, en fait je suis obligé quoi pour garantir une qualité aussi, enfin, c’est obligé quoi. Mais c’est une question d’échelle, quoi. J’ai dû à un moment produire du mycélium avant sans hotte à flux laminaire avec une simple boîte à gants et j’ai eu de bons résultats comme ça aussi, quoi.

Andréas 

OK, super, d’accord. Eh ben écoute Quentin merci beaucoup pour cette interview. Alors tu peux peut-être nous donner tes réseaux où on peut te suivre le site internet une dernière fois ?

Quentin 

Euh, oui ! D’abord merci à toi aussi et bravo pour ton site « cultiver-les-champignons », je trouve que c’est un super site et je pense ça manquait en (dans le monde) francophone quoi, ce genre de sites avec des articles, enfin on voit que ce sont des articles travaillés, il y a du fond quoi derrière donc je trouve ça super ce que tu fais. Et donc moi ben on peut me retrouver donc le nom c’est « La Mycosphère », il y a un site lamycosphere.com et puis une page facebook et instagram aussi en tapant « la mycosphère » donc m-y-c-o-s-p-h-e-r-e et ben voilà, au plaisir de rediscuter !

Andréas 

Pareillement, à la prochaine fois !

Quentin 

Ouais, ça marche !

Andréas 

Merci beaucoup Quentin !

Quentin 

Salut Andréas !

« Merci d’avoir écouté ce podcast. Vous souhaitez en savoir encore plus sur la culture des champignons ? N’hésitez pas à vous rendre sur notre site internet : cultiver-les-champignons.com. Vous pouvez y télécharger gratuitement votre ebook sur la culture des champignons. Merci, à bientôt ! »

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