Aujourd’hui, on va parler des substrats compostés. Ce sont les types de substrats qui sont utilisés, pour les champignons de compost, également appelés décomposeurs secondaires. C’est le substrat typique d’un champignon que tout le monde connait… le champignon de Paris !  Dans cet article, on va voir ensemble ce qu’est un substrat composté et les 3 phases pour l’obtenir.
- Phase 1 : Le compostage
- Phase 2 : La pasteurisation et le conditionnement
- Phase 3 : L’ensemencement et l’incubation
La phase 1 : Le compostage
Le compostage est une action qui est réalisée principalement à partir d’un phénomène, c’est la fermentation.
Une petite définition de la fermentation :
La fermentation est la transformation de matière organique par des ferments, qui dans le cas des substrats compostés sont principalement les bactéries et moisissures qui y sont naturellement présentes, et qui conduisent à la modification chimique, physique et biologique de ce même substrat.
La fermentation du substrat convient particulièrement bien au champignon que l’on appelle donc décomposeur secondaire, comme Agaricus bisporus, dit le champignon de Paris. Contrairement au pleurote par exemple, qui, elles, peuvent pousser sur un substrat brut ou nature si l’on peut dire.
Quelques paramètres pour les substrats compostés
Dans la nature, ces champignons de types décomposeurs secondaires poussent sur une matière organique qui est donc partiellement décomposée, et dans laquelle de nombreux autres micro-organismes vivent.
Ce type de matière organique peut être substitué par le savoir faire humain. Il peut être fabriqué simplement à base d’un mélange classique de paille fraiches à 75% et de fumier de chevaux ou autres gros mammifères à raisons de 25% environ. Après il y a de multiples recettes qui peuvent être mises en œuvre, avec de l’urée, des fientes de poules, mais ce n’est pas le propos de cet article.
Retenez que l’azote total avant compostage doit être autour de 1,2 à 1,5% du substrat si vous voulez vous lancer dans des calculs plus poussés.
Pour le volume total du substrat ,comptez au moins 1m3, sinon la phase de compostage risque d’être compromise, notamment la montée en chaleur.
Le but des substrats fermentés
Le but du compostage est donc de faire monter la température du substrat grâce à l’activité microbienne présente naturellement. Attention, si vous inoculez votre mycélium à cette étape, la chaleur tuera le pauvre champignon.
Après le mélange des matières, les micro-organismes vont commencer à consommer les nutriments facilement assimilables, notamment l’ammoniac, qui donne cette mauvaise odeur aux matières organiques animales fraiches. C’est cette activité biologique qui va faire monter la température du futur compost. Un pic autour de 80°C est nécessaire pour un bon compostage. On peut mesurer cette température avec une sonde pour contrôler le bon développement de l’opération.
Durant les jours qui suivent, le tas doit être retourné pour que la fermentation soit homogène. En effet, on trouve plusieurs zones dans notre futur tas de compost. Le centre est chaud et c’est là que la phase de compostage est la plus active. Sous le substrat, il peut y avoir des zones anaérobies dues au manque d’oxygène provoqué par le poids du substrat. À l’extérieur, le substrat en contact avec l’air ambiant est froid, et donc l’activité bactérienne est faible, voire nulle. Et enfin, on a une zone intermédiaire entre le centre chaud et la zone périphérique externe, de température intermédiaire.
Après avoir atteint ce pic de température, la chaleur va diminuer peu à peu pour que les micro-organismes finissent la dégradation des matières de la manière la plus complète possible.
Le substrat est prêt pour la phase suivante lorsque la paille est ferme, mais peut être découpée assez facilement. Sa couleur est également devenue d’un brun uniforme, et lorsque le substrat est pressé avec le poing, seulement quelques gouttes en sortent. Si vous pouvez tester le pH, il doit être entre 8 et 8,5. Le C/N est théoriquement passé à environ 20, et il peut y avoir encore une petite odeur d’ammoniac.
La phase 2 : Pasteurisation et conditionnement des substrats compostés
Règles générales
Comme pour la culture des champignons en générale, le substrat composté doit ensuite être nettoyé des microorganismes concurrents ou pathogènes, restant, qui pourraient donc gêner la croissance du futur mycélium. Cela éliminera également les larves et les œufs de nématodes et autres insectes.
Cette étape rendra également le substrat plus sélectif pour nos champignons décomposeurs secondaires, en éliminant également le reste d’ammoniac qu’il contient et en favorisant le développement de micro-organismes spécifiques.
Le champignon de Paris aime la présence des actinomycètes qui favorisent sa fructification, ainsi que celle de Scytalidium thermophilus, qui est un autre champignon thermophile, qui se développe parfaitement autour des 58°C et qui est inactif sous les 40°C environ. Sa présence préserve l’équilibre biologique du substrat durant la phase de colonisation et de fructification.
On réalise généralement une pasteurisation à la vapeur autour de 60°C.
Avant le traitement à la vapeur, on conditionne le substrat dans des caissettes qui peuvent être elles même être mises dans le lieu de pasteurisation. En effet on utilise une grande pièce pour pasteuriser les substrats compostés. Ceux-ci sont chargés sur des chariots à étage sur roulettes pour être déplacés facilement durant le processus de production.
Certains cultivateurs professionnels ajoutent des suppléments dans le substrat juste avant la pasteurisation. Ce supplément est une nourriture riche qui va être rapidement consommé par les microorganismes restant, ce qui va augmenter la vitesse du processus de pasteurisation. C’est un peu contre-intuitif, mais vu que les micro-organismes vont faire chauffer le substrat en se nourrissant, celui-ci va atteindre plus rapidement la température de 60°C. Cette supplémentation permet également d’augmenter les rendements de champignons.
Étude de cas
Une petite étude de cas en Chine sur la sauvegarde énergétique du processus de culture de Agaricus bisporus :
La pasteurisation demande donc pas mal d’énergie. Certains myciculteurs chinois vont chercher à économiser cette énergie en conditionnant et en pasteurisation le substrat composté juste après son pic de chaleur durant la phase de fermentation. En trois étapes ça donnerait ça :
- Etape 1 : C’est la phase de compostage, généralement réalisée à l’extérieur. On utilise également des matières plus riches, et on favorise donc une chauffe rapide. Elle est écourtée à une dizaine de jours environ.
- Etape 2 : Le substrat est mis en conditionnement dans de gros volumes, qu’avec un itinéraire classique, pour avoir une meilleure conductivité de chaleur.
- Etape 3 : Le pic de chaleur arrive entre la fin de la fermentation et le début de la phase de conditionnement, donc le moment ou le substrat est mis dans les caissettes et va être pasteurisé.
La phase 3 : Ensemencement et Incubation des substrats compostés
La dernière phase, c’est peut être une phase que vous connaissez si vous avez déjà cultivé des décomposeurs primaires.
Une fois que le substrat a été composté, conditionné et pasteurisé, on va premièrement l’ensemencer, c’est donc la phase ou on incorpore du mycélium dans le substrat.
Très souvent c’est donc du mycĂ©lium sur grain. Pour Agaricus bisporus, par exemple, on va utiliser environ 1 Ă 1,2L de mycĂ©lium par m2 de substrat pour le disposer en couche fine. Ça reprĂ©sente environ 100 Ă 140kg de substrat ensemencĂ©. C’est un ensemencement vraiment minime, autour de 1% en moyenne, mais suffisant pour ce type de champignon.
Et puis le champignon est mis en phase d’incubation, c’est à dire que l’on favorise des conditions atmosphériques qui vont lui permettre de coloniser le substrat le plus rapidement possible.
On va garder la pièce de fructification fermée durant le temps d’incubation. Si elle ne dépasse pas 27°C pas de soucis pour Agaricus bisporus, sinon il faudra aérer un peu la pièce
Certains cultivateurs utilisent à la fin de l’incubation de la terre de gobetage. Elle est généralement constituée de tourbe et de calcaire. C’est une couche non nutritive que l’on vient apposer sur le dessus du substrat. Elle va permettre de faire une couche tampon pour le mycélium et les futurs primordiaux de champignons. Elle va aussi créer une protection pour le substrat contre le dessèchement.
Je ne développe pas plus ici cette phase suivante qui est la fructification, je vous invite à lire l’article sur les 7 étapes de la culture des champignons pour en savoir plus.
Merci d’avoir lu cet article sur les substrats compostĂ©s ! N’hĂ©sitez pas Ă nous laisser un commentaire ou bien Ă le partager ! 🙂 S’il vous Ă plu n’hĂ©sitez pas Ă le partager ou bien Ă nous laisser un commentaire 🙂 !