Les 8 couleurs de la contamination en culture de champignons

La culture des champignons est une expérience formidable, jusqu’au moment où nous commençons à croiser la route de notre première contamination de couleur. En effet, des teintes étranges peuvent apparaitre lors de la colonisation de votre substrat. Avec le temps, et un grand nombre de substrats contaminés, je me suis rendu compte d’un élément pour qualifier facilement le mal qui envahit la culture : les couleurs de la contamination. En partant de ce premier aspect macroscopique, il vous sera plus facile de déterminer précisément les pathogènes présents sur votre culture. Ainsi, vous pourrez comprendre plus facilement comment ils sont arrivés là, et surtout comment ne plus avoir ces contaminations dans vos cultures à terme.

Dans cet article, nous allons voir 8 couleurs de la contamination :

  • Brune : Papulospora byssina, Botrytis
  • Rose : Geotrichium sp., Trichothecium
  • Orange : Neurospora sp.
  • Jaune : Fusarium sp., Chrysosporium luteum, Epicoccum, Sepedonium, Aspergillus spp.
  • Vert : Chaetomium olivaceum, Penicillium sp., Aspergillus sp., Trichoderma sp., Cladosporium sp.
  • Blanc : Scopulariopsis, Monilia
  • Gris : Dactlyium dendroides
  • Noire : Alternaria spp., Aspergillus spp, Doratomyces stemonitis, Rhizopus, Mucor

Introduction à la contamination de couleur

Dans cet article, il sera principalement traité les moisissures contaminantes. D’autres articles viendront compléter celui-ci avec les contaminations d’origine bactérienne et d’origine entomologique (insectes).

Pour chaque contamination de couleurs, vous trouverez son habitat, son apparence macroscopique, la source de contamination et les mesures de contrôle pour ne plus les recroiser dans vos cultures !

Attention, il est possible que vous rencontriez des contaminants qui ne sont pas décrits ici ! Il est également possible que certains contaminants n’aient pas d’illustration. N’hésitez pas à m’envoyer des photos de vos plus belles contaminations !

Contamination de couleur BRUNE

La moisissure brune plâtre : Papulospora sp.

Papulospora est une moisissure de couleur brune
Papulospora sp.

Son nom vient du latin « papulosus » qui signifie « ressemblant à un bouton », en référence à l’arrangement microscopique de ces groupes de cellules.

Cette moisissure est compétitive du mycélium champignon et peut complètement empêcher la fructification.

Habitat : C’est un champignon saprophyte, commun sur le compost trop mature ou avec un excès d’eau. Certaines espèces poussent directement sur le bois des caissettes de fructification et se diffusent dans le substrat.

Apparence macroscopique : Mycélium dense et blanc (ressemblant à Scopulariopsis, la moisissure blanche plâtre) dans les premiers jours. Puis devient rapidement brune avec de petites billes ou de petits sclérotes poudreux. Les billes de cellules sont facilement visibles avec une loupe et sont pigmentées de noire.

Source de la contamination : Premièrement dans l’air, dans le substrat de fructification usé ou des caissettes/ racks de culture en bois non traités.

Mesures de contrôle : Ne pas faire sur compostage, il faut bien gérer l’humidité dans le compost, enlever proprement l’ensemble du vieux substrat, nettoyer le conteneur et maintenir une bonne hygiène entre les cultures.

La moisissure brune : Botrytis sp.

Provient du latin « botry » qui veut dire « bouquet », se rapportant au bouquet de grappes de spores que l’on peut observer au microscope.

une contamination de couleur brune
Botritys sp.

Habitat : Il est commun et souvent retrouvé dans la terre de gobetage, où il préfère une mixture riche en tissu boisé, le tout accompagné d’une haute humidité et d’une température modérée. Le botrytis survient sur le bois des caissettes, lorsqu’il y a de la condensation. Moins fréquente sur compost.

Apparence macroscopique : Tout d’abord, la contamination est de couleur blanche, notamment le long des marges, parfois grisâtres, elle croît rapidement de manière aérienne, puis devient dorée brun à cannelle avec la maturation des spores, se diffusant de la terre de gobetage, au bois des racks et inversement. Les spores sont ensuite véhiculées dans l’atmosphère par le moindre courant d’air. Cela survient au bout de 2 semaines environ. Parfois, elle se transforme en forme sexuée et l’on voit alors apparaitre des coupoles marron.

Source de la contamination : L’air, le sol et le bois humide.

Mesures de contrôle : Utiliser de la terre de gobetage propre, isolé et décontaminer les racks en bois contaminés, notamment par un nettoyage à la vapeur chaude avec une pasteurisation en pression positive dans la pièce de culture. Planifier un contrôle de l’hygiène stricte pour éviter que cette moisissure ne se diffuse.

Contamination de couleur ROSE

La moisissure rouge à lèvres : Geotrichium sp.

La couleur rose apparait avec la maturation des spores
Geotrichium sp.

Habitat :
Apparence macroscopique :
Source de la contamination :
Mesures de contrôle :

La moisissure rose : Trichothecium

Son nom provient du grec « trichos » qui signifie « poilu » et de « theke » qui veut dire sac ou capsule. La plupart du temps, la contamination survient sur des substrats à base d’agar, et est véhiculée par l’air.

Une contamination de couleur rose
Trichothecium sp.

Habitat : La plupart du temps, c’est un saprophyte, on le trouve rarement sur du grain, à moins qu’il soit associé spécifiquement à la microflore du grain. Trichothecium est un contaminant occasionnel sur les milieux d’agar et dans les composts mal préparés ou immatures.

Apparence macroscopique : Le mycélium est initialement blanc, puis devient rapidement rose avec la production de spores, et ralentit typiquement la vitesse de croissance sur agar. Trichotecium est une moisissure poudreuse de même type que Pénicillium.

Source de la contamination :Principalement via l’air.

Mesures de contrôle :Filtration de l’air et une bonne hygiène dans le laboratoire.

La moisissure rose pain : Neurospora sp.

Le nom de cette moisissure provient du latin « neuro », qui signifie nerf, et « spora » qui veut dire spore, en référence aux crêtes ressemblants à des nerfs, qui courent le long de l’axe des spores.

Le neurospora peut également avoir des variations orangées
Neurospora sp.

Habitat : Commun à occasionnel sur agar et sur grain. Le Neurospora se développe vite, parfois en 24h, elle peut avoir totalement colonisée une boite de pétri. Elle est ubiquitaire (qui a une grande aire de répartition) dans la nature, poussant sur les bouses, dans le sol et sur les plantes en décomposition.

Apparence macroscopique : Sa croissance est très rapide, son mycélium est aérien et rampant, il devient d’un rose brillant avec la maturation des spores.

Source de la contamination : Premièrement source avec l’air, seconde source avec le sol, le compost et les grains.

Mesures de contrôle : Filtration de l’air, incubation des cultures dans un environnement stérile, une bonne stérilisation des grains, isolation et destruction des contaminations de culture, et encore une fois un maintien strict de l’hygiène.

Les myciculteurs qui ont lu cet article ont aussi lu  Les 5 caractéristiques des substrats à champignons à absolument connaitre

Contamination de couleur ORANGE

La moisissure orange : Chrysonilia sitophila

Forme non sexuée, reproduction par clonage de Neurospora sitophila.

Une contamination de couleur orange
Chrysonilia sitophila

Habitat : identique à Neurospora

Apparence macroscopique : Elle diverge seulement par sa couleur de Neurospora, le mycélium est blanc, puis d’une teinte orangée à maturité.

Source de la contamination : identique à Neurospora

Mesures de contrôle : identique à Neurospora

Contamination de couleur JAUNE

La moisissure de pluie jaune : Fusarium sp.

Le nom de cette moisissure provient de la même racine grecque que « fusiforme », ce qui veut dire gonflé au centre et allongé sur les bords, en référence à la forme distincte de ces conidies.

Habitat : Communément rencontré dans la production de mycélium sur grain et d’agar. Naturellement présent sur de nombreux grains tels que le riz, le blé, l’orge et l’avoine, Fusarium est également retrouvé dans le sol, sur des plantes vivantes et pourrissantes, et sur le carton et le papier en décomposition.

Apparence macroscopique : Elle apparait comme extensive, avec une croissance rapide. Le mycélium est blanc et cotonneux et peut devenir jaune-or et dans la plupart des cas très brillant. On retrouve des espèces de couleur violette et rose également.

Source de la contamination : L’air, le grain et la terre de gobetage.

Mesures de contrôle : Suffisamment de stérilisation pour le grain, isolation et destruction propre des contaminants. Bonne hygiène générale, avec filtration de l’air pour prévenir des contaminants. Augmenter la ventilation pour diminuer une sur-humidité, indice de prolifération de potentiel contaminant.

La moisissure jaune : Epicoccum

Habitat : Un contaminant occasionnel sur les substrats à base de grain. Les espèces de ce genre sont des décomposeurs de bois, de feuilles et de tiges de plantes, jouant un rôle important dans les communautés du sol.

Apparence macroscopique : Les espèces de ce genre sont pigmentées de manières variées. Dans la culture sur grain, Epicoccum se distingue par son brillant jaune ( parfois orangé) et est souvent associé au fluide jaunâtre, qu’il dégage, apparemment. Son mycélium en zone dense où ces spores noires se forment. Sur la plupart des milieux à base d’agar, Epicoccum grandit doucement et est de couleur blanche. En dehors du laboratoire, Epicoccum peut être trouvé sur des brindilles ou des feuilles, formant de petites colonies noirâtres.

Source de la contamination : L’air, le sol et les grains.

Mesures de contrôle : Isolation des cultures contaminées, faire attention à utiliser, pour la colonisation, suffisamment de vapeur pour une bonne pasteurisation en sac.

La maladie du tapis jaune : Chrysosporium

Provient de la racine latine, « chryso », qui veut dire or et « sporium » qui veut dire spore.

Habitat : Moisissure saprophyte, communément trouvée dans le sol et endémique des composts préparés directement au contact d’un sol terreux. Cependant, les espèces de Chrysosporium habitent naturellement le fumier des animaux pâturant et des poulets. Aujourd’hui, il est rarement vu dans un compost de champignons matures, avec le développement de technique de compostage moderne.

Apparence macroscopique : Blanc au départ, puis rapidement jaunâtre vers le centre, et parfois, complètement jaunâtre uniforme, formant un tissu épais et souple entre le compost injecté et la terre de gobetage, inhibant la formation des primordias.

Source de la contamination : Air, sol et compost non mature (bouses).

Mesures de contrôle : Utiliser des surfaces dures, comme un sol en béton, pour fabriquer le compost de champignons, et l’isoler des sols non traités et des fumiers bruts. Filtrer l’air durant la phase 2 de compostage. Si Chrysosporium apparait durant la phase de gobetage, du sel ou un tampon alcalin peut être appliqué en guise de désinfection.

La moisissure blanc-jaune : Sepedonium

Habitat : Occasionnellement, à fréquemment rencontré sur agar, plus commune sur le compost et en tant que parasite de champignons sauvage.

Sepedonium une contamination de couleur jaune
Sepedonium sp. sur gélose


Apparence macroscopique : Sur Malt d’agar ou sur grain de riz, elle apparait comme une masse blanchâtre se développant rapidement, très similaire au mycélium de champignons, et fréquemment passée inaperçu avec cette caractéristique. Sur compost, c’est une fine moisissure blanche qui avec l’âge devient jaunâtre à blanc avec la production de spores. Elle n’est pas aussi prolifique que la moisissure vert forêt, le Trichoderma. Si ces spores ne sont pas produites, cette moisissure reste blanche. Cette moisissure peut en plus attaquer les composts qui ont bien été préparés.

Source de la contamination : Premièrement l’air, mais également le compost de culture utilisé.

Mesures de contrôle : Une bonne filtration de l’air, le maintien strict de l’hygiène dans le laboratoire et la chambre de culture, enlever soigneusement les restes de compost, et la désinfection complète des conteneurs de cultures.

La moisissure jaune/verte/noir : Aspergillus sp.

Voir Aspergillus sp. dans la section moisissure verte.

L'aspergillus est un contamination de couleur jaune
Aspergillus sp.

Contamination de couleur VERTE

La moisissure verte olive : Chaetomium olivaceum

Son nom provient de la racine grecque « chaeta » qui veut dire, « longs cheveux ».

Le chaetonium peut être confondu avec le trichoderma
Chaetonium sp. sur gélose

Habitat : Commun sur la matière fraiche, spécialement sur le compost qui a été pasteurisé en condition anaérobie, dans la paille, les feuilles et débris de plantes et le carton/papier. Chaetomium est un contaminant rare sur grain et n’est pas fréquent sur l’agar. Une espèce de couleur blanche pousse également sur la terre de gobetage.

Apparence macroscopique : Mycélium peu visible au premier abord, fin, de couleur blanche ou grisonnante chez certaines espèces, il est cotonneux, dense et aérien. Certaines formes deviennent légèrement marron, jaunâtres ou orangées lorsqu’elles se développent. À maturité, cette moisissure devient noir-vert, à verte olive, en formant des structures disperses qui sont en faite le périthèce contenant les spores.

Source de la contamination : L’air, le sol, le compost et le grain.

Mesures de contrôle : Mesure générale d’hygiène, pasteurisation aérobie en phase 2 de compostage.

La moisissure bleu-vert : Penicillium sp.

Son nom provient de la racine latine, « penicillum » veut dire « brosser en touffe », en référence à la forme de ces fructifications sporifères.

Penicillium sp. est la moisissure qui produit la pénicilline
Penicillium sp.

Habitat : C’est un contaminant extrêmement commun, cependant pas aussi présent dans la nature que le Cladosporium, Penicillium est le plus présent des contaminants en intérieur, il est très lié aux habitudes nutritives de l’homme. Les espèces de Penicillium sont abondamment présentes sur les fruits, les fromages et les grains. Ces espèces aiment les habitats plutôt acides. Elles sont occasionnellement rencontrées sur les champignons immatures de compost, la terre de gobetage et les débris de champignons oubliés.

Apparence macroscopique : Apparence granuleuse ou poudreuse de moisissure verte, souvent avec un large bord blanchâtre provenant d’une nouvelle croissance. L’apparence visuelle des parties vertes du roquefort, qui est colonisé par Penicillium roqueforti, vous aidera à l’identifier. Certaines espèces, rencontrées moins souvent, sont blanches, jaunes ou même rouges. Beaucoup d’espèces exsudent des gouttelettes d’eau à leur surface qui ont des propriétés antibiotiques.

Source de la contamination : Premièrement par l’air, également dans le stockage des grains et d’autres matières nutritives, les humains sont les plus grands diffuseurs de cette moisissure.

Mesures de contrôle : Filtration de l’air, enlever les déchets de nourriture, isolation des cultures contaminées, et un haut niveau d’hygiène.

Les myciculteurs qui ont lu cet article ont aussi lu  Milieux de culture pour champignons : quoi ensemencer avec quoi ?

La moisissure verte/jaune/noir : Aspergillus sp.

Proviens de la racine latine « aspergilliformis » qui veut dire en forme de pinceau en référence à la forme des conidiophores.

Cette moisissure peut avoir plusieurs couleurs différentes en fonction de son espèce.
Aspergillus sp.

Habitat : Cette moisissure de couleur est très commune sur agar et sur culture sur grain, également dans la fabrication du compost. Trouvée sur tous les substrats organiques, Arpergillus préfère des substrats neutres, à légèrement basique, en termes de pH. Les conteneurs et les parties en bois utilisés pour contenir les composts sont des habitats fréquents pour cette moisissure.

Apparence macroscopique : Ces espèces ont une palette de couleur allant du vert au noir. Plus fréquemment, Les espèces d’Aspergillus sont vertes et similaires au Penicillium. Aspergillus niger, est de couleur noire, Aspergillus flavus est jaune, Aspergillus clavatus est bleu vert, Aspergillus fumigatus est vert-gris et enfin Aspergillus veriscolor à une variété de couleur ( du vert au rose en passant par le jaune). Ces moisissures, comme beaucoup d’autres, changent de couleur et d’apparence en fonction du milieu sur lequel elles s’établissent. Certaines espèces sont également thermophiles.

Source de la contamination : L’air.

Mesures de contrôle : De bonnes pratiques d’hygiène sont à acquérir, enlever les déchets de substrats, spécialement des résidus de bois et de compost. Utiliser des sacs microfiltrés.

La moisissure vert forêt : Trichoderma sp.

Provenant de la racine grecque « trichos », ce qui signifie poilus et « derma » veut dire peau.

Une contamination de couleur vert foret
Trichoderma sp.

Habitat : Une moisissure très commune sur compost, sur terre de gobetage et dans une moindre mesure sur grain et sur agar. Trichoderma est souvent parasite de champignons et peut réduire ou inhiber la fructification. Beaucoup d’espèces poussent sur bois, sur des tissus ligneux et sur de la tourbe. Trichoderma pousse fréquemment sur le bois des conteneurs de compost.

Apparence macroscopique : Une moisissure cotonneuse, qui pousse en colonies circulaires sur le compost ou la terre de gobetage, gris et diffus dans un premier temps, poussant rapidement, et devenant vite une contamination de couleur vert forêt lors de la maturation des spores. Sur gélose MEA, le mycélium de Trichoderma est aérien, cotonneux et d’un vert forêt brillant, là où le mycélium de Penicillium est plutôt incrusté, granuleux et de couleur bleu-vert. Des espèces peu fréquentes sont parfois de couleur blanche ou jaune, mais la majorité du temps, celles présentes en culture de champignons sont vertes.

Source de la contamination : Tout d’abord par l’air, par les cultures sur agar et sur grains. Sur la terre de gobetage, il est introduit par la tourbe. Trichoderma est souvent disséminé lors de la récolte ou le nettoyage des conteneurs/ chambre de fructification.

Mesures de contrôle : récolter et éliminer soigneusement les champignons morts ou malades, diminuer le niveau d’humidité, baisser le niveau de C02 et augmenter la ventilation pour éliminer les poches d’air stagnantes. Utiliser du matériel de gobetage propre, sans matière décomposée. Diminuer les contaminations de Trichoderma peut être réalisé par plusieurs méthodes. Premièrement en augmentant le pH des substrats, avec une source de calcium. Une reconnaissance rapide de ce champignon peut également être efficace.

Pour en savoir plus sur le Trichoderma, je vous invite à lire cet article.

La moisissure noir-vert : Cladosporium sp.

Le nom de ce genre provient du grec « klodas » qui veut dire branche, et « sporium » qui veut dire spore. Ce nom est en référence aux deux cellules de spores produites par les branches provenant du même corps du conidiophore.

Le cladosporium diverse du trichoderma par son apparence bleuté
Cladosporium sp.

Habitat : Cladosporium est le genre de contaminant le plus présent dans l’air. Les espèces peuvent être saprophytes et parasites. Au moins 3 espèces sont connues pour infecter le mycélium sur grain, mais pas de manière aussi commune qu’Aspergillus et Penicillium. La plupart des espèces se développent peu sur les milieux à base d’agar. La plupart décomposent le papier ( la plupart des moisissures noires sur les vieux livres sont des Cladosporia), sur les débris de plantes, les végétaux ou autres plantes ligneuses.

Apparence macroscopique : Des espèces de Cladosporium causent des problèmes dans le mycélium sur grain des producteurs, c’est typiquement une contamination de couleur noir-vert, parfois complètement noirs avec l’âge. Ressemblant au type de moisissure poudreuse, comme le Penicillium.

Source de la contamination : L’air.

Mesures de contrôle : bonne pratique d’hygiène, enlever les restes de substrats, et filtration de l’air avec des micros-filtres.

Contamination de couleur BLANCHE

La moisissure couleur blanche plâtre : Scopulariopsis

Provient de la racine latine « scopulatus » qui veut dire en forme de balais ou de brosse en référence à la structure reproductrice.

Scopulariopsis sp. sur fromage
  • Habitat : Une moisissure saprophyte, occasionnellement observée dans le compost qui a été trop humidifié ou bien trop changé en azote. Le Scopulariopsis forme également sur la terre de gobetage durant le cycle de fructification. Il pousse naturellement sur le sol, sur les racks en bois, sur les feuilles et plantes pourries, ainsi que sur le grain. Ce groupe de moisissure préfère généralement les pH alcalins.
  • Apparence macroscopique : Les colonies sont circulaires et denses, avec un mycélium blanc, qui peut prendre des teintes roses avec l’âge. Cette contamination de couleur blanche apparait souvent comme une tache, la plupart du temps sur le compost ou la terre de gobetage.
  • Source de la contamination : Premièrement, les spores peuvent être diffusées via l’air, le compost utilisé, les insectes et enfin le matériel en contact avec le contaminant qui n’a pas été soigneusement nettoyé.
  • Mesures de contrôle : Préparer proprement et bien gérer l’aération en phase 2 de compostage pour éliminer convenablement ce parasite. L’excès d’eau et le manque d’air sont vraiment les deux principaux paramètres qui permettent l’apparition de la moisissure blanche plâtre. Avant le remplissage, l’ajout de gypse peut réduire l’humidité du compost.

La moisissure blanche farine : Monilia

Provient de la racine latine « monile », qui veut dire collier, par rapport à la forme de chaine que prend le mycélium et les cellules productrices de spores.

Habitat : Relativement commun sur agar, grains, compost et terre de gobetage.

Apparence macroscopique : Représenté par 2 types de formes ; la forme imparfaite de Monilia est généralement une moisissure blanche en fine poudre, et la forme parfaite est Neurospora qui pousse rapidement et produit par la suite un mycélium rose avec la maturité des spores. Dans le grain, les 2 formes sont rencontrées. Le monilia blanc a une remarquable ressemblance avec un collier de perles fin, et peu passer inaperçu. Sur terre de gobetage, la forme rose est plus commune. Les deux ont une croissance rapide.

Source de la contamination : L’air, le sol et le grain.

Mesures de contrôle : La filtration de l’air, la maintenance d’une bonne hygiène de laboratoire et de la pièce d’incubation. Spécialement, le fait d’enlever les déchets de culture qui sont présents. Une bonne stérilisation/pasteurisation des substrats réduit les possibilités de contaminations de survenir. Ce contaminant est connu pour être introduit de manière extérieure dans les cultures. Des filtres et filtrations efficaces préviendront les spores de Monilia de contaminer les substrats et les pièces de cultures.

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Contamination de couleur GRISE

La moisissure-araignée : Dactylium dendroides

Provient de la racine grecque « daktylos » qui veut dire « doigts », en référence à l’apparence des chaines de conidiophores.

une contamination de couleur grise
Dactylium dendroides

Habitat : Communément présent dans la terre de gobetage et parasite des fructifications de champignons.

Apparence macroscopique : Dactylium dendroides, a l’apparence d’une toile d’araignée, à l’état immature, il n’est qu’une petite tache qui pousse rapidement à la surface de la terre de gobetage, puis la contamination de couleur grise recouvre tout sur son passage. Les champignons qui sont recouverts par son léger voile sont affectés. Cette moisissure est initialement grise, parfois blanchâtre et devient une contamination de couleur rose avec l’âge. Lorsqu’on les coupe en deux, les champignons infestés sont pourrissants et les jeunes primordias sont réduits en une masse informe de tissus mous.

Source de la contamination : L’air, la terre de gobetage, l’eau et les insectes.

Mesures de contrôle : Isoler immédiatement les champignons parasités de l’environnement de culture, baisser l’humidité relative et augmenter la circulation d’air. Observer soigneusement la terre de gobetage et les matériaux qui la composent. La pasteurisation de la terre de gobetage peut prévenir son apparition. La croissance peut être stoppée si vous la recouvrez de sel, de bicarbonate de soude ou de toute autre substance alcaline.

Contamination de couleur NOIRE

La moisissure à point noir : Alternaria sp.

Son nom provient de la racine latine « alternus » qui signifie « alternance », en référence à l’alternance de chaine de spores, qui caractérise son genre.

Habitat : Cette contamination de couleur est très commune dans la nature, occasionnellement à fréquemment rencontrée dans la production de mycélium sur grain, et en large nombre dans la poussière domestique. Alternaria est peu fréquemment vue sur grain de seigle, mais plus souvent sur les autres types de graines. Alternaria est un des champignons saprophytes les plus présents sur grains, semences, pailles, feuilles, fruits pourris et beurre doux. Dans les zones tempérées, il est plus souvent présent à la fin de l’été et de l’automne qu’à n’importe quels autres moments de l’année.

Apparence macroscopique : Une croissance rapide avec un mycélium de couleur gris-noir à noir. Alternaria apparait d’abord comme des points dispersés dans le conteneur, puis se diffusent vite et recouvre tout le mycélium du champignon. Sur agar, il ressemble beaucoup à du Penicillium.

Source de la contamination : L’air.

Mesures de contrôle : bonne hygiène des habits, maintien d’un faible niveau de poussière, microfiltres des substrats et filtration de l’air.

La moisissure noire/verte/jaune : Aspergillus sp.

Voir Aspergillus sp. dans la section moisissure verte.

La moisissure à moustache noire : Doratomyces stemonitis

Habitat : Une moisissure saprophyte, occasionnellement rencontrée sur paille ou sur du compost mal pasteurisé, sur les racks en bois, mais rarement sur la terre de gobetage, parfois sur grains, et rare sur agar. Dans la nature, Doratomyces constitue une part majeure de ma microflore du sol.

une contamination de couleur noir
Doratomyces stemonitis


Apparence macroscopique : Une grosse touffe de moisissure sporulant de couleur noire, traversant le compost et perturbant le milieu avec une sporulation donnant une couleur grise à la moisissure. Les régions de compost contaminé sont davantage noires et semblent plus humides. Son nom commun « la moisissure noire » décrit bien son apparence macroscopique.

Source de la contamination : Premièrement l’air, secondairement par le compost utilisé et des débris ligneux.

Mesures de contrôle : Filtration de l’air, préparation correcte du compost pasteurisé et une bonne planification de l’hygiène du laboratoire. Si une pièce est contaminée avec ce champignon, il contient de la nettoyer parfaitement avant une réutilisation, en particulier sur les racks en bois, ou elle croît rapidement. La source la plus commune de contamination reste le compost utilisé et la terre de gobetage.

La moisissure à épingles noires : Rhizopus

Son genre provient du latin. Le préfixe « rhizo » se rapporte aux racines et le suffixe « pus » aux pieds, en référence aux rhizoïdes à la base du sporangiophore qui est caractérisé des espèces de ce genre.

Cette moisissure ressemble beaucoup à Mucor
Rhizopus sp.

Habitat : Moisissure saprophyte communément retrouvée sur grain et sur agar. Le Rhizopus habite naturellement dans la bouse et le sol. Il est également décomposeur de plante et de matière animale. Dans nos habitats, ce contaminant est généralement vu sur du vieux pain et sur des fruits.

Apparence macroscopique : similaire à Mucor. Lorsqu’il sporule, Rhizopus apparait comme un tas de mycélium dense, aérien avec ces hyphes verticalement orientés qui ont une couleur noire grise à noire. Cela ressemble à une forêt de pins.

Source de la contamination : Principalement l’air.

Mesures de contrôle : Filtration de l’air, mesure d’hygiène stricte et pasteurisation à la vapeur correcte des grains et de l’agar.

La moisissure du pain noir : Mucor sp.

Habitat : Saprophyte commun des grains stocké, des fumiers de chevaux, de la vielle paille, du compost de champignons, de la tourbe, du sol et des débris de plantes. Pousse également sur les textiles.

C'est une moisissure qui ressemble beaucoup à Rhizopus
Mucor sp.

Apparence macroscopique : C’est une moisissure qui pousse rapidement, entrelacée dans un mycélium dense et blanc en premier lieu, produisant une sporangiophore en forme de tige non gonflée au niveau de l’apex, mais avec une enveloppe sphérique. Elle devient une contamination de couleur grise, puis entièrement noire avec la production de spores. Quand Mucor sporule, il a l’apparence d’une forêt de pins noirs, à la manière de Rhizopus. Sur gélose MEA, il est dur à identifier étant donné que le sporangiophore ne se forme pas.

Source de la contamination : L’air, puis le grain et le compost.

Mesures de contrôle : Filtration de l’air, stérilisation de grain suffisante, nettoyage immédiat des régions contaminées de compost usé et de champignons âgés. Mesure d’hygiène générale pour prévenir ce contaminant avant qu’il ne devienne un problème.

Si vous avez des questions sur une contamination de couleur, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire 🙂

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2 réponses sur “Les 8 couleurs de la contamination en culture de champignons”

  1. Clément dit :

    Bonjour, est-il possible que le mycélium adopte de légères variations de teintes sans que cela soit une contamination ? Si oui dans quel cas ?
    Où peut-on vous envoyer nos photos de contamination afin d’enrichir la bibliothèque ? 😀
    Merci pour tous vos articles enrichissants !

    1. Bonjour Clément,
      Merci pour votre question pertinente ! En effet, certains espèces produisent de la couleur sur leur mycélium :
      – La naméko produit une teinte orangé
      – le pleurote jaune une teinte jaunâtre
      – Le pleurote rose une teinte rosé
      – le pioppino une teinte brune légère ( suivant les souches)

      Donc à ne pas confondre avec de véritables contaminations. 🙂

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