Lancer une ferme à champignons : comment j’ai relancé ma production pas à pas

Vous envisagez de lancer une ferme à champignons ou de relancer une activité après une pause ? Voici les coulisses de ma propre reprise de production, étape par étape : de l’avancement des travaux dans la ferme jusqu’à l’incubation des premières géoses. Un article détaillé pour inspirer et guider ceux qui veulent se lancer dans la myciculture professionnelle.

Vous envisagez de lancer une ferme à champignons ou de relancer une activité après une pause ? Voici les coulisses de ma propre reprise de production, étape par étape : de l’avancement des travaux dans la ferme jusqu’à l’incubation des premières géoses. Un article détaillé pour inspirer et guider ceux qui veulent se lancer dans la myciculture professionnelle.

Avancement des travaux

Après un an sans production, c’est enfin reparti. Et pour moi, ce redémarrage a été aussi symbolique qu’excitant. Depuis plusieurs semaines, je travaille à remettre ma micro-ferme en état de fonctionnement. Plusieurs espaces sont désormais presque prêts. Le laboratoire est opérationnel avec hotte à flux laminaire, frigo, éclairage, sol en PVC, tout est en place. La chambre de fructification est équipée en éclairage LED, et j’ai commencé à installer le système de ventilation et d’humidification. Il me reste à terminer le sol et à faire sortir les gaines d’aération par une fenêtre que je dois découper. L’incubateur n’est pas encore finalisé, alors j’utilise une version provisoire : une boîte avec une nappe chauffante.

Mon objectif de production est de 200 kg de champignons frais par mois, destinés aux circuits courts, aux particuliers locaux et à quelques restaurants partenaires. C’est une production artisanale, qualitative, mais bien structurée. Relancer une ferme à champignons, c’est aussi renouer avec le vivant, les cycles naturels, et retrouver le plaisir des manipulations mycologiques.

Présentation du planning de production

Pour relancer proprement la production, j’ai établi un planning hebdomadaire très structuré. Chaque semaine est numérotée (S31, S32, etc.) et précise les espèces à produire, les types de semences utilisées (micothèque, culture liquide, grain) et les quantités à préparer.

Par exemple, en semaine 31, je produis les géoses pour les shiitakés, les pleurotes, les erinji, les hericium et les foliotes. En semaine 33, ces géoses seront utilisées pour créer les cultures liquides. Puis, au fil des semaines suivantes, je passerai à l’ensemencement sur grain, puis sur substrat.

Ce système permet d’alterner entre des souches commerciales et des souches expérimentales, tout en gardant une bonne cadence. En général, je prépare trois géoses par souche, deux fois par an. Cela me suffit largement pour tenir toute la production en culture liquide sur six mois.

Intérêt de conserver les souches + méthodes de conservation

La micothèque est véritablement le cœur de ma ferme. Elle me permet de conserver la génétique de mes meilleures souches, de relancer une production à tout moment, et de garder une traçabilité claire.

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J’utilise principalement trois méthodes de conservation. Les tubes penchés à base d’agar pauvre, conservés à 4°C, sont simples et fiables. Pour certaines souches plus sensibles ou que je souhaite garder plus longtemps, j’utilise des tubes remplis d’eau stérile recouverts de paraffine. J’ai également quelques souches conservées sur grain, prêtes à être relancées en cas de besoin.

Avec le temps, une souche peut perdre en vigueur si elle se divise trop souvent. Le froid ralentit ce processus. À terme, j’aimerais mettre en place un système de conservation à -80°C, voire de la cryogénisation à l’azote liquide, qui permettrait de figer génétiquement une souche pendant des années.

Verre vs plastique pour le stockage des souches

J’ai testé les deux types de contenants pour ma micothèque. Les tubes en verre sont réutilisables, stérilisables, durables, mais ils sont fragiles, plus coûteux et leur petit diamètre les rend parfois compliqués à utiliser. Les tubes en plastique, eux, sont beaucoup plus pratiques. Ils sont légers, plus larges, moins chers et passent très bien à l’autoclave. Leur principal inconvénient est qu’ils sont à usage unique, donc plus générateurs de déchets.

Aujourd’hui, j’utilise principalement des tubes en plastique pour leur praticité au quotidien. J’en garde tout de même quelques-uns en verre pour conserver mes souches mères les plus précieuses. Et par sécurité, je fais toujours plusieurs copies de ma micothèque : une chez moi, une dans le labo, une chez un ami. En cas de panne, de contamination ou d’incendie, je peux tout relancer.

Création de gélose en boîtes de Pétri

Le milieu que j’utilise le plus souvent est le PDA, à base de pommes de terre, de dextrose et d’agar. Je commence par faire cuire les pommes de terre, je filtre le bouillon, j’ajoute le sucre et l’agar, puis je stérilise le tout à l’autoclave pendant 20 minutes. Ensuite, je coule le mélange dans des boîtes de Pétri sous hotte stérile.

Je veille toujours à bien laisser sécher les boîtes à l’air sous la hotte pour éviter la condensation, qui favorise les contaminations. J’ai aussi testé des milieux colorés pour mieux visualiser le mycélium, mais certaines couleurs comme le bleu-vert empêchent de bien voir les contaminations à trichoderma, ce qui est problématique.

Une fois prêtes, je range mes boîtes dans des sacs zip, pré-étiquetés et datés, en attendant leur ensemencement.

Ensemencement devant la hotte à flux laminaire

Toutes mes manipulations sont faites sous hotte à flux laminaire, qui souffle un air ultra propre filtré à 99,99 %. Je commence par désinfecter la surface de travail, puis je stérilise mes outils à la flamme. Ensuite, j’ouvre un tube de micothèque, je prélève un petit fragment de mycélium, et je le dépose au centre de la gélose. Je referme rapidement, je scelle et je passe à la boîte suivante.

Je prends le temps de bien faire chaque geste, sans précipitation. La rigueur à cette étape est essentielle pour éviter les contaminations.

Fermeture des boîtes et incubation

Après ensemencement, je ferme les boîtes avec du parafilm. Ce matériau semi-respirant évite les échanges d’air contaminé tout en laissant échapper un peu de CO2. J’indique toujours la souche, la date et le numéro de lot sur la boîte, puis je la place dans un incubateur.

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L’incubation se fait à une température comprise entre 21 et 24°C selon les espèces. La lumière doit être très faible, voire absente. En général, le mycélium met de 7 à 15 jours pour coloniser toute la boîte. Si une contamination apparaît, je jette immédiatement la boîte concernée et j’analyse la possible cause pour ne pas reproduire l’erreur.

Conclusion

Après un an sans culture, relancer la production a été un vrai moment de joie et de satisfaction. La plupart de mes géoses ont bien colonisé, et j’ai retrouvé un bon rythme de travail grâce à mon planning précis. J’ai eu quelques contaminations, notamment sur une culture liquide achetée, et une souche d’Hericium qui s’est révélée trop lente, probablement à cause de son ancienneté. Mais ce sont des choses normales : travailler avec du vivant implique toujours une part d’imprévu.

La prochaine étape sera le transfert en culture liquide, puis l’ensemencement sur grain et substrat pour enfin arriver à la fructification.

Merci d’avoir lu cette article sur le lancement de ma ferme à champignons ! Si vous avez des questions ou des remarques, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire 🙂

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