Les champignons ont-ils besoin de lumière ?

La culture des champignons est un domaine passionnant qui suscite de nombreuses questions, notamment en ce qui concerne les besoins en lumière de ces organismes. Contrairement aux plantes, les champignons ne pratiquent pas la photosynthèse, mais la lumière joue-t-elle pour autant un rôle dans leur développement ? Réponse dans cet article !

La photosynthèse chez les champignons : mythe ou réalité ?

Les plantes tirent leur énergie de la lumière du soleil grâce à la photosynthèse, un processus au cours duquel elles transforment l’eau et le dioxyde de carbone, en glucose et oxygène. Elles sont dites, autotrophes, c’est-à-dire qu’elles peuvent produire leurs propres nourritures à l’aide de matière inorganique, comme l’eau, les sels minéraux du sol et donc la lumière.

Les champignons, en revanche, n’ont pas la capacité de réaliser la photosynthèse, car ils ne possèdent pas de chlorophylle, le pigment qui permet la capture de l’énergie lumineuse chez les plantes.

Les champignons sont des organismes plutôt hétérotrophes, ce qui signifie qu’ils obtiennent leur énergie, en décomposant des matières organiques présentes dans leur environnement. Et non en utilisant directement l’énergie lumineuse, qui elle, n’est pas une matière organique.

Pour autant, peuvent-ils vivre en absence de lumière ?

Le rôle de la lumière dans le cycle de vie des champignons

Bien que les champignons ne pratiquent pas la photosynthèse, la lumière a une utilité dans leur développement. En effet, la lumière peut influencer la germination des spores, en agissant comme un signal déclencheur pour la germination chez certaines espèces.

De plus, la lumière peut jouer un rôle dans la transformation du mycélium en primordias, puis en sporophores (la partie des champignons que l’on mange) en influençant la direction de la croissance et la morphologie des champignons. On dit que les champignons sont photosensibles, c’est-à-dire qu’ils ont une réponse visible en réaction à la lumière.

Les seuls champignons qui n’ont pas besoin de lumière sont les champignons de Paris. Ils co-évoluent depuis tellement longtemps avec nous, qu’ils se sont adaptés à l’obscurité complète qui règne dans les caves et les souterrains. Leur développement est indépendant de la présence de lumière.

Finalement, certains types de champignons ont besoin de lumière, d’autres non.

Pour conclure cette partie, on peut utiliser les travaux de Eger-Hummel de 1980, qui a classé les champignons en quatre catégories en fonction de leur besoin en lumière :

Les champignons n'ont pas tous les mêmes besoin en lumière
Les 4 groupes de champignons, en fonction de leurs différents besoin en lumière, pour la formation de la partie fructifère.

Groupe A: La lumière et l’obscurité ne jouent aucun rôle à aucun stade du développement du corps fructifère. C’est le cas d’Agaricus bisporus que nous venons de voir.

Groupe B: La lumière et l’obscurité ne jouent aucun rôle dans la formation des primordias, mais la lumière est requise aux stades ultérieurs du développement du champignon. Lentinus tigrinus se comporte de la sorte.

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Groupe C: La lumière est requise, sauf pendant une courte période au début du développement où l’obscurité est essentielle. Coprinus congregatus fonctionne ainsi.

Groupe D: La lumière est requise à tous les stades du développement du corps fructifère. C’est le cas de Favolus arcularius

Comment les champignons perçoivent-ils la lumière ?

Il a été découvert que certains champignons contiennent des gènes responsables de l’horloge circadienne, qui elle-même est liée à la lumière, avec le cycle jour/nuit. Ces gènes sont appelés WC-1 et WC-2 et font partie du domaine des gènes LOV (sigle en anglais Light-Oxygen-Voltage, donc une catégorie de gène sensible à la lumière, à l’oxygène et à l’électricité). Ces deux gènes WC-1 et WC-2 répondent à la lumière bleue et agissent comme des photorécepteurs. Pour en savoir plus sur ces gènes cliquer ici.

Après avoir identifié ces deux gènes, les chercheurs ont commencé à examiner d’autres champignons et ont trouvé des gènes similaires, par exemple chez Lentinula edodes (Shiitake) et Pleurotus ostreatus (Pleurote).

D’ailleurs les photorécepteurs chez le Shiitaké sont principalement actifs pendant la formation du corps fructifère.

En plus des photorécepteurs de lumière bleue, il a été démontré qu’il existe des photorécepteurs de lumière rouge (phytochromes) dans certains champignons. Et on en découvrira surement d’autres encore.

La quantité de lumière selon les espèces de champignons

Les besoins en lumière des champignons varient en fonction de leur mode de vie et de leur habitat naturel.

Les champignons saprophytes décomposeurs primaires, qui se nourrissent de matière organique fraiche, ont généralement des besoins en lumière réduits, car ils se développent souvent dans des environnements ombragés, comme les sous-bois.

Les champignons décomposeurs secondaires, qui eux, se trouvent dans des zones plus ouvertes, comme les prairies ont des besoins en lumière un peu plus importants.

Pour les champignons mycorhiziens, cela est très variable en fonction des espèces, et de toute façon, il y en a très peu qui sont cultivées pour le moment.

Les champignons sont des organismes dit hétérotrophes
Illustration de champignons mycorhiziens forestiers

En culture contrôlée, on utilise le lux, qui est une unité de mesure de l’éclairement lumineux, et qui correspond à la quantité de lumière visible par unité de surface.

La majorité des champignons ont besoin d’une dose de lumière d’environ 500 à 2000 lux/m2 en fonction des espèces, sauf quelques espèces comme l’enoki, qui traditionnellement sont cultivés avec des niveaux de lumière très bas, qui sont naturellement déficitaires pour leur organisme et qui permettent de leur donner une apparence blanche et allongée.

La lumière est utilisée classiquement durant 8 à 12h sur 24h, en alternance avec des périodes de noir, pour simuler l’alternance lumineuse jour/nuit.

Les pratiques culturales adaptées aux besoins en lumière des champignons

Pour la culture des champignons en intérieur, il est donc important de fournir un éclairage artificiel adapté aux besoins de l’espèce cultivée.

Des lampes à LED ou des tubes fluorescents de couleurs blanches peuvent être utilisés pour fournir la quantité et la qualité de lumière nécessaires au développement des champignons. Lumières blanches, car similaires au spectre lumière renvoyées par le soleil. Et donc, on peut utiliser la lumière indirecte du soleil pour la culture si elle est convenablement répartie.

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Les champignons cultivés en condition controlé ont besoin de lumière articiel
Illustration imaginaire de champignons sous des néons artificiels en laboratoire

Pour la culture en extérieur, il est également essentiel de choisir un emplacement adapté. Les espaces ombragés ou semi-ombragés sont préférables pour la majorité des espèces de champignons cultivés. Je vous conseille les sous-bois et les murs exposés au nord qui sont des emplacements intéressants.

Conclusion

En résumé, si les champignons n’ont pas besoin de lumière pour la photosynthèse, la lumière joue cependant un rôle dans leur cycle de vie, notamment dans la transformation du mycélium en primordias.

Les besoins en lumière varient selon les espèces de champignons, et il est important de prendre en compte ces besoins spécifiques lors de la mise en place d’une culture, que ce soit en intérieur avec un éclairage artificiel ou en extérieur en choisissant un emplacement offrant une exposition à la lumière naturelle adéquate.

En maîtrisant ces aspects, vous pourrez optimiser davantage la culture de ces organismes fascinants et obtenir les meilleurs résultats !

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