Pourquoi mon substrat n’est-il pas colonisé par le mycélium ? [6 raisons]

Dans mes premières expériences de myciculture, après avoir ensemencé mon substrat de grain, de sciure ou de paille avec le mycélium, je patientais sagement durant quelques jours, mais… rien ne se passez ! Alors évidemment je me demandais : pourquoi mon substrat n’est-il pas colonisé par le mycélium ? Dans cet article, je réponds précisément à cette question que tous les débutants se sont forcément posée ou se poseront un jour.

De quels types de substrat allons-nous parler ?

Je vais principalement parler du substrat de fructification, mais la majorité des principes sont ici applicables aux substrats de multiplication à base de graine.

Nous allons remonter le processus de fabrication du substrat pour observer toutes les grandes erreurs que vous pourriez potentiellement rencontrer.

1. Un substrat non adapté

Chaque champignon a besoin d’une nourriture qui lui est propre. Certains d’entre eux ne peuvent pas correctement se nourrir avec des matières qu’ils ne sont pas capables de décomposer. Cela dépend en faites des enzymes qu’ils possèdent, qui sont des genres de ciseaux à molécules.

Tous les substrats de culture ne conviennent pas à tous les champignons
Un illustration d’une substrat non adapté à l’espèce cultivée

L’erreur la plus courante est l’utilisation de sciure ou de copeau de conifère, qui sont généralement plus faciles à trouver, en tous cas en France. Ces arbres contiennent des antifongiques naturelles qui empêchent la plupart des champignons de pousser dessus.

Vous observerez en premier lieu le mycélium qui se développe doucement sur le substrat durant 2 ou 3 jours, et qu’il s’arrête brutalement lorsque son organisme est saturé de molécules antifongiques.

De plus, certains pellets sont parfois non adaptés aux champignons parce qu’ils contiennent de la colle, des additifs chimiques ou bien encore des antifongiques pour les protéger des moisissures. Regardez bien les étiquettes.

2. Un substrat contaminé

Après la pasteurisation ou la stérilisation, votre substrat est censé être propre, en apparence !

Ils arrivent parfois que tous se déroulent parfaitement durant votre phase d’ensemencement, le mycélium se développe bien et il n’y a aucun problème en vue. Mais à un moment donné, vous ne savez pas pourquoi, le mycélium s’arrête de pousser sur le substrat !

Le trichoderma s'attaque aux substrats riches en carbohydrates, matière qu'il peut facilement consommer
Sac de fructification ayant subit une attaque par Trichoderma spp.

Pour confirmer qu’il s’agit d’un problème de substrat contaminé, c’est très simple : soyez patient. En effet, si 2 à 3 jours après l’arrêt du mycélium vous observez des taches de couleurs sur votre substrat, c’est qu’il y a bien une contamination.

En fait, le mycélium s’arrête de pousser, car certaines bactéries ou moisissures présentes, en quantité suffisante sur le substrat, commencent à produire des molécules qui bloquent le métabolisme du champignon, on peut les comparer à des antifongiques naturels.

Si des bactéries sont présentes après la pasteurisation ou la stérilisation du substrat, cela peut venir généralement de 3 endroits : soit le substrat à une quantité de microorganismes déjà très élevé à la base, donc il faut changer le substrat, mais vous pouvez également essayer d’intensifier votre traitement. Deuxièmement, même si le substrat n’est pas spécialement contaminé, il est possible que le traitement soit trop léger, donc même sentence, augmenter l’intensité du traitement. Et enfin, la troisième source possible, c’est le moment de l’inoculation du mycélium dans le substrat de fructification, qui mérite des conditions d’hygiène plus adaptées.

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3. Un ensemencement peu homogène

Lorsque vous versez votre mycélium sur grain dans le substrat de fructification, les grains servent de véhicules au mycélium pour aller se dispatcher dans le substrat. Certaines espèces sont lentes à coloniser ce substrat.

Si l’ensemencement n’est pas assez homogène, vous observerez tous d’abord des masses de grains par endroit d’où se développera le mycélium du champignon. Si vous avez mélangé de manière hétérogène, il est possible que le mycélium mette un moment avant de recouvrir l’intégralité du substrat. De plus, la masse de mycélium déjà installé depuis un moment va commencer à envoyer des signaux aux extrémités du mycélium pour lui dire d’arrêter de se développer et de commencer à emmagasiner de l’énergie pour la future phase de fructification.

J’ai déjà observé ce phénomène avec des namékos ou encore des shimejis.

Donc, penser bien à homogénéiser du mieux que vous pouvez, le mélange substrat + mycélium. Si le phénomène perdure, vous pouvez aussi augmenter le ratio d’ensemencement.

4. Une mauvaise gestion de l’humidité

L’humidité est l’un des paramètres les plus importants dans le substrat. Il régit l’apport d’eau au mycélium et paradoxalement, sa respiration. En effet, un substrat bien humidifié laissera passer une quantité d’air suffisante pour l’oxygénation du mycélium.

Généralement, on observe plus souvent un surplus d’humidité, qu’un manque d’humidité. Sur les substrats qui ont ce problème, vous pouvez voir dans le fond du sac, de l’eau qui s’est accumulée sous forme d’une espèce de petite flaque. Si c’est votre cas, aucun doute sur un surplus d’eau.

Il arrive que le surplus d’eau soit moins visible, mais vous pouvez quand même observer au niveau du mycélium des filaments plus épais se former. En faites, les cellules du mycélium s’agglutinent sur elle-même, car elles ne peuvent pas aller plus en profondeur dans le substrat saturé en eau.

Je vous recommande environ 60% d’humidité dans un substrat à base de sciure ou de pellet et jusqu’à 70% pour un substrat à base de paille.

5. Une mauvaise température d’incubation

Lors de la phase d’incubation, le mycélium a besoin d’une température adéquate pour coloniser rapidement le substrat.

Après l’ensemencement du substrat et le passage dans l’incubateur, il se peut que votre mycélium ait trop chaud ou trop froid. C’est ce qui explique que vous pouvez observer un arrêt de sa croissance pendant quelque temps.

Le plus souvent, une bonne température d’incubation est comprise entre 20 et 24°C. Si la température descend plus bas, le mycélium se développera moins rapidement, jusqu’à une certaine température où il peut complètement arrêter de se développer. Une température basse, mais non négative ne tuera pas votre mycélium.

Par contre, si la température monte trop haut, il est possible que le substrat subisse le phénomène de thermogénèse. Cela m’est arrivé une fois, lorsque le soleil a tapé un peu trop fort sur une des parois de mon incubateur. La température intérieure est montée à presque 30°C. Je pensais que la température baisserait peu à peu dans la nuit, étant donné que nous étions en hiver. Mais le lendemain, j’ai observé une température toujours à 28°C !

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J’ai ouvert l’incubateur et là, j’ai touché mes substrats, ils étaient très chauds ! En faites, la montée en température à engendrer une réaction enchaine à l’intérieur du substrat. Des bactéries dites thermophiles, qui aiment donc la chaleur, ont commencé à se développer et à dégrader les matériaux du substrat, engendrant encore plus de chaleur.

Bref, le résultat c’est que le mycélium en a pris un sacré coup, et a arrêté de se développer et n’est jamais reparti, surement à cause de la croissance des bactéries qui ont relâché des substances qui lui sont nuisibles, dans le substrat.

Donc attention à la température d’incubation !

6. Une mauvaise génétique de souche

Enfin, il est possible que la souche de mycélium que vous avez cloné soit de mauvaise qualité, tout simplement. Il est propable que cela vienne de votre revendeur, mais c’est cependant très rare.

Les symptômes de ce mal ne sont pas visibles à l’œil nu. Vous pouvez considérer que vous avez ce problème dans le cas ou aucun des autres symptômes de problème que j’ai cité jusque là, ne sont visible. Vous pouvez éventuellement observer une diminution de la qualité génétique de la souche au fur et à mesure que vous la clonez de milieu en milieu.

Comme solution, je vous conseille de changer de souche et si vous souhaitez la garder dans le temps, apprenez à la conserver dans une mycothèque.

Merci d’avoir lu cet article ! Si vous avez des questions ou des remarques en rapport avec « pourquoi votre substrat n’est pas colonisé par le mycélium », laissez-nous un commentaire :).

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2 réponses sur “Pourquoi mon substrat n’est-il pas colonisé par le mycélium ? [6 raisons]”

  1. Ghislain dit :

    Merci pour ces explications, j ai des problèmes de développement en incubation sur des hydre hérisson. C’est très lent je fais copeaux +sciure 50% + granulés de paille +son .Peut-être trop pasteurisé 90° à la vapeur ??ça marche bien avec les pleurotes. Merci de tes lumières
    Ghislain

    1. Bonjour,
      Je pense que votre substrat est correcte ! Et pour la pasteurisation je ne pense pas non plus que le soucis soit là.. Le problème doit venir d’autre part mais je ne peux pas vous en dire plus avec les informations que vous me communiquer…

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