Les spores de champignons sont-elles des graines de champignons ?

Une réponse courte serait.. non ! Les spores de champignons ne sont pas vraiment des graines de champignon. Une spore serait plutôt une moitié de graine de champignons. Et une graine de champignon n’a pas vraiment la forme du graine, elle est plutôt longue, filamenteuse, et on l’appelle un mycélium. Il est important pour tout myciculteur, même débutant, de comprendre ces différences fondamentales entres les spores de champignons et les graines de champignons, que l’on nomme finalement le mycélium.

Dans cet article vous apprendrez :

• L’importance de la différence spores de champignons et graines de champignons
• Comment les spores de champignons deviennent des graines de champignons ?
• Utilisation des spores de champignons en myciculture
• Utilisation des graines de champignons en myciculture

L’importance de la différence entre les spores de champignons et les « vraies » graines de champignons en myciculture

Pourquoi c’est important ?

Dans le cadre de la myciculture amateur ( et surtout professionnelle ) il est important de comprendre la différence entre ces deux types d’états du champignons. Ces connaissances vous permettront de faire vos expériences avec le plus de logique possible et de compréhension pour avoir du recul sur vos réussites ou vos éventuels échecs.

Pour expliquer la différence entre les spores et les graines de champignons, j’aime bien faire une métaphore avec les plantes potagères.

Prenons un pied de tomate coeur de boeuf et une souche de pleurote rose.

Les spores de champignons sont représentées, chez le pied de tomate, par ce que l’on appelle le pollen ( l’équivalent des spermatozoïdes chez les hommes ) et l’ovule ( analogue à l’ovule chez la femme ). Chez les champignons, les spores n’ont pas vraiment de sexe, on dit qu’elles sont polarisées + et polarisées – .

Les graines de champignons sont donc représentées, chez le pied de tomate, par .. les graines de tomates ! Mais encore me direz-vous ? En effet, les graines de champignons ne sont pas réellement « des graines » au sens botanique du terme. Lors de la fécondation du pollen et de l’ovule chez la plante, la structure qui naît de cette fécondation est dure et ronde, c’est bien une graine. Chez le champignons, la fécondation de deux spores donne naissance à ce que l’on appelle un mycélium. Le mycélium n’a cependant pas de structure de résistance propre comme une graine de plantes, mais il en a les mêmes caractéristiques, génétiquement parlant. Le mycélium peut produire des champignons, comme la graine de tomate peut donner des tomates.

C’est donc le mycélium que l’on nomme communément « graines de champignons ».

La tomate, elle, le fruit que l’on consomme serait par analogie, chez le champignon, le carpophore, aussi appelé la fructification.

Savoir ce que l’on achète pour savoir ce que l’on fait

En myciculture, l’utilisation des graines de champignons, que l’on appelle donc le mycélium, est facile à utiliser pour les amateurs ( mais également les professionnels ). En les mélangeant à des matières organiques on peut facilement fabriquer un substrat de fructification pour obtenir des champignons à manger. On peut également facilement le multiplier par clonage pour augmenter la masse de matière biologique qui servira à ensemencer davantage de substrat.

Si vous souhaitez cultiver les champignons, recherchez alors plutôt du mycélium de champignons.

Les spores sont également utilisables en myciculture, mais leur fonction est un peu différente. On les recueille généralement pour les faire germer dans un premier temps, sur une gélose, qui est un milieu de culture de laboratoire. Une fois les spores germés, plusieurs mycéliums sont créés ( je vous rappelle que pour créer un mycélium, il faut basiquement 2 spores ). Ces mycéliums sont généralement isolés, puis répliqués dans un but de sélection de souches ou bien directement de culture.

Il est donc possible évidemment de créer du mycélium avec des spores, mais il y aura alors une étape supplémentaire consistant à faire germer les spores, avant d’attendre le stade de mycélium. Certaines personnes produisent directement leurs mycélium sur grains à partir de partir de spores, mais c’est une pratique, qui pour moi n’est pas idéale.

Comprenez bien, que vous allez cultiver plusieurs souches de mycélium dans le même substrat, et qu’il peut avoir y avoir des interactions entre ces différents mycéliums, notamment s’ils ne se reconnaissent pas comme un seul et même individu. De plus vous n’êtes pas sûr de la qualité des souches qui seront créées. Alors que si vous achetez une souche chez un myciculteur, celle-ci est déjà sélectionnée pour être de qualité.

Mais si vous souhaitez créer des variétés de champignons, recherchez ou récupérez alors plutôt des spores de champignons.

Comprendre la différence entre les spores de champignons et les graines de champignons

Comment les spores de champignons deviennent des graines de champignons?

Après la maturation du champignons, les spores sont alors relâchées dans la nature. Elles se déplacent généralement avec l’aide du vent, on appelle ce type de dispersion, l’anémochorie. Elles peuvent également être déplacées par des insectes gourmands de champignons, on appelle alors ce mode de dissémination, l’entomochorie.

Une fois les spores ayant atteint un nouveau lieu à coloniser, celles-ci doivent être en présence d’un peu de nutriments et d’eau pour pouvoir germer. Une fois germée, la spore crée ce que l’on appelle un mycélium primaire. Ce mycélium primaire va partir à la recherche d’un autre mycélium primaire pour s’appareiller. Il faut bien évidemment que celui-ci soit polarisé de manière différente ( + ou – ).

Une fois que les deux mycéliums primaires se sont liés, ils forment alors un mycélium secondaire. C’est ce mycélium secondaire que nous appelons communément graines de champignons.

Une fois en contact avec un substrat adapté, ces graines de champignons le coloniseront, formant une masse mycéliale qui fructifiera par la suite, selon les différents paramètres de culture à appliquer à la souche.

Utilisation en myciculture des spores de champignons

Les spores de champignons sont habituellement utilisées avec les techniques suivantes :

• Inoculation en masse d’un substrat, d’un lieu ou d’un jardin : Cette technique utilise un très grand nombre de spores d’une espèce ou parfois d’espèces différentes. Elle consiste à créer un genre de bouillon à base d’eau pour faire germer primairement les spores à l’intérieur et puis disperser par la suite ce bouillon dans le lieu à ensemencer. Elle est notamment utilisée en mycoremédiation. Si vous connaissez un myciculteur, vous pouvez récupérer un grand nombre de spores qui se seront déposées dans ses conduits de ventilations, au fur et à mesure de ses cultures.
  
• Création de nouvelles souches : Si vous souhaitez créer et sélectionner de nouvelles souches de champignons, vous ne pourrez pas le faire à partir de mycélium. Le mycélium est un organisme qui ne varie pas génétiquement. Au cours de sa vie, il fructifiera toujours avec la même forme, à la même température, avec le même rendement etc.. Jusqu’à sa dégénérescence, mais c’est une autre histoire..
  L’utilisation de spore permet de créer de la diversité génétique. Les champignons produisent de millions, voire des milliards de spores pour certaines espèces. Chaque spore contient des caractéristiques génétiques légèrement différentes les une des autres. Lors de l’appariement de deux spores, un nouvel individu champignon unique est créé.
  C’est donc à partir de ces spores que vous allez pouvoir créer de nouvelles espèces, plus productives, résistances à la chaleur ou bien simplement plus adaptées à vos conditions de culture.

Utilisation en myciculture des graines de champignons

Les graines de champignons, ou mycélium, sont principalement utilisées pour faire du clonage :

Le clonage de mycélium est une technique très populaire consistant à utiliser du mycélium déjà existant pour en augmenter le volume. Généralement on utilise un mycélium G1 ( soit la première génération ) pour créer des générations G2 voir même G3. Sachant qu’un volume de mycélium peut être répliqué par un facteur de 10, vous pouvez passer d’un bocal de mycélium G1 à 100 bocaux de mycélium G3 !
Ils peuvent ensuite être utilisés pour ensemencer différents substrats pour la culture en intérieur, en extérieur ou encore en mycoremédiation.

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