La durée de vie du mycélium est-elle éternelle ?

Dans cet article, nous nous intéresserons à la durée de vie du mycélium, élément clé de la conservation des souches pour la culture des champignons. En effet ,pour réussir dans cette activité, il est essentiel de bien comprendre la biologie des champignons, en particulier la durée de vie du mycélium, qui joue un rôle crucial dans la qualité de la production. Dans cet article, nous aborderons le phénomène de vieillissement du mycélium et les stratégies pour y faire face, afin d’optimiser vos cultures des champignons !

Le phénomène de vieillissement du mycélium

Tous les êtres vivant issus d’une reproduction sexuée, moi, vous, les champignons finissons par vieillir.

En effet, lorsque l’on a conservé une souche de mycélium pendant de nombreuses années, transfert après transfert, il arrive que celle-ci produise des champignons aux formes bizarres, ou bien que sa vitesse de colonisation baisse ou pire encore, que la souche deviennent non fructifiante.

Mais alors, à quoi sont dus ces phénomènes ?

Ces phénomènes de pertes de vitalité et de caractères sont connus sous le nom de sénescence. C’est le processus biologique de vieillissement qui se produit chez tous les organismes vivants, incluant les champignons.

En effet, des processus naturels comme le vieillissement cellulaire affectent également le mycélium. Au fil du temps, les cellules du mycélium subissent des modifications chimiques et structurelles qui peuvent altérer leur fonctionnement et leur capacité à se reproduire.

La génétique joue également un rôle important dans le vieillissement du mycélium. Certains gènes peuvent influencer la durée de vie des souches de champignons en régulant des processus tels que le métabolisme énergétique, la résistance au stress environnemental et la réparation de l’ADN.

En parlant de la réparation de l’ADN, penchons-nous sur un phénomène bien connu de la science aujourd’hui : le raccourcissement des télomères.

Alors, commençons par parler des chromosomes pour y voir plus clair. Les chromosomes sont de longues molécules d’ADN qui contiennent les informations génétiques d’un organisme. Ils sont présents dans le noyau de la cellule et jouent un rôle crucial dans la division cellulaire et la transmission de l’information.

Les chromosomes sont protégés par des enzymes, que l’on appelle télomérase et qui préservent donc les extrémités que l’on appelle donc télomères. Les télomérases permettent aux cellules de se diviser sans perdre d’informations génétiques. Cependant, avec le temps et les divisions cellulaires répétées, les télomères se raccourcissent, la protection diminue, ce qui entraîne un vieillissement cellulaire, des pertes de caractères génétiques pour vos souches et donc potentiellement une réduction de leur productivité et de leur durée de vie.

Mais il existe certains organismes comme les méduses immortelles, de nom scientifique Turritopsis dohrnii qui sont connues pour leur capacité unique à réinitialiser la longueur de leurs télomères et donc d’inverser leur cycle de vie et de passer de l’âge adulte à l’état juvénile. Cette capacité leur permet de potentiellement vivre éternellement, bien que cela ne soit pas encore prouvé de manière scientifique.

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Les souches de mycélium ne sont pas éternels à cause de la durée de vie de leur télomérase
Illustration d’une espèce de mycélium croisée avec une méduse immortelle

Peut-être qu’un jour, les recherches nous relèveront une souche de champignons que nous pourrons conserver, éternellement, par clonage, à travers des générations familiales de myciculteurs !

Les facteurs de sénescence

Sachez tous d’abord que vous pouvez garder quelques temps quand même une souche de champignons, uniquement en pratiquant le clonage intergénérationnel (reproduction asexuée). Un exemple de ce que j’entends par là : pour une culture de pleurote, vous avez par exemple commencé avec une culture liquide, puis faire du grain, puis un substrat qui va fructifier et ensuite cloner le champignon frais résultant de cette culture pour refaire un cycle de culture.

Lorsque vous pratiquez donc le clonage intergénérationnel, plusieurs facteurs externes et internes peuvent contribuer au vieillissement du mycélium.

  • Conditions environnementales : La température, l’humidité, l’air frais et la lumière sont des facteurs clés pour assurer la croissance optimale du mycélium. Des conditions inappropriées peuvent affaiblir les souches de champignons et réduire leur durée de vie.
  • Disponibilité des nutriments : La qualité et la quantité des nutriments présents dans le milieu de culture sont essentielles pour la croissance du mycélium. Un apport insuffisant ou déséquilibré en nutriments peut limiter la vigueur et la longévité des souches de mycélium. Donc, donnez de la bonne nourriture à vos souches.
  • Contamination par des micro-organismes indésirables : La présence de bactéries, moisissures ou autres parasites peut entraîner la dégradation et la mort du mycélium. Il est donc crucial de maintenir un environnement propre et stérile pour éviter toute contamination durant les transferts.
  • Génétique de la souche : Certaines souches de champignons sont plus résistantes et vigoureuses que d’autres. La longévité des souches de mycélium dépend donc également de leur patrimoine génétique comme expliqué précédemment. Si vous comptez conserver vos souches par clonage intergénérationnel, choisissez vraiment une bonne souche, chez un bon producteur, qui durera dans le temps.
  • Stress environnemental : Un stress excessif, qu’il soit dû à des changements brusques de température, d’humidité ou à l’exposition à des agents chimiques, peut également nuire à la longévité des souches de champignons.
  • Techniques de culture : La maîtrise des techniques de culture, comme le clonage, l’inoculation ou encore l’isolation influence directement la longévité des souches.
Le mycélium a besoin d'un environnement propice pour vieillir le moins possible
Un paysage imaginaire frais et humide remplit de mycélium

Comment faire face au vieillissement du mycélium ?

Globalement, il y a deux grandes méthodes pour faire face à la durée de vie limitée du mycélium.

Conservation des souches à long terme

Tous d’abord, les souches doivent être gardées sous forme de « souche mère » c’est-à-dire une culture unique sur laquelle on vient prélever un fragment de mycélium à chaque nouveau cycle de culture. Ainsi le nombre de divisions cellulaires est limité, vu que l’on repart de la même base génétique saine.

En effet, limiter le nombre de divisions cellulaires est essentiel pour prévenir le vieillissement prématuré du mycélium. C’est pour cela qu’il est recommandé de minimiser les transferts et les sous-cultures.

Pour préserver la génétique des souches de champignons et maintenir leur durée de vie, il est important de conserver les cultures mères à long terme dans des conditions optimales. Les techniques de conservation incluent la cryoconservation et plus couramment, le stockage à basse température, au frigo par exemple.

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La reproduction sexuée pour repartir sur de bonnes bases génétiques

La reproduction sexuée est un moyen efficace de régénérer les souches de mycélium et d’assurer une diversité génétique. En repartant d’une culture de spore, nous permettons le brassage des gènes, la formation de nouvelles combinaisons génétiques et donc de nouvelles jeunes souches.

Il peut être intéressant d’intégrer la reproduction sexuée dans ces pratiques de culture, finalement, non pas pour optimiser la durée de vie du mycélium, mais plutôt pour lui donner littéralement une nouvelle vie. Cependant, les souches créées devraient être testées, car leurs génétiques seront diverses, puis sélectionnées avant d’être complètement réintroduites dans le processus de culture.

Le mycélium peut voir sa durée de vie réinitialisé si on créer à partir de spore.
Une illustration d’un mycélium extrêmement vivace recouvrant tout sur son passage

Conclusion

Comprendre et gérer le vieillissement du mycélium est essentiel pour optimiser la culture des champignons comestibles et médicinaux. En prenant en compte les facteurs génétiques, environnementaux et internes qui influencent la durée de vie du mycélium, et en adoptant des stratégies telles que la conservation des souches à long terme, la limitation des divisions cellulaires et la reproduction sexuée, il est possible de prolonger la durée de vie des souches de mycélium et d’améliorer la productivité des cultures de champignons.

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