Épisode 1: Le mycélium: les sources de la vie

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Le podcast  » Fantastique Champignon » est également écrit sous forme d’article. Il est inspiré et traduit du livre « Fantastic Fungi » édité par le célèbre mycologue, Paul Stamets, avec la contribution d’expert mondialement reconnus dans les domaines de la mycologie.

Dans ce premier épisode, nous allons parler de mycélium, dans un récit de Suzanne Simard, professeur d’écologie des forêts à l’université de Colombie Britannique, département de la conservation des forêts, à Vancouver.

Le troisième Royaume : le royaume du mycélium

Le troisième royaume, après celui des animaux et des végétaux, est celui des champignons. C’est un royaume de mystère et la vie sur terre dépends peut être des secrets qu’il contient. A un moment où les solutions pour sauver notre planète se font de plus en plus pressentent et semble plus nécessaires que jamais, le sol, sous nos pieds pourrait bien apporter les réponses tissées par le mycéliums.

Des scientifiques et des chercheurs du monde entier, présents dans les universités et inspirés par leur passion pour la planète, sont en train de découvrir un réseau interconnecté d’organismes révélant une nouvelle histoire, de la faculté de la terre à se soigner elle même. L’intelligence innée de ces réseaux – le résultat de millions d’années d’évolution – à beaucoup à nous apprendre.

Des champignons dégradent une souches d'arbres
Les champignons sont les premiers organismes vivant à s’installer sur les végétaux morts.

Ce qui se passe sous un sol forestier est aussi intéressant, et important que ce qui se passe à sa surface! Un vibrant réseau de fils quasiment microscopique est entrain de recycler l’air, le sol et l’eau dans un balance cyclique inépuisable. Les survivants seront les plus agiles, mais aussi les plus collectifs.

Imaginez une bûche qui a un jour été un arbre. Peut être est-il mort à un âge avancé? Peut être est il mort à cause de maladie?
Lorsque c’est le cas, les champignons se diffusent peu à peu dans la bûche, en partant du sol ou d’une spore déposée par les vents, et commencent donc à décomposer le tronc.

Ces champignons font partis d’un vaste réseau souterrain, appeler le myco-reseau. Il est composé de fils très fin, à la manière d’une toile d’araignée, que l’on nommes les hyphes. Le long de ces milliers de kilomètres de myco-reseau qui occupent cette grosse buche, le mycélium, propre à chaque champignons, relâche des enzymes et des acides organiques qui fragmentent la lignine dans les parois des cellules du bois, c’est ce qui donne à l’arbre sa structure et sa solidité.

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Dans un processus de dégradation, le bois relâche des nutriments. Ces nutriments deviennent assimilables par les autres organismes du myco-réseau forestier, incluant les champignons, qui distribuent les nutriments à travers leur mycélium. Après de nombreuses péripéties, ce réseau s’exprime à la surface sous forme de carpophore, que l’on nomme communément le chapeau. C’est la structure reproductive du champignon. Le carpophore représente littéralement la parti émergée de l’iceberg.

Quand vous voyez des champignons, il y a enfaite un vaste réseau en dessous de vous. Environ 10% des champignons seulement produisent des carpophores, le fruit du champignon. Quand vous récoltez un champignon, vous êtes debout sur un réseau de mycélium qui se développe sous absolument tous vos pas.

le carpophore est la parti émergé du mycélium souterrain !
Le carpophore des champignons est littéralement la partie émergée de l’iceberg !

Ces réseaux sont les fondations de la vie. Ils créaient le sol qui nourrit toute la vie sur terre. Sans champignons, nous n’avons pas de sol. Sans sol il n’y a pas de vie.

Sans ce processus, la planète étoufferait. Les forêts seraient de la pourriture organique à des kilomètres à l’intérieur de leurs lisières. La seule raison pour laquelle nous pouvons marcher sous les arbres, c’est parce que des centaines d’espèces de champignons décomposent les détritus de matière organique dans la forêt.

Quand la bûche commence à pourrir et à relâcher ces nutriments, d’autres organismes comme les nématodes ou les mites prennent place à l’intérieur et commencent à consommer le mycélium de champignon, de petits bouts de bois et d’autres matières organiques qu’ils finissent par excréter.

Ensuite, d’autres organismes comme les criquets ou les araignées mangent les nématodes et les mites, puis d’autres créatures mangent les araignées et les criquets et ainsi de suite, la chaine alimentaire s’élève vers des organismes de plus en plus gros. Même les champignons deviennent de la nourriture pour les écureuils ou les renards, peut-être même les ours. Et puis tout revient pour les champignons décomposeurs originels. Quand chaque organismes atteint la fin de sa vie, ils retournent au sol, et continus dans la matière, reconstituant le cycle.

Cet arbre retourne peu à peu au sol grâce au mycélium et aux organismes, que ce dernier nourrit.

Dans chaque écosystème, la mort et la pourriture sont le commencement fondamental de la vie. Si une forêt ne se développe pas à travers ce processus, elle ne peut pas se régénérer. Les grands arbres couronnés ne laisseraient pas dans leurs lacunes, la place aux plus jeunes. Ces grands arbres absorbent toute l’eau, la lumière et les nutriments. Les décomposeurs comme les champignons sont fondamental dans ce processus de régénération. Ils sont le bloc de constructions des écosystèmes, la point de départ fondamental pour faire pousser une forêt.

L’arbre mère et les champignons partenaires

Les forêts sont des endroits extrêmement complexes avec des arbres de toutes tailles, de compositions variétales différentes, en fonction du type de forêt.
Il y a des petits arbres provenant d’une strate inférieur, et, dans la strate supérieur, il y a les grands arbres, assurant la fabrication de graines pour faire perdurer la diversité de la forêt et pérenniser sa santé.

Nous appelons le plus grand et le plus vielles arbres de la forêt, l’arbre Mère, car celui-ci, à travers le sol ,est connecté à tous les autres arbres l’entourant, par ce que nous appelons les mycorhizes, appartenant à certains champignons.

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le plus grand et le plus vielle arbre à un lien puissant avec le mycélium des champignons
L’arbre mère à le plus grand nombre de racine, donc de mycorhizes avec les champignons, donc de lien avec les arbres avoisinants.

Une mycorhize de champignon est une sorte organe qui permet une symbiose avec les racines des arbres. Elles enveloppent les particules du sol et y extraient les nutriments et l’eau qu’elles envoient jusque dans les racines de l’arbre. En retour de cette précieuse nourriture, l’arbre donne au champignon des sucres dont il a besoin pour survivre. Ces sucres sont fabriqués à partir du carbone que l’arbre a accumulé au travers de la photosynthèse.

Le changement climatique est le résultat d’une accumulation des gazes à effet de serre dans l’atmosphère, et le CO2 en est le plus responsable. Le dioxyde de carbone est aussi ce que les plantes utilisent pour leur photosynthèse. Elles stockent le carbone à différents endroits de leur anatomie, comme les feuilles ou le tronc. Mais nous savons maintenant que plus de 70% de ce carbone est stocké en bas, dans le sol.

Pour en savoir plus je vous invite à lire l’étude de Ontl, T. A. & Schulte, L. A. (2012) Soil Carbon Storage.

En premier lieu, il est stocké dans les cellules des plantes, jusqu’à ce qu’il soit échangé avec les champignons contre des nutriments via les échanges myco-racinaires. Une fois que le carbone sous forme de sucre à été absorbé par le champignon, il est stable et peut rester dans le sol des centaines d’années! Aussi surprenant que cela puisse paraitre, une fois que le mycélium meurt, le carbone reste dans le sol, construisant une réserve de carbone pour le futur.

Ces mycorhizes de champignons forment donc un réseau de fils qui lie les arbres voisinant et les connecte tous, peut importe les espèces, un peu comme les humains communiquant avec leurs différents périphériques internet.

Le plus grand et le plus vielle arbre, l’arbre Mère, a le plus grand système racinaire, le plus grand nombre de connexions avec les champignons, et donc le plus grand nombre de connexions avec les arbres.

Nous pensons toujours que la reconnaissance ou l’identification de la progéniture sont des caractéristiques spécifiques aux comportements des animaux. Mais des recherches ressentes ont montrées que, cette arbre Mère, pouvait reconnaitre leurs propres progénitures semées sur le sol, à travers le réseau de mycorhizes, par l’intermédiaire du carbone. Le carbone est leur langage universelle. L’arbre le plus fort soutient le plus faible en régulant le flux de carbone établit entre eux.

L’arbre Mère peut savoir quand il y a des ravageurs à proximités et que sa descendance est en danger. Il augmente alors la compétitivité de son environnement. Un bon exemple est Leucaena leucophala, connu communément sous le nom du faux-mimosa, natif du Sud du Mexique et du Centre Nord des Amériques. Quand il perçoit une espèce compétitive, il relâche dans le sol une substance chimique qui stoppe la croissance des plantes concurrentes. C’est un phénomène quasiment magique, qui ne peut pas arriver sans les champignons!

Les arbres et le mycélium ne font t'ils qu'un ?
La forêt.. des organismes..? un organisme..?

Pour en savoir plus je vous invite à lire l’étude de Monika A. Gorzelak, 2015, Inter-plant communication through mycorrhizal networks.

Les scientifiques ont été obsédés par la compétition et la survie depuis que Charles Darwin a proposé la théorie de la sélection naturel. D’une certaine manière, notre propre perception de la compétition se construit dans votre relation aux autres et influence donc notre vision du monde. Nous tendons vers l’individuation, qui est pratique pour mettre en œuvre des systèmes simples. Nous la pratiquons d’ailleurs dans la Sylviculture, l’Agriculture et la pèche. Mais les gens ont besoin d’interactions variées au sein de leurs environnements pour s’épanouir. Comme les organismes en forêt! La coopération qui existe aux seins de la forêt est tout aussi importante que la compétition, ce qui permet d’ajuster les échanges et les menaces dans l’environnement.

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Nous avons toujours pensés que les plantes, les arbres et les champignons étaient des objets plus ou moins inertes qui n’interagissaient pas entre eux, qui n’évoluaient pas avec une certaine finesse. Mais les recherches nous montre qu‘ils ont besoin des uns et des autres pour partager l’énergie et grandir comme un seul être. Tu fais ça, je fais ça, et ensemble nous prospèrerons. Cela nous donne un espoir incroyable. La nature veut se soigner elle même, même lorsque nous créons des espace de sol nus et désertiques, les plantes y poussent. Elles veulent être ici. Elles germent et commencent à faire leur vies, tranquillement. Donc en maintenant et protégeant les plantes, les forêts, le mycélium du réseau des champignons, nous aidons à créer une communauté belle et résiliente qui est aussi un ingénieur naturel pour restaurer et maintenir une planète soutenable.

Et vous? Saviez-vous que les champignons étaient aussi utiles en forêt ? Dites-nous en commentaire ce que vous avez pensé de cet épisode ! 🙂

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